La Chronique Agora

La lente disparition de l'idée de "reprise"

▪ On est en été… et c’est encore un peu les vacances en France.

Mais les enfants sont tous repartis. La maison est silencieuse. Notre bureau — qui bourdonne généralement d’activité quand les enfants et leurs amis sont là, vérifiant leurs e-mails… cherchant des billets bon marché… ou traînant simplement dans le coin — est aussi silencieux qu’une tombe. Le seul signe de vie est le cliquètement des touches à mesure que votre correspondant prépare sa chronique quotidienne.

Et qu’y a-t-il à chroniquer aujourd’hui ?

L’idée de "reprise" disparaît lentement. Les gens commencent à réaliser que nous sommes dans une Grande Correction, non dans une récession d’après-guerre typique.

"La Récession Sans Fin", titrait un journal financier.

"Les consommateurs lents à la dépense, les entreprises lentes à l’embauche", résume le Washington Post.

L’or a chuté. Les actions aussi.

Bien entendu, on trouve toujours une ou deux actions pour contrer la tendance. Et si vous êtes prêt à attendre… disons… 20 ans, vous vous en tirerez peut-être.

Mais durant les prochaines années, les actions américaines ne rapporteront probablement pas grand-chose. Le marché boursier est entré dans une phase baissière en janvier 2000. Depuis, les investisseurs boursiers ont gagné de l’argent et perdu de l’argent. Certains ont une petite longueur d’avance. D’autres ont un petit retard. La plupart ont stagné.

Le marché baissier ne s’est pas encore pleinement exprimé, toutefois. Les places boursières n’ont pas encore atteint leur rendez-vous avec le désespoir. C’est uniquement lorsqu’elles y seront que vous pourrez acheter des actions sans plus vous inquiéter de l’érosion des prix. Lorsque les vendeurs auront vendu, et qu’une personne ordinaire ne voudra plus rien avoir à faire avec les actions.

Les principes des "actions pour le long terme" ou des "actions pour tout le monde" ne sont pas des vérités permanentes et universelles. Ce sont simplement des passades cycliques. Les gens croient en les actions lorsque les actions se comportent bien. Ils cessent d’y croire lorsqu’elles cessent de bien se comporter.

Il y a des moments où les gens en viennent à penser qu’ils ne devraient jamais acheter d’actions. Ils pensent alors que les valeurs boursières sont des investissements réservés aux spécialistes — aux professionnels qui peuvent prendre le temps de comprendre ce qui se passe vraiment dans les entreprises dans lesquelles ils investissent. La notion qu’on peut acheter une action simplement parce qu’on aime bien le produit… ou parce qu’on a entendu que le secteur se porte bien… est alors considérée comme absurde. Et elle est effectivement absurde.

Mais c’est une absurdité qui apparaît durant un marché haussier et disparaît durant un marché baissier. Nous sommes actuellement dans un marché baissier. La prochaine jambe de baisse devrait ruiner M. et Mme Tout-le-Monde et remettre les cours à des prix cassés.

Elle mènera aussi les investisseurs à s’engager plus encore dans le marché obligataire. Tout à fait, cher lecteur : les investisseurs passeront de la Charybde des actions à la Scylla des dettes du Trésor US. Ils chercheront un endroit sûr pour leur argent. Et rien ne semblera plus sûr que le crédit de la plus grande économie au monde.

"Le gouvernement américain ? Faire défaut ? Arrêtez de plaisanter", diront-ils.

Mais les Etats-Unis feront bien défaut sur leurs paiements — d’une manière ou d’une autre.

Ils ont plus d’obligations financières et d’engagements qu’ils ne peuvent en supporter. D’une manière ou d’une autre, à un moment ou à un autre, ils devront s’en débarrasser — probablement grâce à un assortiment de réduction de dépenses, d’impôts et d’inflation.

Et tôt ou tard, ces obligations super-sûres perdront la moitié de leur valeur réelle. Probablement pas tôt… mais peut-être tard.

▪ "Eh bien, je n’oublierai jamais cet été", a déclaré dimanche Henri, notre voisin de 70 ans.

"Et c’est grâce à vous".

Henri a un fils de 30 ans encore célibataire. Lorsqu’il a entendu que notre fille Maria était en visite — avec deux de ses amies actrices — il a vite fait le calcul.

"Vous devriez inviter mon fils", a-t-il suggéré.

C’est ce que nous avons fait. Les jeunes gens se sont bien entendus. Et les filles n’ont pas mis longtemps à profiter de la piscine d’Henri.

"C’était un tel plaisir", se rappela Henri, "les jeunes filles sont venues en maillot de bain. Et elles sont si polies et gentilles. Je crois que l’une d’entre elles vient d’Australie. Je ne sais pas d’où venait l’autre, mais elle était tout aussi belle. Et Maria leur avait dit que les Français se font toujours la bise. Lorsque je les ai rencontrées, j’étais prêt à leur serrer la main, mais elles m’ont chacune fait la bise".

"Et je peux vous dire, en toute franchise, que ce n’est pas quelque chose qu’on voit tous les jours chez moi. Nous sommes dans la France profonde, après tout, pas sur la Riviera. Ce n’est pas tous les jours que trois ravissantes jeunes actrices en bikini me font la bise".

"J’espère qu’elles reviendront l’été prochain !"

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