La Chronique Agora

+1,7% pour le PIB US… Vous appelez ça de la croissance ?

Inflation

▪ Nous sommes revenu à Baltimore à temps pour la Grande Lessive. Un ouragan majeur approche de nos côtes. Le ciel était gris ce week-end. Le vent soufflait de plus en plus fort. Les gens sont sortis pour s’approvisionner en produits de première nécessité — eau, médicaments, alcool. On nous a conseillé de nettoyer nos gouttières et de nous préparer à de la pluie — beaucoup de pluie.

Avant la tempête, nous sommes allé à une fête d’Halloween en Virginie du Nord. Nous n’avions guère de temps pour trouver un costume, de sorte que nous avons juste mis un béret et une écharpe, et avons laissé notre fille nous dessiner une moustache au crayon. Qui étions-nous censé être ? Un Français louche ? Un réalisateur de cinéma des années 40 ? Errol Flynn ? Personne ne semblait le savoir ; nous non plus.

Certains déguisements étaient étonnants. Un homme était en robot. Un autre était en costume trois-pièces, mais peint en gris métallique de la tête aux pieds… Il y avait abondance de princesses et de sorcières — et tout un groupe de scarabées.

La fête se déroulait dans un champ ; environ 500 personnes s’y trouvaient déjà quand nous sommes arrivé. Les organisateurs avaient construit un Stonehenge miniature dans le comté de Rappahannock, en Virginie. Une petite troupe de théâtre donnait une représentation au milieu des pierres. Les comédiens avaient de grands masques et d’étranges costumes très élaborés… Un orchestre d’instruments exotiques les accompagnait, dont un homme avec un didgeridoo aborigène. La pièce contait l’histoire du monde moderne et de ses problèmes. Les personnages principaux étaient les trois Parques… qui affrontaient des multinationales, des graines génétiquement modifiées, des politiciens corrompus, Wall Street, le réchauffement climatique et ainsi de suite. C’était un cocktail mêlant 10% de traits d’esprit, 10% de sagesse et 80% de n’importe quoi… mais pourquoi pas ?

Puis les Parques ont réuni toutes les personnes vertueuses… et tous les animaux… dans une grande arche. Ils sont partis voguer vers un monde meilleur… laissant les méchants à leur destin.

Une fois la pièce finie, il y a eu de la musique et un bal parmi les « menhirs ». Un grand feu de joie a été allumé sur lequel se trouvaient des effigies du néo-conservateur Richard Perle et de Jamie Dimon (le bankster). Les flammes étaient chaudes. La foule s’est reculée.

Une « sorcière », que nous avions déjà rencontrée un an auparavant, a fait un long discours. Très amusant. Elle lisait dans les étoiles. Elle parlait de Mercure ascendant… de Venus descendante… et disait que le Grand tricheur nous réservait sans doute un avenir improbable.

« Vous voulez savoir qui va gagner les élections américaines ? », a-t-elle demandé. « Les étoiles peuvent vous le dire »…

Peut-être… mais elles ne l’ont pas fait. Pas samedi soir. Elles attendront le soir de l’élection pour se prononcer.

▪ De la croissance… ça ?
Pendant ce temps, dans le monde de la finance, il ne se passe pas grand-chose — mais la pression est énorme cette semaine. Si le marché craque, Romney a de meilleures chances de gagner la Maison Blanche. Si les cours grimpent, Obama pourrait avoir quatre ans de plus.

L’équipe Obama a fêté les dernières nouvelles du PIB la semaine dernière. L’économie américaine s’est développée plus que prévu au troisième trimestre. On en est désormais à 1,7% de croissance pour l’année.

Attendez une minute. Comme le dit le Wall Street Journal, « nous avons emprunté 5 000 milliards de dollars, et tout ce qu’on a eu en retour, c’est ce minable 1,7% de croissance ? »

C’est pire que ça. Sur le troisième trimestre, au moins un tiers de la croissance peut être attribué aux dépenses gouvernementales — qui ont augmenté de 9,6%. Si l’on retire cela, le secteur privé se développe au rythme de 1,3%.

La presse décrit ça comme « une reprise fragile ». Mais ce n’est pas du tout une reprise. C’est une escroquerie. La population américaine se développe au rythme de 0,9%. De sorte que la croissance per capita est en réalité de 0,4%.

C’est là un chiffre qui a déjà été faussé par des « ajustements » saisonniers, qualitatifs, de substitution et ainsi de suite, qui le rendent parfaitement dépourvu de toute signification. En d’autres termes, les chiffres du PIB sont englués dans une telle mélasse qu’on a des caries rien qu’en les regardant. Et en fin de compte, ils ne vous disent absolument rien qui vaille la peine d’être connu. En fait, ils vous induisent en erreur… de sorte que vous pensez savoir quelque chose alors que ce n’est pas du tout le cas. En d’autres termes… ils ont un contenu informatif négatif.

C’est bien le problème avec ce triste métier. Nous parlons de notre triste métier — expliquer… et tenter de comprendre… le monde de l’argent en cette Ere du Viagra. Tout ce qui peut exciter les consommateurs est apparemment une bonne chose. Tout ce qui les fait reprendre leurs esprits… les décourage de dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas pour des choses dont ils n’ont pas besoin… est mauvais.

Comment est-il possible, cher lecteur, que s’endetter plus lourdement soit une bonne chose ? Comment la véritable richesse, la véritable prospérité, pourraient-elles se construire sur la base d’une dette plus grande ? Comment les gens pourraient-ils se trouver mieux alors qu’en fait ils s’appauvrissent ? Quel genre de reprise mène les ménages à répéter les erreurs commises durant les années de bulle ?

Ah… très bonne question, merci de l’avoir posée.

Rendez-vous demain… pour plus d’explications sur le fait que les économistes et les politiciens sont des crétins !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile