La Chronique Agora

Combien de temps les marchés pourront-ils encore ignorer le facteur politique ?

Santé, climat, finance… la BCE aime bien mettre son grain de sel partout !

Cette année 2024 est électorale avant d’être olympique, comme nous l’a rappelé Ursula Von der Leyen depuis Davos.

En effet, la moitié des habitants de la planète glisseront un bulletin dans une urne, notamment aux Etats-Unis, mais cela ne soucie aucunement Wall Street qui bat record sur record.

Il fut un temps où le « politique » faisait partie de l’équation boursière ; mais ce temps est révolu et cela fait presque 25 ans en Europe, puisque la banque centrale émerge comme le décideur ultime en matière de solvabilité des Etats, depuis qu’elle s’est affranchie de toutes les règles prudentielles imposées par ses statuts.

Mais son influence ne cantonne plus aux seules questions monétaires…

Six mois avant l’émergence des inoculats ARN, puisque Christine Lagarde fut la première à postuler que « nos économies parviendront à se tirer d’affaire » dès qu’un « vaccin anti-COVID sera disponible ». Pourtant, aucun scientifique n’était capable, en juin 2020, d’affirmer avec certitude qu’on obtiendrait de meilleurs résultats avec un « vaccin » plutôt qu’un traitement médicamenteux contre une pandémie virale (les injections antigrippales n’ayant jamais obtenu – en plus de 50 ans- –mieux que 60% de taux de protection).

Désormais, la BCE intensifie sa lutte contre la décarbonation : elle a entrepris de réduire l’empreinte carbone et l’exposition aux risques climatiques de ses portefeuilles.

Sa stratégie et la gestion des risques en matière de climat se solde par une réduction ses programme d’achats de titres d’entreprises à forte intensité énergétique.

Autrement dit, réindustrialiser l’Europe, rapatrier la production d’Asie sur notre sol va se télescoper avec le tarissement des capitaux permettant de mener un tel projet à bien. En revanche, les Etats-Unis proposent depuis deux ans aux entreprises de gabarit international un accès privilégié à une énergie abondante et bon marché autres travers de la projet « IRA » (Inflation Reduction Act).

Vous noterez les nombreuses identités d’objectifs et de narratif entre la BCE et les représentants des plus hautes institutions européennes.

Mais surtout, le nombres des « GOPE » et de directives qu’elles édictent connaît une inflation spectaculaire, notamment en matière de réduction des émissions carbonées, ce qui rend impossible la vie de nos agriculteurs, tandis que les mêmes hauts commissaires signent des accords de libre-échange avec des pays gros exportateurs de céréales, viande, lait, etc. qui n’imposent aucun cahier des charges comparable à ceux qui étouffent nos producteurs domestiques.

Ceci nous vaut, après des semaines d’omerta sur les manifestations et blocages massifs à travers l’Europe, ce titre de Ouest-France ou de TF1 : « La colère de nos agriculteurs monte en puissance », ou « la fronde des agriculteurs débouche sur des blocages d’autoroutes ».

L’essentiel du calendrier législatif tous azimuts que devra superviser – et imposer à notre pays – le nouveau gouvernement Attal provient de Bruxelles et les conditions de financement dépendent du bon vouloir de la BCE.

La priorité de Macron, c’est l’Europe. C’est pourquoi, quinze jours après avoir changé de premier ministre, la France reste toujours sans ministre du Transport, de la Mer, de l’Education nationale (à plein temps), de la Fonction publique (pas grave, les énarques gèrent cela très bien par eux-mêmes depuis des décennies) et du Logement.

Le logement est visiblement une question subalterne, alors que les loyers représentent un tiers des dépenses mensuelles des Français (parfois jusqu’à 50% du budget d’un étudiant) et que notre pays est victime d’une pénurie systémique et irréductible de logements (-40% de mises en chantier en 2023 par rapport à 2022).

Le second poste de dépenses, pour le Français vivant au nord du pays ou dans les régions montagneuses, c’est la facture d’électricité avec une nouvelle hausse de +9,8% (ça reste inférieur à 10%, hein… promesse tenue cochons de payants), soit +44% en deux ans (pour cause de fixation absurde du prix du kilowatt sur le coût marginal de production au gaz imposé par Bruxelles).

Mais, depuis ce dimanche 21 janvier, la cause officielle de cette flambée – le Ministre l’a déclaré sans sourciller – c’est Jordan Bardella et de Marine le Pen qui sont les complices de Vladimir Poutine.

Bizarrement, dans le monde réel, le coût de production de l’électricité (à 70% nucléaire, 15% hydroélectrique) n’a quasiment pas changé en France depuis deux ans (la production au gaz, en appoint ponctuel, est totalement marginale).

Plus le mensonge est éhonté, plus le déni du réel est grotesque… vous connaissez l’adage !

Mais dépassons les turpitudes de notre Hexagone – et des mystificateurs qui le dirigent – pour nous pencher sur un phénomène global, qui est celui de l’évaporation des liquidités dans le système financier mondial. Il survient au moment même où les besoins de refinancement des Etats-Unis, de l’Europe et de la Chine atteignent des records absolus.

Et les Etats souverains ne sont pas les seuls à afficher un besoin gargantuesque de capitaux, les banques américaines sont en situation très délicate depuis mars 2023. Elles supportent à ce jour 750 Mds$ de pertes non réalisées dans leurs bilans sur leurs encours de « treasuries » (après la remontée de 25 points des rendements sur des maturités de 2 à 30 ans la semaine dernière) et les provisions pour créances douteuses remontent en flèche.

Les optimistes soulignent que les niveaux actuels sont encore très éloignés de la grande crise financière de 2008… ce qui est vrai pour les créances immobilières, mais les pertes latentes sur les cartes de crédit et les prêts automobiles affichent bien à un zénith absolu.

Et ce qui précède se traduit par une pluie de records absolus ce vendredi 19 janvier, pour une séance des « Trois sorcières » en or massif… tout comme la précédente, qui couronnait sept semaines de hausse consécutive par une série de records annuels (mais pas encore absolus).

Le S&P 500 (+1,25%) pulvérise le précédent record des 4 800 points, avec un nouveau zénith à 4 840 points, une performance fait presque pâle figure – en regard des +2% du Nasdaq-100 qui explose par-delà les 17 000 points, à 17 317 points, dans le sillage du « SOX » (indice des semi-conducteurs), lequel a franchi vendredi son record absolu des 580 points (du 27/12/2023) avec un bang supersonique : +4% à 601 points.

Une spirale haussière digne des « dot.com » est en train de s’emballer sur quelques « dossiers chauds », comme Nvidia qui affiche +23% depuis le 1er janvier, pour une capitalisation de près de 1 500 Mds$, soit +200 Mds$ en 13 séances, quatre fois son chiffre d’affaire actuel. Le titre se paye en réalité plus de 25 fois le chiffre d’affaires espéré d’ici fin 2024 (soit 58 Mds$… et 50 fois les bénéfices si les ambitieux objectifs des analystes sont atteints). Dans le même temps, des T-Bonds 2026 vous garantissent 4,36% de rendement sans risque et nos OAT de même maturité 2,85%.

Mais cocorico : rien n’est plus rentable pour l’Etat français et ceux qui nous refinancent que la sur-fiscalité sur la facture électrique… à moins qu’à l’image de nos agriculteurs, les contribuables français « pètent les plombs » par millions.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile