La Chronique Agora

Le seul avantage de l'euro en ce moment…

▪ Nous accueillons actuellement un groupe d’investisseurs en visite en Australie ; nous leur avons parlé de nos prévisions et de nos stratégies pour 2010. Celles-ci impliquent principalement plus de liquidités, moins d’actions — mais plus ciblées vers les secteurs où il y a pénurie –, et une poignée de valeurs sur l’énergie, les métaux précieux et les small caps.

Cela peut sembler un peu contradictoire : baissier sur la Bourse mais haussier sur ses secteurs les plus risqués. Mais nous dirions que le plus gros risque, c’est d’être positionné sur les banques et autres grandes valeurs — étant donné les récompenses qu’elles offrent. Il vaut mieux avoir au moins quelques actions là où, quand les choses se passent bien, le cours de la valeur peut être multiplié par trois, cinq ou dix.

Mais 2010 sera surtout l’année où la solvabilité de l’Etat providence sera sur le devant de la scène. Les gens commencent lentement à comprendre que l’énorme dette sociale des Etats doit être payée par quelqu’un. Et si l’économie n’est pas en pleine croissance, il est difficile de "partager les richesses". Il faut plutôt "les emprunter à droite et à gauche". Et on s’endette.

La Grèce, par exemple, a un déficit budgétaire de près de 12%, soit quatre fois le montant fixé par les bureaucrates de l’Union européenne à Bruxelles pour rester membre en bonne et due forme. Le pire pour la Grèce, c’est que son ratio dette/PIB total se dirige vers les 120% — ce qui est plutôt mauvais, même selon les critères américains et britanniques (mais plutôt bas d’après les critères japonais).

▪ Les chefs financiers de l’UE éprouvent peut-être une certaine satisfaction à réprimander la Grèce. Mais ils vivent tous dans la même immense maison de verre monétaire. C’est le talon d’Achille de l’union monétaire européenne. Douze économies, un seul taux d’intérêt, zéro flexibilité. Difficile d’imaginer une meilleure recette pour une crise budgétaire.

Notre vieil ami Marc Faber conseille de se méfier des PIIGS — Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne. Ce sont les pays européens qui ont emprunté pendant le boom et doivent maintenant rembourser. Si ces pays avaient leur propre politique monétaire, ils pourraient fixer des taux d’intérêt plus bas ou imprimer des devises. L’inflation détruirait ainsi une partie des dettes accumulées.

Mais les dirigeants des banques centrales européennes n’ont pas autant envie de jeter leurs devises aux chiens que leurs homologues de la Fed. Il ne reste donc plus aux PIIGS la moindre stabilité monétaire ou budgétaire. Ils doivent vivre selon leurs moyens, réduire leurs dépenses ou obtenir un renflouement de la part de leurs voisins.

Cette situation nous permet de nous rendre compte à quel point la "richesse" moderne n’est en réalité qu’une dette habillée de vêtements de marque, au volant d’une voiture de luxe. Et ça, c’est seulement au niveau des foyers. Nous pensons que certains pays européens vont se rendre compte cette année qu’on ne peut pas redistribuer indéfiniment ses richesses pour atteindre ses objectifs de justice sociale et d’égalité… si l’économie elle-même ne produit pas de richesses.

Faber estime que l’un des PIIGS va faire faillite dans les prochaines années. Quant à savoir si cela va provoquer une crise de la devise en Europe, la question demeure. Tout ce que l’euro a pour lui en ce moment, c’est qu’il n’est ni le dollar, ni le yen. Et c’est bien peu de choses.
[NDLR : Quoi que fasse l’euro (ou le dollar, ou le yen… ou tous les autres) dans les mois qui viennent, vous pouvez transformer ses mouvements en centaines d’euros de gains. Comment ? Tout est expliqué ici…]

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