Les êtres humains sont généralement idiots… et la conjoncture actuelle, où l’on favorise l’argent factice au détriment de l’économie réelle, en est la parfaite illustration.
« Vraiment… à ton âge… tu devrais être plus raisonnable ».
Nous étions tout juste de retour de notre cottage en ruine, dimanche dernier. Nous contions une épopée héroïque dont votre rédacteur était le héros.
Nous expliquions que nous étions en train de mettre en place les poutres du toit, en marchant sur le haut du mur, lorsque ledit mur s’est effondré.
Nous avions fait une chute de près de deux mètres, mais nous étions indemne.
Tous idiots !
Il y a de jeunes idiots… et de vieux idiots… mais, d’une manière générale, tous les êtres humains sont idiots.
Ils ont été conçus par la nature pour faire des choses dangereuses, difficiles et souvent parfaitement stupides – chasser, se battre, faire la course, construire, se lancer dans des campagnes électorales.
Ensuite, une fois que la poussière est retombée, ils se retrouvent autour d’un feu de camp et échangent des anecdotes.
« Cet endroit est dangereux, n’importe qui peut le voir. Tu aurais dû nettoyer tout ça et réparer les murs avant d’essayer d’y travailler. D’autant que tu es tout seul »…
Elizabeth avait raison.
Le plan consistait à mettre en place un toit de tôle, rapidement. Ensuite, étant à l’abri, nous prendrions le temps de renforcer les murs et de sortir les débris. C’était un plan idiot.
Néanmoins, nous avons décidé de nous y tenir. Après une tasse de café et un peu de repos, nous sommes remonté sur le mur et avons continué notre travail.
A présent, nous avons affaire à une sorte d’idiotie très différentes. Et à différentes sortes d’accidents.
Déjà en récession
On a appris fin de semaine dernière que l’économie américaine connaît une croissance solide.
Hosannah au plus haut des cieux.
Attendez… qu’est-ce que c’est que ça ?
Les dépenses de consommation ont été divisées par deux par rapport au trimestre précédent ? Les dépenses de consommation personnelle frôlent un plancher de près de cinq ans ?
L’investissement des entreprises a lui aussi chuté, passant de 5,7% au quatrième trimestre 2018 à seulement 2,7% au premier trimestre 2019 ?
La croissance du secteur privé a été la plus faible en six ans ? Et l’unique raison pour laquelle ce chiffre était aussi sain – 3,2% – était dû aux stocks, aux importations et aux dépenses gouvernementales ?
Le site MarketWatch :
« Le ratio ventes finales/achats domestiques privés a chuté pendant trois trimestres consécutifs. Les dépenses de consommation ont baissé pendant trois trimestres d’affilée. Les investissements des entreprises se développent à un quart de leur rythme du premier trimestre 2018, date où la réduction d’impôts pour les entreprises a commencé à faire effet.
La baisse d’impôts était censée aider le secteur privé à mettre le turbo, ce qu’elle a fait – pendant quelques trimestres ».
L’un des indicateurs clé est le calcul de l’inflation par le gouvernement, qui la met à moins de 2% au premier trimestre. Ce chiffre est peu fiable. Les prix réels payés par des gens réels grimpent bien plus rapidement.
ShadowStats, qui calcule l’inflation comme les autorités le faisaient en 1990, met le taux d’inflation à plus de 5%. Si c’est vrai, l’économie US est déjà en récession (croissance nominale de 3,2% – 5% d’inflation = croissance négative de 1,8%).
Mais si les chiffres de l’inflation des autorités ne nous donnent pas beaucoup d’informations exactes, la direction est parlante. L’inflation n’augmente pas ; elle chute. Cela aussi signale une faiblesse de l’économie réelle.
L’avenir indique une récession
La baisse d’impôts n’a pas vraiment réduit le coût du gouvernement. Elle l’a simplement transféré vers la dette… sur les épaules du public et de l’avenir. A présent, l’avenir commence à apparaître. Les dépenses baissent. Les économies dues aux réductions d’impôts ont déjà été dépensées. L’économie ralentit.
En rendant l’argent aux entreprises – qui ont profité de la majeure partie de la baisse d’impôts –, l’idée était qu’elles investiraient dans de nouvelles usines et de nouvelles sources de production de richesse (formation et nouvelles technologies, notamment). Cette « relance » se répercuterait à toute l’économie, créant de nouveaux emplois et une augmentation de la production.
Au lieu de cela, les entreprises se sont emparées de l’argent facile… et emprunté le chemin le plus facile aussi. Elles ont acheté leurs propres actions, créant ainsi peu de vraie croissance dans l’économie réelle… mais contribuant à un boom factice sur les marchés boursiers.
Ce n’est là que le dernier épisode en date de toute cette sordide histoire de « financiarisation ».
Elle pousse les entreprises à abandonner leur véritable mission – satisfaire les clients en ajoutant de la richesse réelle à l’économie – en faveur de trucages et d’escroqueries liés à l’argent facile.
Cela fait passer l’argent de l’économie réelle vers l’industrie financière. Les mères veulent désormais que leurs petits aillent travailler dans la finance – pas dans l’acier, le bois ou le pétrole.
Les revenus des élites et de l’économie financiarisée augmentent, tandis que les revenus de ceux qui fabriquent de vraies choses et fournissent des services réels déclinent.
Les actions grimpent alors même que les entreprises qu’elles représentent stagnent. L’économie semble « se développer » alors que la plupart des gens s’appauvrissent.
Plus cela continue, plus l’économie tout entière commence à s’affaiblir et s’affaisser, devenant de plus en plus dépendante de l’argent factice.
La fausse monnaie produit une fausse économie… mais elle produit de la vraie dette. Et cette bombe de dette finit par exploser.