La Chronique Agora

Le dollar met à mal le pétrole et les autres devises

** L’économie australienne n’a pas subi de récession depuis 17 ans. C’est une performance de croissance plutôt impressionnante. Mais si l’économie était un adolescent, on se demanderait combien de temps sa croissance va encore durer.

– L’économie n’est évidemment pas un adolescent. L’économie australienne, qui pèse 1 000 milliards de dollar, est probablement beaucoup plus compliquée que le cerveau d’un jeune de 17 ans. Mais au deuxième trimestre 2007, la croissance n’était que de 0,3%. Par rapport à la même époque l’an dernier, le PIB de l’Australie a augmenté de 2,7%, ce qui est mieux que les Etats-Unis (2,2%), le Royaume-Uni (1,4%) et l’Allemagne (1,7%).

– L’ancien sénateur américain Everett Dirksen a dit un jour, paraît-il, que l’utilité principale du PIB était de rendre tout le reste petit en comparaison. Et de fait, qui se pavane et augmente la valeur de toutes les transactions économiques dans un trimestre donné ? Ces chiffres ne sont-ils pas une arnaque ? Et l’obsession qui en découle n’est elle pas basée sur une autre arnaque, qui consiste à faire croire que l’économie est une machine bien huilée qui ne peut pas être trafiquée, aiguillée, et manipulée par les autorités politiques et économiques ?

** Est-ce que quelque chose a vraiment changé cette semaine ? Ça n’en a pas l’air. Dissimulées sous les données du PIB, les dépenses des ménages australiens ont chuté. Quoi d’autre ? Nous commençons seulement à mesurer jusqu’à quel point la consommation était financée par des cartes de crédit ou piochait dans les autres capitaux.

– En termes de vertus personnelles, plus d’épargne et moins de dépenses sont probablement bons pour l’être humain. Si l’on tient compte des chiffres globaux, cela engendre une croissance du PIB plus faible. Ceci dit, si la croissance se fait au prix de dettes, alors peut-être faudrait-il essayer de faire sans pendant quelques trimestres. Nous obtiendrions un autre type d’économie au fil du temps, mais elle serait plus productive et moins endettée.

– Aux Etats-Unis, il ne s’agit que de politique. Cela suffit à donner des maux d’estomac, ce que j’ai moi-même subi pendant ces derniers jours. C’est peut être le décalage horaire. Mais je pense que c’est plutôt le spectacle de ces dizaines de millions de gens qui pensent sincèrement qu’on peut vivre aux dépens des autres.

– Sur les marchés, toute l’action se déroule du côté des devises, ce qui entraîne ensuite des réactions du côté du pétrole, de l’or et des matières premières. Le dollar américain semble peu à peu devenir la devise la moins horrible du marché. La livre britannique chancelle sous la lourde incompétence de Gordon Brown et Alistair Darling (et sous la bulle de l’immobilier et des dettes de la Grande-Bretagne).

– Vous savez ce que nous pensons du billet vert sur le long terme. Mais le rally du dollar pourrait montrer de la vigueur, surtout si l’on continue à envisager des risques politiques croissants sur les marchés asiatiques (Japon, Thaïlande, Indonésie). Hier, nous avons déjeuné avec un ancien collègue qui nous a dit que cela ressemblait aux ombres de 1998 et à la crise des devises qui s’était produite à l’époque, mais avec quelques variantes.

– Quelles variantes ? Et bien, en 1998, les Etats-Unis enregistrait un surplus de budget annuel rare (et fictif — pour être honnête). Les recettes fiscales se déversaient dans les coffres fédéraux plus vite que le gouvernement fédéral ne pouvait les redistribuer. L’explosion des valeurs dot.com entrait dans sa phase irrationnelle, et le dollar était roi.

– Aujourd’hui, les finances fédérales américaines ne sont plus si roses. Le gouvernement va annoncer un déficit annuel de près d’un demi-millier de milliard de dollar. Pourtant, dans le jeu de la dévaluation compétitive des devises fiduciaires, les autres pays suivent ce que la Fed a commencé l’année dernière.

– Un dollar plus fort va stopper la montée du pétrole et de l’or, et probablement effectuer quelques mises au point auprès des compagnies minières et de ceux qui investissent dans les ressources. Nous ne serons pas assez téméraires pour moyenner à la baisse. Mais vous devriez malgré tout conserver une liste des projets sains dans le secteur des ressources naturelles avec d’excellents gisements minéraux. Pour ensuite tenter de les acheter en soldes.

 

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