La Chronique Agora

Les milliardaires devraient-ils exister ? (2/2)

Qui doit décider ? Les consommateurs – c’est-à-dire les citoyens – ou l’Etat ? Ce dernier peut faire plaisir à quelques-uns… mais cela aura des répercussions douloureuses pour la majorité.

Eliminons les milliardaires, disent certains politiciens en quête de popularité : ont-ils raison ? Nous avons vu hier que c’est faux du point de vue économique… nous examinons aujourd’hui ce que cela donne du point de vue politique.

Ludwig von Mises pose la question en ces termes :

« [La] question est de savoir qui devrait être l’ultime décideur, les consommateurs ou bien l’Etat ? Sur un marché libre, le comportement des consommateurs, leurs décisions d’acheter ou de s’abstenir d’acheter différents biens et services, détermine au final le niveau de revenu et de richesse de chaque individu.

Devrions-nous accorder à l’Etat le pouvoir d’outrepasser les décisions des consommateurs ? »

Mises ajouta qu’une telle forme d’intervention dans le fonctionnement de l’économie de marché réduirait l’efficacité de l’allocation des ressources au sein de la société :

« Celui qui répond le mieux à la demande des consommateurs réalise les profits les plus élevés. En s’attaquant aux profits, l’Etat sabote délibérément le fonctionnement de l’économie de marché. »

Une allocation moins efficace des ressources entraîne une réduction du niveau de vie de toute la population, une conséquence particulièrement douloureuse pour les plus pauvres, que Sanders et ses acolytes prétendent défendre.

La fiscalité et ses effets pervers

Pour finir, Mises souligne le fait qu’une imposition confiscatoire des hauts revenus représente une forme de protection contre de nouveaux concurrents pour les entrepreneurs établis qui ont déjà accumulé une fortune.

« Il est exact », concède toutefois Mises, « que l’impôt sur le revenu les empêche [les entrepreneurs déjà fortunés] également d’accumuler des capitaux supplémentaires. Mais le plus important pour eux, c’est que cela empêche de nouveaux concurrents potentiels, qui pourraient représenter une menace, d’accumuler leur propre capital ».

A cet égard, une taxation confiscatoire des hauts revenus protège les entreprises déjà établies de la concurrence de nouveaux entrants, bloquant le processus dynamique qui caractérise l’économie de marché. Mises conclut donc :

« En ce sens, l’impôt progressif limite le progrès économique et crée davantage de rigidité […] alors que dans une économie capitaliste sans entraves, la propriété du capital représente une responsabilité obligeant les propriétaires à servir les consommateurs ; les méthodes de taxation contemporaines transforment la propriété du capital en un privilège. »

Le désir exprimé par certains d’imposer de façon confiscatoire les plus riches est principalement guidé par un sentiment de jalousie et de convoitise qui les empêche de voir qu’un tel système fiscal finit par nuire à l’homme de la rue bien plus qu’aux milliardaires.

De plus, ces taxes pourraient avoir pour effet de protéger les entrepreneurs déjà fortunés contre de nouveaux concurrents potentiels et ainsi entraver le progrès économique.

Il est peut-être émotionnellement gratifiant pour beaucoup de s’en prendre aux milliardaires, mais le raisonnement logique nous montre que ce sont les moins fortunés qui finiraient par en souffrir le plus.


Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici

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