Donald Trump se rêve en chef d’orchestre d’un pays grandiose. Mais entre la fuite des touristes, la défiance des créanciers, la montée des tensions budgétaires et l’illusion d’un bouclier antimissile à plusieurs milliers de milliards de dollars, le tempo économique semble de plus en plus désaccordé.
Trump se vante, se vante beaucoup, se vante de tout. Et tout ce qu’il fait est grand, et il est normal que l’Amérique lui ressemble. Une Amérique « plus attractive et plus admirée que jamais », pour reprendre ses propres termes.
Elle est peut-être admirée en secret. Ou alors ses admirateurs ont peur d’en prendre tellement plein la vue sur place qu’ils ne se sentent pas prêts pour vivre l’expérience vertigineuse d’une Amérique que serait passée en six mois du « XS » à « XXL ».
Le nombre d’arrivées dans les aéroports américains dévisse depuis fin janvier.
Le mois dernier, le nombre de passagers européens se rendant aux Etats-Unis a chuté de 18 % par rapport à l’année précédente. Les passagers en provenance du Mexique et du Canada ont diminué respectivement de 19 % et de 7 %.
Toutes catégories de déplacement sont touchées : baisse du tourisme, des voyages d’affaires, des voyages d’études et des voyages officiels.
Les réservations sur les vols internationaux à destination des Etats-Unis pour l’été 2025 sont à un niveau assez catastrophique. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les compagnies aériennes, mais surtout, ce sont des milliards, et peut-être des dizaines de milliards de recettes touristiques qui vont manquer à l’appel aux deuxième et troisième trimestres 2025.
Cela ne va pas aider à rétablir la balance commerciale américaine – principale obsession de Donald Trump !
Le maître des horloges verse du sable dans les rouages, et le crissement des engrenages obligataires nous écorche les oreilles… mais une majorité d’opérateurs – avec de la « techno » à fond les ballons dans leur casque audio – n’entendent aucun son « environnant ».
Les créanciers des Etats-Unis manifestent leur défiance vis-à-vis de la crédibilité budgétaire américaine, du risque d’inflation.
La confiance institutionnelle est en train de s’effondrer parce que personne ne veut plus supporter le risque de duration (le long terme est devenu illisible).
Le segment court se dégrade aussi, vu les anticipations d’inflation à six mois, ce qui indique que la Fed est piégée et que les baisses de taux deviennent difficilement envisageables.
Le marché doute que la Fed ait la capacité de reprendre le contrôle sur l’inflation (qui va dépendre de l’impact de la hausse des tarifs douaniers, les plus élevés face au reste du monde depuis 1932), ou d’assurer les équilibres budgétaires, alors que Trump pérennise un plan de réduction d’impôts tandis qu’il présente son projet de bouclier antimissile « Golden Dome » qui pourrait coûter plusieurs milliers de milliards de dollars sur une décennie.
Avec quel argent compte-t-il financer cette chimère stratégique puisque les technologies d’interception des missiles hypersoniques restent embryonnaires et même pas encore au stade des essais ? Le maître des horloges a-t-il vérifié que c’était la meilleure heure pour faire ce genre d’annonce ?
Se lancer dans une nouvelle guerre des étoiles quand il devient difficile de lancer une petite émission obligataire de quelques milliards sur du 20 ans un mercredi matin, c’est faire preuve d’un excès de confiance dans la crédulité des marchés.