La Chronique Agora

Des partenaires idéologiques douteux dans le débat sur Gaza

De nombreux étudiants protestataires s’associent à des forces très sombres.

Les manifestations des étudiants américains semblent être un signal d’alarme ; il ne fait aucun doute que les étudiants qui protestent contre l’action militaire d’Israël contre le Hamas à Gaza se soucient sincèrement du sort des civils palestiniens pris en otage par le Hamas en tant que boucliers humains.

Cependant, il est indéniable que de nombreux étudiants protestataires s’associent à des forces très sombres, certains d’entre eux allant même jusqu’à faire l’éloge du Hamas et appelant ouvertement à brûler Tel-Aviv.

Ici, en Europe, des préoccupations similaires peuvent être exprimées.

Mohammed Khatib est le coordinateur pour l’UE de Samidoun, une organisation extrémiste pro-palestinienne. Il vit en Belgique et bénéficie du statut de réfugié. Lors d’un séminaire en ligne sur le raid terroriste mené par le Hamas en Israël le 7 octobre de l’année dernière, il a déclaré qu’il s’agissait d’un « jour glorieux » dont il était fier.

Samidoun est considérée comme une façade du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation terroriste palestinienne connue pour ses détournements d’avions et ses assassinats. Des terroristes liés au FPLP auraient également été impliqués dans l’attentat du 7 octobre.

En Allemagne, Samidoun a été interdite après avoir distribué des pâtisseries à Berlin pour « célébrer » l’horrible massacre perpétré lors d’un festival de musique. Cela signifie que les biens de l’organisation sont confisqués, que les expressions sur Internet et les réseaux sociaux sont interdites et que les personnes actives pour l’organisation sont punissables. En Belgique et aux Pays-Bas, l’organisation est légale ; aux Pays-Bas, l’apologie du terrorisme n’est pas punissable. Toutefois, Samidoun est également soupçonné de financer le terrorisme en Allemagne.

Reste donc à savoir pourquoi l’organisation peut poursuivre ses activités dans les petits pays.

Indépendamment de la nature criminelle de Samidoun, il est discutable de voir l’organisation figurer en bonne place dans les manifestations contre l’action militaire israélienne à Gaza, en compagnie d’ONG défendant les droits des femmes, des homosexuels et des jeunes, ainsi que d’organisations de coopération au développement.

Certains manifestants ont également brandi des drapeaux de Samidoun lors de l’inauguration du musée de l’Holocauste à Amsterdam, le 10 mars 2024, qui a fait l’objet de controverses. Des organisations comme Samidoun soutiennent ouvertement le groupe terroriste Hamas.

A Gaza, où le Hamas est au pouvoir depuis près de vingt ans, les droits fondamentaux des femmes et des homosexuels sont gravement bafoués. Les femmes non mariées ne sont pas autorisées à quitter Gaza sans le consentement d’un tuteur masculin, et l’homosexualité y est passible de torture et de mort.

Les yeux grands fermés

Dans un commentaire sur l’interdiction de Samidoun en Allemagne, le journaliste belge Bruno Struys déclare : « Le fait que Samidoun, une organisation qui approuve les actes de terreur du Hamas, puisse intervenir à Bruxelles mais pas en Allemagne les renforcera auprès de nous. » Selon lui, cela « rappelle la campagne menée il y a dix ans par des ONG et des hommes politiques de gauche pour faire libérer Oussama Atar ». « Ce dernier a ensuite fomenté les attentats du 22 mars. »

Oussama Atar est le cerveau des attentats de Paris et de Bruxelles en 2015 et en 2016. Avant de se hisser au sommet de l’Etat islamique, pendant l’occupation américaine de l’Irak, il avait déjà été détenu par les Américains, qui le considéraient comme dangereux. C’était en 2005.

A la suite d’une campagne menée par des hommes politiques bruxellois et un certain nombre d’ONG, telles qu’Amnesty International, les autorités belges ont soutenu son dossier et il a finalement été libéré. De retour en Belgique, il s’est alors entièrement consacré à la mise en place d’un réseau terroriste et à des allers-retours au Moyen-Orient, avec les terribles conséquences que l’on sait.

S’opposer à l’action israélienne à Gaza ou penser qu’un citoyen belge comme Oussama Atar ne devrait pas être simplement retenu captif par une force d’occupation américaine en Irak est une chose. Mais le faire aux côtés d’extrémistes douteux en est une autre.

Les ONG ne cessent de se livrer à ce genre de pratiques. Cela ne sert pas leur cause, mais elles semblent l’ignorer.

Dans le même ordre d’idées, après l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, le populiste de gauche français Jean-Luc Mélenchon a été le seul dirigeant politique à refuser de condamner la terreur. Cet attentat a porté un coup fatal aux « Nupes », une alliance de partis politiques français de gauche, qui était pourtant en tête des sondages pour les élections du Parlement européen.

Par ailleurs, l’eurodéputé social-démocrate suédois Evin Incir a réussi à rédiger un rapport du Parlement européen sur les relations entre l’Union européenne et l’Autorité palestinienne – sans mentionner le Hamas, le terrorisme, l’antisémitisme ou la persécution des chrétiens palestiniens par les Palestiniens.

Les médias

Une enquête menée par l’historienne belge Sylvie Lausberg et la députée libérale belge Viviane Teitelbaum révèle en outre que les médias doivent de toute urgence mettre la main à la poche.

En effet, les deux anciennes présidentes du Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB) affirment qu’il a fallu attendre 60 jours après l’attentat du 7 octobre pour que la RTBF fasse état des délits sexuels commis par le Hamas à l’époque, et ce uniquement par le biais de trois brèves. Et ce, alors que l’agence de presse internationale Reuters en faisait déjà état dès le 15 octobre.

Les enquêteurs dénoncent notamment le fait que sur le site de la RTBF, l’historienne Anne Morelli souligne que « tous les témoignages sont à prendre avec des pincettes ». Les ONG féministes accepteraient-elles de tels propos dans un autre contexte ? Pourtant, aucune protestation n’a été entendue, alors que les associations de défense des droits des femmes participent à des manifestations où les extrémistes de Samidoun sont également présents.

L’ironie, c’est que la même RTBF prétend publier des informations « dans une perspective de genre », ce qui suppose un point de vue féministe. Certains médias privés, notamment La Libre et RTL, ont été un peu plus rapides (14 novembre), mais pour le journal belge francophone de gauche Le Soir, il a fallu attendre le 15 décembre pour qu’il consacre un premier article à l’enquête sur les viols commis le 7 octobre.

Les journalistes, comme les ONG, sont majoritairement orientés à gauche. Il n’est donc pas surprenant que, selon la Campagne britannique contre l’antisémitisme, le nouvel antisémitisme se trouve principalement dans les partis politiques de gauche. Pas moins de 80% des cas d’antisémitisme enregistrés se trouvent dans les partis de gauche.

Malheureusement, l’antisémitisme de gauche a de vieux antécédents historiques. Par exemple, le radical français du XIXe siècle Pierre Leroux, qui a popularisé le terme « socialiste », était un antisémite incorrigible. Il déclarait : « Quand nous parlons des Juifs […] nous entendons l’esprit juif, l’esprit de lucre, de gain, de spéculation, en un mot, l’esprit banquier. »

Hélas, il est difficile de nier que ce type de pensées est encore très répandu.

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