La Chronique Agora

Le marché baissier est-il déjà terminé ? Question piège !

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Alors que les actions ont connu une forte hausse la semaine dernière, les marchés et les investisseurs sont-ils réellement partis pour un rebond désormais ?

Les actions ont connu un superbe rally, la semaine dernière.

Beaucoup de gens se demandent si le marché baissier est déjà terminé.

Le S&P 500 a baissé de 20,9% du plus haut (4818,62 points, le 4 janvier) au plus bas (3810,32, le 20 mai). Depuis ce creux, il est remonté de 9,1% en seulement six jours de cotation. Ce qui le laisse à 13,7% de son plus haut.

La plupart des portefeuilles des investisseurs sont toujours en baisse à deux chiffres sur l’année (-11,5%, pour le portefeuille standard 60/40). Les comptes gérés qui ont opté pour le « risque modéré » typique sont en baisse de 4 à 5% environ.

Où est le creux de la vague ?

Malheureusement, personne ne peut dire quand les marchés ont atteint un sommet ou un plus bas, car nous sommes dans des univers financiers irrationnels et surtout discrétionnaires. Il n’y a plus de règle ni pour la gestion monétaire (cf. nos récents articles sur la monnaie post-moderne), ni pour la valorisation des valeurs mobilières. Tout est déconnecté, tout est frivole. Il n’y a pas, il n’y a plus d’initiés.

Comme l’a dit Greenspan au moment de son départ, c’est l’aventure. Il n’y a ni carte ni boussole, on improvise.

Il existe de nombreux indicateurs que vous pouvez utiliser, mais aucun d’entre eux n’est infaillible. En outre, les indicateurs eux-mêmes varient dans leur valeur, leurs niveaux et leur efficacité, car les déterminants des marchés sont non plus fondamentaux et connus, mais fluctuants et inconnus. Nous sommes dans la psychologie des foules, de la mode, du jeu et de la peur.

J’insiste : nous ne sommes plus non plus dans des jeux de loterie, car le jeu boursier est truqué, manipulé, instrumentalisé. Nous sommes à la rigueur dans le bonneteau !

S’y ajoute la caractéristique dominante de la période : le mensonge.

L’impulsion qui fera bouger les marchés

Les marchés sont constitués de groupes d’individus qui prennent des décisions théoriquement indépendantes, mais ils sont influencés par une myriade de facteurs qui vont de la politique à l’expérience personnelle, en passant par la situation financière, par l’influence des discours dominants comme le dernier tweet de leur gourou préféré ou dernier article de la presse mainstream.

L’économie de marché repose sur des présupposés de rationalité ou des savoirs qui sont censés éclairer l’avenir, lesquels ont été détruits méthodiquement par les autorités afin de renforcer leur pouvoir sur les individus.

A notre époque, ce n’est plus le réel qu’il faut étudier mais les caprices de ces autorités ; il faut reconstituer leurs défauts, leurs biais, leurs ambitions, leurs amour-propre etc. C’est la garantie de l’inefficience et du gaspillage.

Il y a des marchés baissiers sans récession, et nous avons eu des marchés presque baissiers sans récession. Nous avons eu des pics boursiers jusqu’à un an avant le début de la récession, et des pics boursiers coïncidant avec le début de la récession. Nous avons eu des marchés boursiers au plus bas, six mois avant la fin de la récession, et onze mois après la fin de la récession. En général, la tendance la plus courante est que le marché boursier culmine avant le début de la récession, puis touche le fond avant la fin de la récession.

Investir sans deviner

Combien de temps avant le début et la fin est une question sans réponse… mais un délai de six mois avant le début et six mois avant la fin est probablement la croyance commune.

Tout cela avait du sens quand les marchés étaient plus ou moins des mécanismes d’actualisation, et anticipaient l’avenir. Mais cela aussi est terminé. Les marchés ont perdu tout pouvoir de prédiction.

C’est après avoir, d’expérience, constaté tout cela que nous nous sommes ralliés à une idée simple, qui consiste à ne plus se poser la question de savoir si les marchés vont monter ou baisser, s’ils ont fait des plus hauts ou des plus bas.

Nous considérons que, précisément, ce sont ces questions qui conduisent à la ruine.

S’il y a une certitude à laquelle nous restons accrochés c’est celle-ci : les marchés sont votre ennemi. La fonction objective des marchés boursiers est de faire perdre le maximum d‘argent au maximum de gens, justement parce qu’ils essaient de deviner les cours.

Il n’y a qu’un seul moyen d’investir : étudier l’investissement projeté. Ses caractéristiques, sa rentabilité interne, sa valorisation, etc. Ce n’est pas en étudiant les marchés financiers que cela sera possible. Etudier les marchés financiers, c’est de la pensée magique ou, au mieux, un argument de marketing.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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