La Chronique Agora

La vraie raison de la guerre commerciale de Trump

L’arrestation de la directrice financière de Huawei montre que Trump n’est pas un négociateur coopératif, gagnant-gagnant mais assoiffé de pouvoir.

L’arrestation d’une citoyenne notable, dans un pays étranger, a étonné le monde. Mme Meng a été emprisonnée à Vancouver parce que, lorsque les Etats-Unis ont donné à son entreprise chinoise l’ordre de décamper, elle ne s’est pas exécutée.

Cette arrestation — à moins d’un revirement rapide — bloquera sans doute toute tentative d’atteindre un accord gagnant-gagnant avec les Chinois.

Ce qui laissera l’équipe Trump sans alternative plaisante. Elle pourrait continuer sa guerre commerciale idiote, mais cela provoquerait l’effondrement boursier que M. Trump veut éviter.

Ou bien elle pourrait reculer — et les Etats-Unis auraient l’air d’un gogo.

Il est plus probable que Trump choisira la troisième option : crier victoire et laisser les choses marcher comme si de rien n’était, en toute discrétion. C’est la solution qui a été appliquée pour l’ALENA : cela a semblé fonctionner.

Mais le Canada n’est pas la Chine. L’économie américaine dépend de l’économie chinoise. Les deux fonctionnent ensemble comme une machine. La première injecte de l’argent factice dans l’économie mondiale. La deuxième fabrique des produits bon marché.

L’arrestation de la directrice financière de Huawei ressemble à la sorte de grain de sable qui pourrait gripper les engrenages, voire briser la colonne de direction.

[NDLR : c’est sans compter avec un autre grain de sable tout prêt à venir aggraver la situation…et à vous fournir de beaux gains par la même occasion, si vous agissez maintenant. Cliquez ici pour en savoir plus.]

L’origine de l’espèce

Aujourd’hui… pour mieux comprendre l’importance potentielle de l’arrestation de Mme Meng… nous regardons au-delà de la machine… et nous nous penchons sur les animaux qui la dirigent.

C’est-à-dire que nous regardons l’origine de notre espèce.

Nous verrons pourquoi les Homo Sapiens ont réussi à donner des ordres au bétail et aux chardons… et comment nous nous mettons dans de terribles pétrins — en essayant de nous dicter mutuellement notre conduite.

Commençons par reculer d’un million d’années environ. Là, peut-être sur les rives du Jourdain, une forme d’Homo Erectus donnait une fête.

A chaque fois qu’un couple arrivait, les mâles présents toisaient le nouveau… recherchant peut-être un sourire… ou la posture relâchée de quelqu’un qui ne présente pas de menace.

Il se tournaient ensuite vers la femelle et la regardaient de haut en bas, avec des regards plus longs et plus appuyés : c’était elle qui les intéressait vraiment.

C’est à peine si les autres femelles regardaient les mâles. Elles aussi guignaient les femelles — mais pour jauger la concurrence.

Nous avons assisté au même phénomène lors de la fête de Noël du bureau vendredi dernier. Les hommes regardaient principalement les femmes. Les femmes regardaient elles aussi principalement les femmes.

Pourquoi ?

L’homme est un animal social. Le concept de l’ermite robuste est surtout un mythe… et une impasse.

Nous avons besoin de nous comparer aux autres ; nous avons besoin de nous sentir supérieurs. Sans personne à nos côtés, nous n’avons pas de but.

Les hommes en isolement… ou naufragés sur une île déserte… peuvent survivre. Mais ils perdent un peu la boule. Ce n’est qu’en groupe que les gens peuvent se repérer.

L’être humain a pu survivre dans les savanes africaines uniquement parce qu’il communiquait et coopérait avec ses congénères pour repousser des prédateurs plus forts et plus rapides avec des pierres et des bâtons.

Seul, il était mort. Mais avec d’autres — travaillant ensemble pour chasser, se défendre et se répartir le travail de manière à être plus productifs –, il prospéra… et en vint à dominer la planète.

Se nourrir et produire

Nous sommes tous, aujourd’hui, les descendants de personnes qui voulaient s’accoupler et se reproduire.

Ce désir, en plus de la survie elle-même, est le sine qua non de l’existence. Si vous ne voulez pas manger ou procréer, vos gènes ne seront pas transmis.

De toute évidence, nous sommes le produit de ceux qui voulaient manger et procréer. Il est très probable que nous le voulons aussi.

Les deux impliquent une concurrence. Les ressources alimentaires naturelles de la planète ne sont pas infinies. Dans toute région donnée, il n’y a qu’une quantité limitée de fruits mûrs et d’animaux trop lents.

Durant les millions d’années d’évolution humaine qui ont fait de nous ce que nous sommes, il y a dû avoir bon nombre de proto-humains trop lents, trop bêtes ou trop malchanceux pour pouvoir se nourrir en suffisance.

Des tribus entières… peut-être même des sous-espèces de primates entières… ont disparu.

L’homme de Neandertal, par exemple, a survécu pendant des centaines de milliers d’années. Ensuite, Homo Sapiens Sapiens (nous) est arrivé sur la scène. Quelques millénaires plus tard, Neandertal avait disparu, ne laissant qu’une trace de son ADN — en nous.

Il y a aussi de la concurrence lorsqu’il s’agit d’accouplement. Les femmes ne peuvent avoir que quelques enfants. A la marge, les femmes dont les enfants survivaient étaient probablement celles qui étaient le plus sélectives quant à leur compagnon.

Repérer avec qui transmettre ses gènes

Elles choisissaient des hommes forts, rapides, intelligents et prospères. Cela augmentait les chances que leurs enfants héritent eux aussi de ces caractéristiques.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, les hommes et les femmes se guettent pendant les fêtes. Ils cherchent à repérer le ou la bonne compagne et évaluent la concurrence.

C’est pour cela qu’ils se font beaux lorsqu’ils sortent — même s’ils n’ont pas l’intention immédiate de s’accoupler : la pratique est désormais instinctive, intégrée à nos gènes.

Qui est le plus fort ? Qui est le plus rapide ? Qui est le plus intelligent ? Qui est le plus attirant ?

C’est là que commence le développement de l’être humain tel que nous le connaissons.

Depuis la révolution agricole il y a quelque 5 000 ans, la survie a rarement été son principal souci. Il y avait des famines de temps en temps. En revanche, l’accouplement… trouver, attirer, forcer ou séduire… était toujours en tête de liste.

A la recherche du mieux relatif

L’être humain voulait améliorer les choses de manière à avoir soit plus d’opportunités de s’accoupler soit de meilleures opportunités.

Mais c’était un « mieux » relatif qu’il voulait, pas un « mieux » absolu. Cela ne fonctionnait que s’il devenait plus riche, plus intelligent et plus capable — par rapport à ses rivaux.

Ainsi, en plus de devenir un négociateur coopératif, gagnant-gagnant, il a acquis un esprit de compétition redoutable et est devenu férocement jaloux, compétitif, assoiffé de pouvoir, impitoyable et vindicatif.

C’est alors qu’est arrivée la nouvelle de l’arrestation de Mme Meng.

A suivre…

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