Par Simone Wapler (*)
Pourquoi ces 4 arguments ne sont pas solides à long terme
– L’inflation est stockée, en germe
Elle explosera en hyperinflation dans quelques années. S’il est exact que l’inflation ne menace pas de façon imminente, nul ne peut prédire quand l’hyperinflation produira ses effets. Et elle arrivera de façon aussi brutale que l’éclatement d’une bulle. Revenons à la baisse des prix à la consommation. Celle-ci est en réalité très inquiétante. Une désinflation, tout le monde apprécie. Dans cette situation, les prix baissent, mais l’activité et les salaires peuvent augmenter. Un exemple typique : l’informatique dans les années 90.
Une déflation, en revanche, est à la fois une baisse des prix et des salaires. C’est un symptôme de dépression. Toute tentative des banques centrales pour augmenter la monnaie en circulation devient inutile. L’argent injecté est simplement accepté et conservé. Il ne refait jamais surface… sauf sous forme d’hyperinflation. Nous craignons que les politiques monétaires dites non conventionnelles menées par les banques centrales ne conduisent à ce schéma. On ne fait pas fonctionner la planche à billets impunément.
– La spéculation est importante, mais pas encore fiévreuse
Certes, l’envol des minières aurifères chinoises est inquiétant. La quantité d’or en stock des bullions (les émetteurs de certificats cotés) a augmenté très progressivement depuis leur création. En outre, les détenteurs de ces certificats ont toujours eu un comportement d’investisseurs avisés : ils achètent lors des replis et vendent lors des sommets. Parlez de l’or autour de vous. Parions que peu de personnes de votre entourage avouent y avoir récemment investi.
– Le constat de la saisonnalité de l’or se fonde sur un marché mené par la demande de joaillerie
Mais, depuis la fin de l’année 2008, la demande en or en tant qu’investissement surpasse celle de la joaillerie. D’un marché de matière première, l’or est passé à un marché financier. C’est probablement le début de la remonétisation psychologique de l’or. Dans ces conditions, il n’est pas absurde que la saisonnalité soit un peu bousculée.
Soit dit en passant, c’est cette remonétisation qui appuie le constat de spéculation intense que nous venons d’évoquer. Pour le premier trimestre de 2009, la demande de joaillerie a atteint 339,4 tonnes, tandis que la demande d’or atteignait 595,9 tonnes. Le GFMS prévoit une augmentation massive de la demande d’investissement pour 2009, avec 1 500 tonnes contre un peu moins de 1 100 tonnes en 2008, soit une croissance de 36%.
Nous verrons demain qu’en revanche, les arguments haussiers pour l’or ne manquent pas de tenue…
Meilleures salutations,
Simone Wapler
Pour la Chronique Agora
(*) Simone Wapler est analyste, journaliste et ingénieur de formation. Elle a déjà contribué à des publications telles que Le Point, Enjeux, Les Echos, Chart’s… Spécialisée dans les valeurs industrielles, les matières premières, les énergies, l’or, les minières Simone Wapler est passionnée par et les investissements "tangibles".
Elle analyse chaque mois le secteur aurifère dans la lettre d’investissement Vos Finances – La Lettre du Patrimoine et elle intervient régulièrement dans l’Edito Matières Premières & Devises ou dans différents rapports d’investissements.
Elle est aussi la rédactrice en chef du magazine MoneyWeek.