La Chronique Agora

La Grande correction est-elle terminée ? Pas tout à fait !

▪ Faisons un petit récapitulatif de ce que nous avons vu jusqu’à présent.

La principale activité du gouvernement, c’est la protection. Toujours et en tous lieux, sa responsabilité principale, c’est la sécurité des frontières du pays, et celle de ses propres représentants. Ensuite, de manière secondaire, il se préoccupe de protéger les personnes qu’il gouverne.

Et bien entendu, il protège avant tout les intérêts des gens qui le contrôlent.

Une démocratie moderne est contrôlée par des groupes qui se font concurrence. Grâce à une combinaison de vol et de corruption, quasiment tout le monde obtient quelque chose. Les élites et les groupes puissants obtiennent beaucoup. Les masses moins puissantes obtiennent peu.

Durant la crise de 2007-2009, par exemple, les gouvernements ont agi rapidement pour protéger les intérêts de l’élite — avec des transferts de milliers de milliards de dollars vers les banques et leurs investisseurs obligataires.

Puis, alors que l’économie s’affaiblissait, les masses d’électeurs ont eu eux aussi besoin de pots-de-vin — des coupons alimentaires, des allocations, des emplois publics, etc.

Ces mesures ne produisent pas une prospérité authentique. Comment le pourraient-elles ? Ce ne sont que des usines à gaz et des renflouages. Mais elles donnent une apparence de stabilité et aident à maintenir le contrôle de la situation.

Comment les autorités peuvent-elles payer toute cette corruption et tous ces vols ? Elles doivent emprunter… faisant passer les coûts, dans les faits, à la génération suivante. Les dettes sont contractées aujourd’hui. L’argent est dépensé aujourd’hui. Il est censé être remboursé à un moment ou à un autre dans l’avenir, par des gens qui ne profitent ni des pots-de-vin, ni des vols.

Le secteur privé s’est débarrassé de la dette aussi vite qu’il le pouvait en 2008 et 2009. Les taux d’épargne sont passés de 2% du revenu disponible à 7%. Nous avons appelé ça une "Grande correction".

A présent, le processus de correction semble avoir calé. Tandis que le secteur privé se débarrassait de la dette, le secteur public la reprenait. Et il semble aujourd’hui que le privé recommence à emprunter.

Aux Etats-Unis, le taux d’épargne a chuté à 5% environ. La dette de carte de crédit a augmenté pour la première fois depuis le début de la crise. Les crédits "non-revolving" seraient à des sommets record.

Parallèlement, la dette gouvernementale américaine grimpe en flèche. L’administration Obama empruntera plus que toutes les administrations précédentes prises ensemble.

La Grande correction est-elle terminée ?

▪ Comment est-ce que ça va finir ? Par la faillite ? L’hyperinflation ? La révolution ?

Peut-être les trois.

Mais attendez. Et si les représentants du peuple avaient une illumination ? S’ils retournaient la situation, forçant le gouvernement américain à se désendetter en même temps que le secteur privé ?

Eh bien, tout est possible. Mais nous n’y compterions pas.

En attendant, voici une autre partie de notre hypothèse. Au cours du temps, les sociétés stables deviennent de plus en plus rigides à mesure que l’élite resserre sa prise. Elles se "zombifient", une partie de plus en plus grande de la société devient dépendante des allocations, des pots-de-vin, des usines à gaz, des marchés protégés et de la redistribution des revenus. Dans une démocratie, ça signifie que les chiffres commencent à aller contre l’évolution. Contre le changement. Contre la correction naturelle.

De plus en plus d’électeurs obtiennent du gouvernement plus qu’ils ne lui versent. Ils ne permettront aucun changement du système, parce que tout changement leur serait préjudiciable.

Donc, au cours du temps, les gouvernements deviennent de moins en moins capables de produire de la richesse… moins dynamiques… moins réactifs aux ajustements de l’évolution.

Comment est-ce que ça se traduit exactement ?

Eh bien, de très nombreuses manières différentes. Voici un exemple simple. Si la crise de 2007-2009 s’était produite au 19ème siècle, les grandes banques impliquées auraient fait faillite. Non seulement ça, mais les banquiers eux-mêmes auraient tout perdu — y compris leurs demeures dans les beaux quartiers. Parce qu’à l’époque, en général, un banquier était personnellement responsable de ses pertes. Ni les banques ni les sociétés d’investissement n’avaient l’avantage de la protection accordée aux entreprises.

Aujourd’hui, les entreprises en faillite restent en activité. Leurs dirigeants continuent à recevoir des bonus. Leurs pertes sont socialisées… ramassées par les autorités et distribuées à des gens qui ne les méritent pas — notamment la prochaine génération.

La plupart des gens pensent que ce processus durera éternellement… les coûts étant repoussés indéfiniment dans l’avenir. Mais ce ne sera pas le cas.

"La stabilité mène à l’instabilité", a déclaré Hyman Minski. Nous le voyons venir. La stabilité pousse les gens à croire que le système est éternel. Ils prêtent au gouvernement à des taux d’intérêt bas… ou acceptent sa nouvelle devise papier comme si elle était authentique. Cela permet au gouvernement de s’endetter bien plus qu’il ne le pourrait durant une ère "instable". La dette devient alors insoutenable… et le système s’effondre.

Quand ? Qui sait ? Mais tôt ou tard, les prêteurs se révoltent. Soit eux — soit la génération suivante.

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