La Chronique Agora

Le mirage des promesses économiques américaines

Les Etats-Unis représentent le plus grand marché de consommateurs au monde. Mais si les exportateurs veulent accéder aux clients américains, ils devront s’en tenir au dollar… ou s’exposer à des droits de douane de 100%.

« Ils mangent nos animaux de compagnie. »– Donald Trump, à propos des immigrés.

C’est une année électorale, où les promesses de campagne aux couleurs vives tombent au sol comme des feuilles d’automne et pourrissent.

Le débat Harris-Trump ne nous a pas apporté grand-chose. L’un des candidats avait l’air d’un grand dadais, vieux, en colère et fatigué. L’autre, plus jeune, plus complice, est apparue comme un costume bien repassé, mais vide.

Sur la base de cette seule performance, nous parions sur Kamala et sur les actifs américains, y compris le dollar.

Confrontés à un endettement galopant et à des déficits à n’en plus finir, les responsables politiques américains n’ont que deux choix. Se serrer la ceinture – en réduisant les dépenses – ou relâcher la pression, en réduisant les taux d’intérêt.

La première pilule est difficile à avaler. Elle provoque un inconfort immédiat. La seconde est une pilule qui rend heureux, du moins, pendant un certain temps. Elle rend l’économie de bulle encore plus bullesque. Aucun des deux candidats n’a l’intention de prendre la pilule difficile à avaler.

Hier, nous avons examiné la proposition de Donald Trump de faire supporter aux étrangers une grande partie des pertes liées à l’inflation américaine. Les Etats-Unis sont le plus grand marché de consommateurs au monde. Mais si les exportateurs veulent avoir accès aux clients américains, ils devront s’en tenir au dollar… ou s’exposer à des droits de douane de 100%.

L’idée est simple : obliger les étrangers à continuer d’utiliser le dollar alors qu’il dépérit.

Mais attendez, voici une autre proposition stupide, cette fois-ci approuvée par les deux partis. Le Wall Street Journal rapporte :

« Les républicains et les démocrates semblent s’accorder sur très peu de choses ces derniers temps. Mais des responsables des deux partis semblent intéressés par l’idée que les Etats-Unis déploient un nouvel outil économique : un fonds souverain.

Les responsables de la Maison Blanche affirment qu’ils travaillent depuis plusieurs mois à la conception d’un tel fonds. Ce fonds fournirait des capitaux pour promouvoir des intérêts stratégiques tels que les technologies de pointe et la sécurité énergétique, alors que la concurrence avec la Chine s’intensifie. 

La divulgation de ces informations intervient après que l’ancien président Donald Trump a appelé la semaine dernière à la création d’un fonds souverain pour ‘investir dans de grandes entreprises nationales au profit de l’ensemble du peuple américain’, telles que les infrastructures et la recherche médicale. »

Nous aurions aimé être dans la salle de l’Economic Club de New York lorsque Donald Trump a fait cette proposition. Nous aurions aimé voir les bouches saliver et les yeux s’émerveiller.

« Nous pourrons investir dans des centres de production de pointe, dans des capacités de défense avancées, dans la recherche médicale de pointe et contribuer à économiser des milliards de dollars en prévenant les maladies avant qu’elles ne se déclarent. Et ce sont de nombreuses personnes présentes dans cette salle qui aideront à conseiller et à recommander des investissements pour ce fonds. »

Washington et Wall Street vivent tous deux de l’argent des autres. Tous deux se sont enrichis grâce à l’argent du crédit après 1971 et à la manipulation des taux d’intérêt par la Fed. Et maintenant, Donald fait miroiter des milliards – des milliers de milliards ! – de frais, de commissions et d’accords devant la foule de Wall Street.

Mais aidez-nous, cher lecteur. Quelle est la dernier « grand projet national » qui a porté ses fruits ?

AMTRAK ? La guerre contre la pauvreté ? La guerre contre la drogue ? L’invasion de l’Irak ? La guerre contre la terreur ? Le F-35 ? La politique de taux d’intérêt négatif ? Les déficits budgétaires de 2 000 milliards de dollars ? Si ces « investissements » étaient si rentables, comment se fait-il que nous ayons aujourd’hui un fonds de dette de 35 000 milliards de dollars, et non un « fonds de richesse » de 35 000 milliards de dollars ?

Dommage que les intervieweurs de la télévision ne posent pas plus de questions.

Qui dirigerait un tel programme ? Les mêmes élites qui dirigent le reste du gouvernement, bien sûr. Comment pourraient-ils mieux investir l’argent du public que des investisseurs privés qui ont leur propre peau dans le jeu ? Pourquoi feraient-ils un meilleur travail dans ce domaine que dans celui de la gestion de la crise frontalière, du centre-ville de San Francisco ou du budget fédéral lui-même ?

Et puisque tant de richesses ont déjà été dilapidées dans des « investissements » antérieurs, d’où viendraient les nouvelles liquidités du fonds de richesse ?

Une modeste prédiction : si les autorités fédérales continuent à « investir » de plus en plus de notre argent, nous mangerons bientôt nos propres animaux de compagnie.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile