La Chronique Agora

Pariez sur l'électrification de la Chine

** Tandis que la Grande Dépression II continue de tenir le siège sur les économies mondiales, la croissance chinoise continue de se montrer prête à prendre son véritable essor. Même si la Chine est désormais la deuxième — ou la troisième plus grande économie mondiale, c’est toujours un pays relativement pauvre. Et ses ressources sont à peine exploitées.

– Le vaste potentiel de la Chine est difficile à saisir dans sa totalité. Déjà, la Chine a construit le plus grand bâtiment du monde (le terminal aéroportuaire de Pékin) et le plus grand pont transocéanique. Elle possède le train le plus rapide du monde et le plus grand barrage. Comme l’observe John Pomfret, ancien directeur de l’antenne du Washington Post à Pékin : "c’est un pays de constructeurs, de grands projets, de gigantisme". Il appelle les ingénieurs chinois "les plus grand preneurs de risque du monde. Des crétins avec des tripes".

– Le chemin de fer Qinghai-Tibet a été une autre prouesse de l’ingénierie. Les ingénieurs chinois, déjà considérés comme les meilleurs constructeurs ferroviaires du monde, ont construit un chemin de fer sur le permafrost complexe et instable qui relie Lhassa et Golmud dans l’arrière-pays chinois. La voie de chemin de fer s’étend sur des centaines de kilomètres, parcourant un plateau dangereux.

– L’auteur Abrahm Lustgarten, dans China’s Great Train ["Le grand train de la Chine", NDLR.] décrit la région comme "une intermittence de marais, de lacs gelés et de permafrost humide qui se soulèvent et se déplacent de façon plus rapide que dans n’importe quel autre environnement géologique sur terre". Par endroits, les sables mouvants sont suffisamment profonds pour engloutir un char d’assaut. C’est aussi le plus haut chemin de fer sur terre — au sommet, il atteint une altitude de plus de 5 060 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les wagons du train sont pressurisés comme dans un avion, et de l’oxygène est diffusé à l’intérieur.

– Après que cette partie du chemin de fer Qinghai-Tibet a été mise en service en 2006, le Tibet a commencé à dévoiler ses richesses. Le ministère chinois du Territoire et des Ressources a révélé d’énormes découvertes de ressources naturelles — de gros filons de cuivre, de zinc, de plomb, de fer, d’or, d’argent et d’autres minéraux.

– "Ces nouvelles réserves font du Tibet l’une des régions les plus riches du territoire chinois", écrit Lustgarten, "et cela pourrait changer tout le système de dépendance du pays aux importations de cuivre et de fer". Le Tibet pourrait contenir 18 millions de kilos de cuivre — un tiers du total de la Chine. Il y a plus d’un milliard de tonnes de minerai de fer de grande qualité.

– Encore une fois, selon Lustgarten : "parmi les découvertes faites au Tibet se trouve le premier fournisseur substantiel en fer riche, un filon nommé Nyixung, qui contiendrait à lui seul pas loin de 500 millions de tonnes — suffisamment pour mettre au chômage 20% des importateurs de fer chinois".

– En dehors des minéraux, il y a également du pétrole en abondance. Sinopec estime que 65 milliards de barils de pétrole vont devenir accessibles au Tibet. "Une découverte qui, si elle est prouvée", écrit Lustgarten, "ferait de la région le prochain plus grand site pétrolier jalousé par le monde entier".

– Ce qui rend ces projets viables au niveau économique, c’est le chemin de fer Qinghai-Tibet. Comme le déclare Lustgarten : "les avant-postes de l’ouest sont reliés par des infrastructures de transport en pleine expansion — des routes, des lignes de transport d’électricité, des pipelines et des chemins de fer — construits à une vitesse qui ferait passer Dwight Eisenhower pour un fainéant".

– Il semble donc que désormais, le Tibet va jouer le rôle de grande frontière occidentale de la Chine, un peu comme l’Amérique à l’ouest du Mississippi au XIXe siècle. Mais comme pour le reste du monde, le rythme de croissance a récemment ralenti. Les doigts de la dépression ont touché le monde entier. Personne ne peut dire combien de temps cela va prendre pour sortir de ce chaos.

– A plus long terme, cependant, il semble idiot de parier contre le grand dragon oriental. En réalité, certains signes positifs ont émergé récemment. Le China Electricity Council rapporte que la consommation en électricité a augmenté de près de 7% en décembre, d’une année à l’autre. Et l’énorme entreprise électrique chinoise prévoit une explosion de la consommation une fois que l’économie mondiale sera de nouveau sur pied.

– Mon ami Dan Amoss, rédacteur de l’excellent Strategic Short Report, m’a envoyé un récent article de Bloomberg sur les dépenses en électricité de la Chine. Le State Grid Corp. de Chine, le plus grand distributeur d’énergie du pays, prévoit de dépenser 14,6 millions de dollars dans la construction de lignes à haute tension au cours des trois ou quatre prochaines années.

– "Les lignes transmettront l’électricité de centrales hydro-thermiques — ou de centrales thermiques fonctionnant au charbon — jusqu’à l’ouest, l’est ou le centre de la Chine de façon plus efficace et à des prix plus bas que les lignes conventionnelles", rapporte Bloomberg.

– Cette information suggère que le ralentissement de l’économie mondiale n’a pas eu d’impact sur les investissements de la Chine en matière de projets sur l’énergie. En Chine, la demande en énergie augmente encore. Et elle a augmenté ses dépenses sur les réseaux d’énergie de 18% l’année dernière.

** Qui a l’opportunité de participer à cet énorme projet ?

– ABB Ltd. aura une chance de l’emporter. ABB est un constructeur de réseaux électriques et d’infrastructures. 12% de l’activité de la société provient de la Chine. Elle y travaille depuis 1907, quand elle y a installé une chaudière à vapeur. Aujourd’hui, ABB emploie près de 13 000 personnes sur place. Et la Chine est le meilleur marché d’ABB pour les nouvelles commandes.

– Les services publics chinois ont des budgets qui augmentent de 8% à 10% par an, et ce jusqu’à 2011. Le pays a encore une longue route à parcourir pour satisfaire toute la demande. La consommation d’énergie per capita est bien en dessous de celle des pays occidentaux.

– D’ici à 2030, la Chine devrait pouvoir couvrir un tiers du total de l’augmentation de la demande mondiale en énergie. Pour satisfaire cette demande, la Chine va investir beaucoup dans les éoliennes et l’hydroélectrique, le nucléaire, les lignes à haute tension et plus encore. ABB a des possibilités d’intervenir dans tous ces domaines. Dans l’éolien, par exemple, ABB est le plus grand fournisseur électrique des fabricants d’éoliennes (la Chine est riche en électricité éolienne, avec près de 10% du total mondial.)

– Pour résumer, ABB est un pari à long terme sur l’électrification de la Chine et des autres marchés émergeants. La valeur est également bon marché, à seulement sept fois les bénéfices estimés pour 2008. Qui plus est, l’entreprise a un bilan solide, avec près de sept milliards de dollars en liquidités.

– ABB est un bon choix, en dessous des 16 $ l’action, si vous pouvez la conserver à long terme.

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