La Chronique Agora

Les banques centrales vont-elles vendre leur or ?

** L’expiration des accords sur l’or entre les banques centrales (Central bank gold agreement) en septembre de cette année pourrait précipiter une nouvelle étape du rôle de l’or en tant qu’actif de réserve. Les banques vont commencer à le stocker au lieu de le vendre. Mais que voit-on en Allemagne ? Le Guardian rapporte que des politiciens allemands complètement idiots veulent vendre l’or du pays pour financer le plan de relance. C’est un peu comme un drogué qui vend son corps pour s’acheter sa dose. L’addiction mène à l’avilissement, alors que la défonce est éphémère. Et la descente est encore pire.

– Le Guardian déclare que "mercredi, le ministre des Finances allemand, Peer Steinbrueck, a déconseillé aux banques centrales de vendre leurs réserves d’or, après qu’un conservateur senior ait annoncé que la Bundesbank pourrait agir de la sorte pour aider les mesures de relance du gouvernement". Vous voyez. Les ministres des finances comprennent la valeur propre à l’or en tant qu’actif de réserve. Non seulement l’Allemagne possède 11% des réserves d’or du monde, mais 64% de ses réserves monétaires sont en or, selon le World Gold Council.

– Pourquoi les Allemands — d’habitude si prudents — échangeraient-ils de l’or contre de la monnaie papier ? Eh bien, peut-être qu’ils ne le feront pas. "Je ne crois pas qu’il y ait un risque que cela se produise au cours de l’année", a déclaré Eugen Weinberg au Guardian.

– Weinberg est analyste en matières premières à la Commerzbank. Il a ajouté que "même si la Bundesbank a un quota (pour les ventes) selon les accords sur l’or, je ne crois pas que cela va se faire. A chaque fois que le prix de l’or augmente, et à chaque fois qu’il est à un niveau élevé… (on en parle)… Mais je ne crois pas qu’il y ait le moindre risque que cela se produise réellement. A l’heure actuelle, il n’est pas dans l’intérêt des banques de vendre leur dernier refuge".

– Seul un bureaucrate borné qui n’y connaît rien à l’histoire monétaire vendrait l’or d’une nation dans une période comme celle-là. C’est une mauvaise opération ? Mais depuis quand les politiciens sont ils de bons traders ?

** D’ailleurs, si vous cherchez à faire une bonne opération en ce moment, Jeff Clark est d’avis que vous devriez vendre le dollar américain et chercher une augmentation correspondante dans le prix des matières premières.

– L’indice du dollar mesure le dollar américain face à beaucoup d’autres devises. Il est remonté au moment où les investisseurs se sont jetés sur les bons et les notes du Trésor américain. C’est agréable d’investir avec la Fed, vous ne trouvez pas ? Mais la même semaine, la machination de Bernie Madoff a fait la une des journaux, le billet vert a commencé à vaciller, et des rumeurs de plans de relance de milliers de milliards de dollars à Washington et de la Fed achetant des bons du Trésor ont mis fin au rebond.

– Depuis, Jeff pense que nous avons affaire à ce que les Anglo-Saxons appellent un dead cat bounce, un "rebond de chat mort" — et notre félin est peut-être à court de momentum haussier. Attention en dessous !

– Si le dollar cède du terrain, ce n’est pas au dollar australien. Mais il pourrait laisser la place aux matières premières survendues.

– Il sera difficile pour la plupart des secteurs du marché des ressources naturelles de rebondir grâce à des bénéfices plus solides cette année pour la simple raison que les bénéfices ne vont pas beaucoup augmenter (sinon dans l’énergie, l’agriculture et les métaux précieux : pour investir simplement et profitablement dans ces secteurs, suivez les conseils d’un professionnel…). Qui plus est, le FMI a annoncé que le marché mondial s’était effondré à un rythme annuel de 45% au cours des trois derniers mois !

– Une contraction de 45% sur le marché ? Est-elle déjà prise en compte dans le prix des ressources ? Ou cela suggère-t-il que, comme nous le pensons, il n’y aura pas de rémission dans la production industrielle cette année, et donc pas de soulagement pour les matières premières industrielles et les métaux de base (malgré leur statut survendu) ?

– La seule bonne chose qu’on puisse dire, c’est que les derniers jours indiquent que la quantité de ventes semble avoir diminué dans le secteur des matières premières. Les fonds à effet de levier et les investisseurs institutionnels semblent avoir finalement soldé leurs positions. Cela laisse de la place pour un rebond, puisqu’il y a si peu de vendeurs sur le marché.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile