La Chronique Agora

Pétrodollar : la fin de l’accord entre les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite

L’accord historique entre les USA et l’Arabie saoudite a expiré le 9 juin, selon certaines informations…

Les Etats-Unis se dressent comme un colosse sur un monde de plus en plus glissant.

L’accord historique entre les USA et l’Arabie saoudite a expiré. Il s’agit de l’accord conclu dans les années 1970 par l’extraordinaire trader en obligations de Wall Street, William Simon. En substance, il résolvait deux problèmes à la fois – l’un pour les Etats-Unis, l’autre pour les Saoudiens.

Les Etats-Unis avaient besoin d’exporter des dollars. Les Saoudiens avaient besoin d’exporter du pétrole. L’accord stipulait que si vous vouliez acheter du pétrole saoudien, vous deviez payer en dollars. Ensuite, les Saoudiens pouvaient immédiatement les échanger contre des bons du Trésor américain.

Mais il y avait un autre point important dans cet accord…

Les Etats-Unis assureraient la « sécurité » du gouvernement saoudien.

Et voilà ! Un « enchevêtrement étranger » comme ceux contre lesquels les pères fondateurs nous avaient mis en garde.

L’accord sur les pétrodollars, formalisé après la crise pétrolière de 1973, stipulait que l’Arabie saoudite fixerait le prix de ses exportations de pétrole exclusivement en dollars américains et investirait ses recettes pétrolières excédentaires dans des bons du Trésor américain. En retour, les Etats-Unis fournissaient un soutien militaire et une protection au royaume. Les Etats-Unis y trouvaient une source stable de pétrole et un marché captif pour leur dette, tandis que l’Arabie saoudite assurait sa sécurité économique et générale.

L’accord était secret. Les Saoudiens ne voulaient pas que le reste du monde arabe sache à quel point ils travaillaient en étroite collaboration avec l’allié d’Israël, les Etats-Unis. Aujourd’hui encore, les « fact checkers » affirment que l’accord est une fake news, que rien d’officiel n’a jamais été signé pour obliger les Saoudiens à ne vendre leur pétrole qu’en dollars.

Qu’ils soient formels ou informels, les termes réels de la relation entre les deux pays ont été cachés au public pendant plus de 40 ans. Mais c’est en partie à cause de cet accord que les Etats-Unis ont attaqué l’Irak plutôt que l’Arabie saoudite, après le 11 septembre 2001. Les auteurs des attentats étaient presque tous des Saoudiens, et non des Irakiens. Mais l’Arabie saoudite était l’un des principaux détenteurs de la dette américaine et bénéficiait d’un statut spécial.

Cet accord a expiré le 9 juin, selon certaines informations.

Déclin de l’Occident

Hier, nous avons donné notre avis sur les deux principaux candidats à la Maison-Blanche, qui sont aussi peu qualifiés l’un que l’autre pour le poste… mais parfaits pour le grand défi politique qui les attend.

Nous pensons que le « déclin de l’Occident » a commencé à la fin des années 1990.

En 1999, vous auriez pu vendre les 30 actions de l’indice Dow et obtenir suffisamment d’argent pour acheter 41 onces d’or. Aujourd’hui, vous n’en obtiendrez que 17. En d’autres termes, la valeur réelle (mesurée en or) des principales entreprises américaines a été plus que divisée par deux. C’est un signe de déclin. Ce n’est pas définitif… mais c’est une indication.

En 1999, les Etats-Unis et leurs alliés étaient au sommet du monde. Le pays le plus riche du monde. Le plus admiré. Avec la meilleure technologie. La culture la plus « cool ». Les Etats-Unis avaient un budget équilibré. Et, à l’exception du bombardement de la Serbie, ils étaient plus ou moins en paix. L’Union soviétique avait récemment abandonné, laissant l’Occident sans rival.

C’est à ce moment improbable que les Etats-Unis ont perdu pied.

Les lobbyistes de l’élite de la puissance de feu ont pris le contrôle du Congrès. L’équilibre budgétaire et la paix sont devenues des choses du passé…

En 1999, les États-Unis devaient 5,6 billions de dollars. C’est beaucoup d’argent. Mais c’était encore gérable. Aujourd’hui, leur dette s’élève à 35 000 milliards de dollars. Une grande partie de cette dette – un total de près de 100 000 milliards de dollars, publics et privés – ne peut être remboursée. Au contraire, elle et la richesse fictive qu’elle représente disparaîtront au fur et à mesure que le cycle du crédit suivra son cours.

La nature est faite d’une multitude de modèles. Une fois à la tête du monde, un hégémon doit trouver les dirigeants infortunés et sans espoir qui l’aideront à glisser vers la chute. Les Etats-Unis les ont trouvés. Ni Biden ni Trump ne réduiront les dépenses. Ni l’un ni l’autre ne voudra renoncer au titre de nation alpha mondiale. Ni l’un ni l’autre ne veut restreindre l’industrie de la puissance de feu ou briser l’emprise des fauteurs de guerre sur le Congrès.

Nous ne savons pas quelle sera l’importance de la fin de l’accord avec l’Arabie saoudite à court terme. En pratique, les marchés pétroliers mondiaux fonctionnent en dollars. Les acheteurs et les vendeurs disposent de dollars et savent qu’ils peuvent facilement les convertir en n’importe quel autre actif.

Mais la chute est en cours. Voici un extrait d’un article de Responsible Statecraft :

« L’opinion mondiale sur les Etats-Unis se dégrade

Tirée vers le bas en grande partie par la désapprobation de la position américaine sur la guerre de Gaza, l’image des Etats-Unis à l’étranger s’est dégradée au cours de l’année écoulée, selon un nouveau sondage de l’opinion publique dans 34 pays, publié mardi par le Pew Research Center.

L’enquête, la dernière d’une série annuelle qui remonte à plus de vingt ans, a également révélé que la confiance internationale dans la démocratie américaine a chuté. Sur plus de 40 000 personnes interrogées, quatre sur dix en moyenne ont déclaré que la démocratie américaine était autrefois un bon modèle à suivre pour les autres pays, mais qu’elle ne l’est plus aujourd’hui. C’est dans les dix pays européens couverts par le sondage que cette opinion est la plus prononcée. » 

Quand on a l’arme à la main, on ne se soucie pas forcément de ce que les autres pensent de nous. Mais si la nation alpha pouvait rester éternellement aux commandes, nous ferions peut-être partie de l’Empire romain, et non de l’empire américain.

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