La Fed tout comme la BCE volent au secours des marchés à coup de taux négatifs et d’assouplissement monétaire – une situation de plus en plus inquiétante.
La vague d’assouplissement monétaire mondiale prend de l’ampleur, ce qui signifie que les obligations à rendement négatif resteront une caractéristique inquiétante de l’environnement des investissements.
Le montant de la dette mondiale à rendement négatif a atteint la semaine dernière un sommet sans précédent de 12,5 Mds$, établissant un nouveau record pour les investisseurs en titres à revenu fixe traditionnels tels que les assureurs, les fonds de pension et les gestionnaires d’actifs qui dépendent de flux de revenus à long terme.
L’année dernière, la masse de titres à rendement négatif avait été ramenée à environ six milliards de dollars, mais « les forces de la répression financière » ont repris de plus belle lorsque l’économie mondiale a commencé à rechuter.
Dans ce contexte, la ruée vers les investissements alternatifs, les fonds de capital-investissement et les obligations offrant un rendement positif ne fera que s’intensifier, ce qui alimentera les excès sur des marchés déjà très faussés, avec des évaluations délirantes.
Globalement, les actions ont progressé à un niveau record, bénéficiant d’une valorisation accrue due à la baisse des rendements obligataires et aux banquiers centraux accommodants.
Cet état de fait devrait toutefois alarmer plutôt que réjouir quiconque est réellement préoccupé par la stabilité financière à long terme.
On joue avec le feu
Lorsque la pierre angulaire du marché des titres à revenu fixe, comme le Bund allemand à 10 ans, voit son rendement chuter à -0,30%, le reste de l’univers obligataire se trouve entraîné, de proche en proche, dans l’aberration. Cela provoque une baisse des rendements des titres phares tels que les bons du Trésor US.
Les inquiétudes concernant l’Italie et ses relations avec l’Union européenne s’estompent à mesure que les investisseurs se pressent autour des rendements attractifs du BTP. Ils sont de plus en plus convaincus que la Banque centrale européenne (BCE) est sur le point de revenir sur le marché acheter des titres.
Trump, principal architecte des tensions commerciales, s’est attaqué cette semaine à la Réserve fédérale et à la BCE alors que Mario Draghi et Jay Powell soulignent leur intention de s’opposer à un ralentissement de la conjoncture mondiale.
Encourager les investissements spéculatifs n’a pas permis une reprise économique soutenue. Au lieu de cela, le système financier est saturé de dettes et ne tolère même pas une hausse modeste des coûts d’emprunt, tout en renforçant le nombre de sociétés zombies.
Un nouveau cycle d’assouplissement quantitatif et une nouvelle suppression des taux d’intérêt et de la volatilité au cours des 12 prochains mois ne peuvent que hâter le début d’une nouvelle ère dangereuse pour le système financier.
La menace à long terme la plus grave pour les investisseurs en obligations est le retour d’une inflation accélérée, qui éroderait la valeur des dettes à taux fixe.
Certains banquiers centraux se disent déjà disposés à abandonner leurs objectifs de 2% et à adopter une approche plus flexible. Par flexible il faut comprendre qu’ils toléreraient une hausse des prix supérieure à 2%.
Ce que l’on appelle jouer avec le feu.
Le recours à des politiques monétaires aventureuses, s’il était couplé à des politiques budgétaires encore plus déséquilibrées par l’augmentation des dépenses, pourrait bien réserver un jour de mauvaises surprises.