La Chronique Agora

Le diable de la dette attend son heure

▪ Le diable de la dette finira par obtenir son dû…

A la Chronique Agora, nous haïssons peut-être le diable et renonçons à ses oeuvres… mais nous parions sur lui malgré tout.

Les investisseurs pensent que la reprise est réelle… et qu’elle fera grimper les prix des matières premières et des actions. Le dollar, en revanche, est cuit.

Mais nous avons le sentiment que le diable est du côté du dollar. Explication :

"Comment Wall Street va tuer la reprise", titrait BusinessWeek.

Tout le monde comprend enfin comment les choses fonctionnent. Les grandes banques prennent l’argent des autorités… puis l’utilisent pour spéculer… ou le re-prêtent à la Fed pour un gain facile de 400 points de base.

Chez SeekingAlpha, on parle du "retour de la finance-zombie japonaise". Au Wall Street Journal, on parle des "banques-zombie" des Etats-Unis.

Mais ces monstres ne font que réagir au coup de jus administré par les docteurs Frankenstein de la Fed et du Trésor américain. Il est devenu très peu rentable de détenir des liquidités ; les autorités en créent à pleines poignées. On obtient un taux de rendement minimal sur les liquidités… tandis que les autres actifs grimpent. Les autorités ne peuvent s’arrêter… ou changer de cap… sans faire couler l’économie tout entière. Elles peuvent parler d’une "stratégie de sortie"… mais les issues sont bloquées.

▪ Rappelez-vous que les liquidités sont créées lorsque les autorités "monétisent la dette" en achetant des obligations du Trésor américain. Pour sortir… c’est-à-dire pour réduire la base monétaire… elles devraient revendre ces obligations sur le marché libre.

Vous voulez rire ? Après avoir été le plus grand acheteur de la planète ? Imaginez ce qui arriverait au marché obligataire si les investisseurs réalisent que la Fed vend ! Ca n’arrivera pas. Au lieu de ça, cette augmentation de 1 000 milliards de dollars de la base monétaire américaine sera plus ou moins permanente… et finira par réapparaître en tant qu’inflation.

Les autorités n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe. Elles sous-estiment en permanence le diable… le marché… et l’économie. Et elles se surestiment en permanence.

▪ Bref, les vétérans avaient raison. Pour eux, une économie était une chose naturelle… comme un éco-système… ou un langage. Elle suivait des règles naturelles… des règles qu’aucun homme ne pouvait changer. C’était comme un organisme vivant. Elle devait inspirer et expirer. Et comme toutes les choses sur notre Terre, elle était soumise à des lois morales. Faites ce qu’il ne faut pas et vous (une économie aussi bien qu’un individu) en paierez le prix. On n’obtient pas ce qu’on veut des marchés… on obtient ce qu’on mérite.

Cela semblait intuitivement correct à des générations d’économistes. Non seulement ça, mais cette théorie avait été prouvée à maintes reprises. Chaque fois que les gens empruntaient trop et dépensaient trop, ils finissaient dans le mur.

Vous demanderez peut-être : "trop, c’est combien ?" Selon les chiffres compilés et analysés par les professeurs Reinhart et Rogoff, c’est impossible à déterminer. Un pays peut supporter une dette publique de 200% de son PIB (le Japon nous vient en tête)… un autre s’effondre à 50% (pensez à l’Argentine). Un homme comme Donald Trump peut avoir des millions de dollars de dette… un autre fait faillite si on lui prête 20 $.

(A un moment de sa carrière, Donald Trump était l’homme le plus pauvre du monde. Sa valeur nette était négative de plusieurs dizaines de millions de dollars (nous ne nous rappelons plus le chiffre). Partout dans le monde, des centaines de millions de gens auraient pu dire : "je suis plus riche que Donald Trump". Même si vous n’aviez pas un centime, vous étiez plus riche que Donald).

Alors, à combien a-t-on trop de dette ? Tout dépend de ce pour quoi vous utilisez l’argent… combien d’actifs vous avez… si vos revenus sont en hausse ou en baisse… et un certain nombre d’autres questions. Mais même si les réponses ne sont pas simples, les questions devraient malgré tout être posées : si vous accumulez des dettes, comment allez-vous les rembourser ? Que se passera-t-il si vous ne les remboursez pas ?

Un professeur de l’université de Bâle, Peter Bernholz, pense avoir la réponse. Il a étudié les cas d’hyperinflation. Il pense qu’on a de l’hyperinflation chaque fois que le gouvernement dépense 166% ou plus de ce qu’il encaisse en revenus. Voilà qui devrait déclencher la sonnette d’alarme. Le budget américain est désormais à 170% environ des recettes fiscales.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile