La Chronique Agora

Comment le crédit a perverti le dollar, l’épargne… et tout le reste

▪ Nous avons promis hier de revenir à des sujets plus traditionnels — c’est-à-dire à l’argent. Alors allons-y.

L’argent change de mains dans un monde où se trouvent des économistes, des banques centrales, des journaux et la télévision. Ce que les gens croient au sujet de l’argent, ce qu’ils entendent et voient, affecte leur manière de penser à ce qu’il y a dans leurs poches et ce qu’ils en font.

Nous avons décrit jusqu’où la machine à crédit post-1971 s’étend : jusque dans les réunions éditoriales d’un journal satirique parisien. Des islamistes, radicalisés par les guerres au Proche-Orient financées à crédit par le Pentagone, ont assassiné des dessinateurs français.

Nous lisons notre courrier. De nombreux lecteurs sont sceptiques. Rejetons-nous tous les maux du monde sur le système monétaire ? Non, répondons-nous… pas tous. Mais les maux monétaires du moment ? Oui… tous ou presque sont le fruit de la grande bulle du crédit.

Nous n’avons pas de conseils utiles concernant la majeure partie du malaise mondial. Il y aura toujours des meurtriers et des fanatiques. Il y aura toujours des booms et des krachs. Il y aura toujours de la stupidité, de la corruption et des démocrates. De la mauvaise musique. Du vin imbuvable. De l’architecture laide. Une fois lancé sur les problèmes planétaires, comment savoir où nous arrêter !

Quant à la majeure partie de ce qui se passe sur la planète Terre — ou même dans notre propre foyer –, nous n’en savons pas grand-chose… et en comprenons encore moins. Mais nous avons observé, étudié et analysé le système monétaire mondial depuis maintes années. Lui non plus ne sera jamais entièrement compris par l’esprit humain, mais certaines parties deviennent claire… comme les contours d’une île dans le brouillard… que nous pouvons discerner, tout juste.

Le système monétaire créé après 1971 — le système dans lequel l’argent lui-même est devenu un concept brumeux tandis que le dollar est devenu une reconnaissance de dette envers des entités inconnues — est une fraude

▪ Capital et argent sont factices
Notre travail consiste à vous dire ce que nous voyons. Et ce que nous voyons, c’est un désastre qui s’approche. Le système monétaire créé après 1971 — le système dans lequel l’argent lui-même est devenu un concept brumeux tandis que le dollar est devenu une reconnaissance de dette envers des entités inconnues — est une fraude. Le dollar n’est pas de l’argent authentique. Il ne représente pas de travail, d’épargne ou de richesse authentiques. Il peut être fabriqué à volonté par des fonctionnaires. Autant qu’ils en veulent.

Le « capital » est lui aussi contrefait — souvent, il n’a pas de vraies ressources pour le soutenir. Ce n’est rien d’autre que des morceaux de papier vert, ou pire : des fantômes d’électrons défilant dans l’espace.

Et qu’en est-il de l’épargnant ? Il doit se trouver idiot. Qu’obtient-il en l’échange de sa discipline… de sa persévérance… de sa volonté d’oublier la satisfaction immédiate pour recevoir des rendements plus élevés plus tard ? Rien du tout.

Là aussi, c’est le produit de la bulle du crédit. Les travailleurs, les épargnants et les investisseurs honnêtes sont considérés comme des pigeons. Les travailleurs gagnent moins qu’avant le début de la crise de 2008. Et ils sont moins nombreux. 16 millions d’adultes sont venus grossir la population américaine ces cinq dernières années. Le nombre d’emplois, dans le même temps, a chuté de deux millions.

Pourtant, le dollar papier — qui ne s’appuie sur rien et qui est la fondation de notre économie mondiale tout entière — voit son prix grimper. A peine croyable. Ces nouveaux dollars se glissent dans toute la structure du monde matériel comme du kudzu le long d’une voie ferrée. Et à présent, ils étranglent tout.

Mais nous sommes en train de délirer, de divaguer et de battre la campagne, non ?

Non… nous arrivons à une idée importante… qui nous donne le vertige.

Il ne s’est pas passé grand-chose, ces 30 ou 40 dernières années, qui ne soit pas d’une manière ou d’une autre perverti… ou au moins affecté… par cet étrange nouveau système

▪ Le crédit change tout
Il ne s’est pas passé grand-chose, ces 30 ou 40 dernières années, qui ne soit pas d’une manière ou d’une autre perverti… ou au moins affecté… par cet étrange nouveau système. On a acheté une maison ? On a profité du crédit offert par cette nouvelle devise. Pourquoi cette maison était-elle disponible à ce prix ? Parce que le système tout entier fonctionnait avec ce nouveau crédit. Et d’où provenait l’argent pour l’acheter ? Ne provenait-il pas lui aussi de l’économie financée à crédit ?

Ou peut-être devrions-nous parler politique ? Autrefois, nous avons travaillé avec le conservateur Grover Norquist (il y a bien longtemps), pour tenter de contenir le gouvernement. Nous avons commencé par poursuivre le gouvernement US en justice au nom des enfants, au motif qu’il était anti-constitutionnel de lier des jeunes personnes à une dette qu’ils n’avaient pas contractée et dont ils ne profiteraient pas. Cette demande a été rejetée.

Nous avons ensuite tenté de faire passer un amendement constitutionnel exigeant que l’on équilibre les budgets fédéraux. Ce qui fut près de passer… mais lorsque Ronald Reagan fut élu président, nos partisans s’évaporèrent peu à peu. Un amendement n’était plus nécessaire, pensaient-ils ; ils avaient leur homme à la Maison Blanche.

Lorsque cela échoua, Grover inventa « le Serment » : les aspirants au Congrès US signaient une promesse selon laquelle ils ne voteraient pas d’augmentation d’impôts. Grover pensait qu’en lui refusant des recettes fiscales, on limiterait le gouvernement. Mais il n’avait pas compté sur la bulle du crédit ; elle fit grimper les revenus et les plus-values, augmentant les recettes fiscales. Et elle permit aux autorités d’emprunter à bas coût, rendant les augmentations d’impôt moins importantes. Ni Barack Obama ni George W. Bush n’ont eu besoin d’augmenter les impôts pour financer leurs guerres au Moyen-Orient ; ils ont pu emprunter !

L’argent facile a refait l’intégralité de la planète à son image. Quel tableau !

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