En examinant le nouveau programme économique de Joe Biden – publié la semaine dernière – le Washington Post a remarqué avec enthousiasme qu’il marchait sur les plates-bandes populistes de Trump.
Dommage ! Vu ce qui arrive, nous sommes tous susceptibles d’avoir la nausée.
L’arnaque gagnante
Le président Trump et le candidat à la présidentielle, Joe Biden, déclarent tous deux vouloir restituer sa grandeur à l’Amérique. Mais aucun des deux n’a la moindre idée, apparemment, de ce qui afflige le pays.
Un être réfléchi identifierait les dégâts provoqués par la guerre contre la drogue… la guerre contre la pauvreté… la guerre contre le terrorisme… la guerre contre le COVID-19… les déficits, l’argent falsifié, les taux d’intérêt falsifiés, la dette… le Marigot… et le Deep State.
Un honnête candidat à la présidence voudrait y mettre un terme.
Mais au contraire, Démocrates et Républicains ont l’intention d’y aller encore plus fort.
Donald Trump a affirmé à la fin de la semaine dernière que Joe Biden avait copié son excellent – son merveilleux, en fait – programme économique. Biden l’a « plagié », a-t-il déclaré.
Ce n’est pas surprenant. Quand on dispose d’une arnaque électorale gagnante, il est probable que les deux camps veuillent s’en servir. En Argentine, par exemple, la stratégie électorale qui fonctionne est assez simple :
Détruire l’économie via les taxes et les réglementations… rendre les gens dépendants du gouvernement… et imprimer de l’argent frais pour faire des cadeaux aux masses urbaines.
Dans les années 1950, l’ex-président de l’Argentine, Juan Perón, a prouvé que cela fonctionnait. Depuis, pratiquement personne n’a remporté la Casa Rosada (la « Maison rose », version argentine de la Maison-Blanche) sans suivre ce programme.
L’attrait de l’argent gratuit était si fort que les partis concurrents se sont rapidement effondrés. En lieu et place, le parti au pouvoir de Perón s’est scindé en deux factions : les péronistes de droite et les péronistes de gauche.
L’une vantait son programme à des individus conservateurs, culturellement. L’autre visait le marché plus social-libéral. Mais les deux factions ont respecté le cahier des charges de base : promettre, imprimer, faire faillite.
Illusion et imposture
Aujourd’hui, nous voyons le spectre de Juan Perón transparaître à la fois dans le programme de Trump et les propositions de Biden.
Nous constatons également que l’ex-gouverneur de l’Alabama, George C. Wallace, était en avance sur son temps, en remarquant qu’entre Républicains et Démocrates, « il n’y avait pas une once de différence ».
Les deux camps veulent séduire l’électeur indécis ordinaire via une illusion doublée d’une imposture selon laquelle l’Etat pourrait améliorer l’existence des gens en trafiquant l’économie à son gré… et en distribuant l’argent issu de la planche à billets.
Le Washington Post décrit ainsi le plan de relance de M. Biden :
« Biden, qui nomme son plan ‘Build Back Better’ [NDR : « reconstruire mieux »], propose d’investir dans la production, chose promise par Trump mais qu’il n’a pas tenue. Le plan Biden compte ‘400 milliards de dollars pour l’achat des produits et matériaux dont notre pays a besoin pour moderniser nos infrastructures, reconstituer nos réserves cruciales, et renforcer notre sécurité nationale’.
Le plan promet également de lutter contre les pratiques commerciales déloyales, de financer la création d’emplois dans le secteur des énergies vertes, d’investir 300 milliards de dollars dans la recherche de nouvelles technologies (‘en créant des millions d’emplois bien payés et syndiqués’), de soutenir les agents de l’éducation et les aidants (c’est-à-dire les congés maladies, garde des enfants), de consacrer plus d’argent à l’éducation, et de sécuriser l’Affordable Care Act (c’est-à-dire baisser le coût des médicaments sur ordonnance, stopper les frais médicaux surprises et offrir une solution publique permettant de couvrir des millions d’Américains qui n’ont pas accès aux soins). Enfin, il s’est engagé à présenter un programme complet permettant de remédier aux inégalités raciales. »
Nous pouvons presque entendre des notes de tango et humer le parfum de l’argent frais débité par la planche à billets.
Aucun cliché n’a été omis ! De la poule-au-pot pour tout le monde. Aucune occasion de gaspiller l’argent public ne sera négligée. Et tout le monde se fera faire les poches.
Du blabla
L’Etat ne va pas « investir » avec succès dans la production (comment un bureaucrate peut-il savoir quelle société réussirait ?). A la place, l’Etat va donner de l’argent à ses compères et à ceux qui financent les campagnes électorales, tout en affirmant « soutenir les emplois de la classe ouvrière ».
Et il ne va pas non plus « renforcer notre économie nationale » en achetant un peu plus de trucs inutiles aux entreprises de la défense, pleines aux as.
Il ne va pas non plus remédier aux pratiques commerciales « déloyales » (encore d’autres sanctions ? D’autres tarifs douaniers ?)… Ni créer « des millions d’emplois bien rémunérés et syndiqués », en investissant dans les nouvelles technologies (les entreprises technologiques débordent déjà de capitaux… Elles n’ont pas besoin, en plus, de l’argent bidon de l’Etat).
Et depuis quand les entreprises technologiques ont-elles des syndicats ? C’est bien connu, le secteur des technologies évolue vite, et il est entrepreneurial : le syndicalisme serait néfaste.
En ce qui concerne le reste, c’est le discours typique et prévisible des deux partis.
Alors voyez-vous, chers lecteurs, le président Trump a raison. Le programme de Biden est tout aussi idiot que le sien.
Encore du péronisme
Aucun candidat ne mentionne même le danger le plus important de tous, auquel le pays est confronté… Cette année, le gouvernement Trump va collecter environ 3 000 milliards de dollars de recettes fiscales. Mais il dépensera 7 000 milliards de dollars.
En ce moment, quelque 33 millions de personnes perçoivent des indemnités de chômage s’élevant en moyenne à 57 000 $ par personne et par an. C’est 10 000 $ de plus que ce que gagne le salarié moyen qui travaille.
La Réserve fédérale autorise ce déferlement de dépenses en imprimant de l’argent dans un esprit de type « quoi qu’il en coûte », pour que la fête continue.
Et même si n’importe quel idiot voit bien que c’est un désastre garanti, les deux candidats proposent le même bla-bla : plus de dépenses, plus de réglementations, plus de dettes et de déficits… et plus d’argent frais pour le payer.
Plus de péronisme, en d’autres termes : rendre les gens dépendants du gouvernement, imprimer de l’argent pour financer des programmes « populistes »…
… et persister jusqu’à ce que nous devenions tous fauchés.