** Le marché US a fait un tel retour en force, mardi, que nous en avons été déprimé.
* Nous avions pourtant tout compris. "Enfin", avions-nous pensé, "la marée se retire".
* Nous aimions bien cette expression. Elle semblait d’une solidité pleine de bon sens. Une fois que la marée se retire, on ne peut pas discuter… ou l’analyser. La liquidité part dans l’autre direction, point à la ligne.
* Et que s’est-il passé ? Le Dow a grimpé de 319 points sur la journée de mardi.
* Soit nous avons tout faux… soit dix millions d’investisseurs n’ont pas la moindre idée de ce que fait la marée.
* A la Chronique Agora, nous avons rarement tout faux… mais nous faisons souvent des erreurs. Quelque chose qui doit se passer se passe, en général, mais pas nécessairement quand nous l’attendons. Le dollar devrait baisser. Les actions devraient baisser. L’épargne devrait grimper. La maison moyenne devrait baisser. Le ménage moyen devrait arrêter de dépenser autant d’argent. Notre dernier livre (à paraître en France dans quelques mois) devrait gagner un prix. Il y a des choses sur lesquelles on peut compter, cher lecteur. Mais ne nous demandez pas de suivre un planning.
* Bien entendu, il y a sur Terre et sous les cieux bien plus que ce que contient notre philosophie — mais pas beaucoup plus ! Par conséquent, si nous pensons que les actions devraient baisser… c’est qu’elles devraient sacrément baisser… sinon tôt, du moins tard.
* De notre point de vue, la grande bulle du crédit a des fuites. Selon une estimation, la crise du subprime pourrait finir par coûter jusqu’à un demi-millier de milliards de dollars. Hier, on a découvert de nouvelles estimations — l’une à 200 milliards de dollars, l’autre à 400 milliards. Quelle que soit la facture au total, cent milliards par ici… cent milliards par là… ça finit vite par faire de vraies sommes. Et lorsque cet argent disparaît, il faut bien s’attendre à ce que les gens aient moins d’argent à distribuer de droite et de gauche.
* "Le bain de sang sur les marchés financiers et de crédit va se poursuivre et s’aggraver radicalement", écrit Nouriel Roubini.
* Selon Roubini, les banques n’ont confessé que leurs pertes du troisième trimestre 2007. Mais rappelez-vous : le problème, avec les prêts subprime, c’est que le nantissement — les maisons — perd de sa valeur. Plus il perd de valeur, plus la crise empire. Nous ne connaîtrons pas l’ampleur des pertes pour 2007 avant que les rapports annuels ne sortent, au printemps 2008. Et à ce moment-là, les pertes pour 2008 pourraient être pires encore.
* Pendant ce temps, un article sur CFO.com avertit les investisseurs :
* "Ne vous attendez pas à voir les retombées de la crise du crédit subprime s’arrêter de sitôt"…
* Mais cette semaine, Wall Street a agi comme si tout était déjà oublié.
** Des corrections, des corrections, des corrections…
* La glissade des actions corrige… la hausse du Dow est probablement une correction dans ce qui finira par être considéré comme un marché baissier. L’or a corrigé également, chutant de plusieurs dollars avant de se reprendre un peu. Le pétrole corrige aussi… à un peu plus de 90 $ à l’heure où nous écrivons ces lignes. Les matières premières — et le cuivre en particulier — corrigent également. La seule chose qui ne corrige pas encore, c’est le dollar.
* Des corrections, des corrections, des corrections… ou alors est-ce que tout ceci marque une nouvelle phase ? La déflation généralisée dont nous parlons est-elle déjà arrivée ?
* Probablement pas. Jusqu’à présent, ce ne sont que de petites corrections… qui arrivent bien en retard, pour la plupart. Rappelez-vous les bases :
* L’immobilier US chute parce qu’il n’est plus abordable…
* L’industrie financière chute parce que tout le monde a déjà bien assez de dettes…
* Les actions chutent parce que les bénéfices — provenant en majeure partie de la finance et de la dette — ont dépassé leur sommet…
* Le dollar chute parce qu’il y a trop de dollars et pas assez de véritables biens et services à acheter en échange…
* L’or grimpe parce qu’il constitue un refuge naturel et traditionnel en temps de crise monétaire.
* Alors tenons-nous en à la formule habituelle, du moins pour l’instant : vendez les actifs libellés en dollars lors des rebonds… achetez l’or durant ses creux.