Le choix des co-listiers s’avère plus important que jamais.
Les « rumeurs » de renoncement de Joe Biden à la course à la Maison-Blanche enflaient depuis une semaine, et elles s’étaient même faites très précises à la veille du week-end : la presse – majoritairement pro-démocrate – ne cessait de relayer les « fuites » de retrait imminent émanant de l’état-major présidentiel… (Sauf le directeur de campagne, qui continuait d’affirmer qu’il « irait jusqu’au bout », car il en avait la capacité.)
Des fuites si précises qu’elles fixaient le moment d’une « annonce » à ce dimanche 21 juillet, avant 20 h au plus tard (soit 14 h, heure de Washington).
La fameuse annonce a eu lieu à 19h55, heure de Paris (13h55 en local), et elle a été diffusée… sur Twitter, le réseau que contrôle Elon Musk, qui a annoncé une semaine auparavant – dans les heures qui ont suivi la tentative d’assassinat de Donald Trump – qu’il soutiendrait le candidat républicain, à hauteur de 35 M$ par mois.
Le choix de Twitter plutôt qu’une annonce simultanée des principaux networks ouvertement pro-Démocrates (ABC, CNN, Washington Post, Los Angeles Times, etc.) est en soi assez troublant, pour le moins !
Mais ce qui aurait encore plus troublé les électeurs démocrates, c’est un communiqué conjoint de sénateurs démocrates et des principaux donateurs (qui aurait été diffusé depuis le Delaware) appelant Joe Biden à renoncer à briguer un second mandat… comme l’avaient récemment fait des stars comme George Clooney, Michael Douglas, John Cusack, Mia Farrow… ou encore l’écrivain Stephen King.
Lâché par son camp et ses soutiens financiers, Joe Biden renonce donc comme chacun s’y attendait, mais il ne laisse – apparemment – aucune place pour le doute concernant la course à la Maison-Blanche : le président a immédiatement désigné sa colistière (depuis 2020), Kamala Harris, comme candidate du parti démocrate.
Un choix validé par Bill et Hillary Clinton (cette dernière avait été un temps pressentie, mais ses chances jugées nulles après un premier échec face à Trump en 2016) puis Barack et Michelle Obama (le nom de cette dernière a également beaucoup circulé comme possible recours pour affronter Donald Trump).
Les jeux seraient donc faits ?
Les faibles scores de Kamala Harris dans les sondages vont peut-être connaître une éphémère embellie après ce week-end de « clarification », mais pour combler l’écart par rapport à Donald Trump, il lui faudra, à elle aussi, bénéficier d’un « miracle » qui frappe très fortement l’opinion.
Kamala Harris est assez peu connue hors des frontières des Etats-Unis, mais les Américains la connaissent bien – ou plutôt les Américaines – car elle s’est beaucoup impliquée pour la préservation du droit à l’avortement, fortement « érodé » par de récents arrêts de la Cour suprême (nombre de ses membres ayant été nommés par Donald Trump pour leur profil « ultraconservateur » et « pro-life »).
La candidature de Kamala Harris ne réjouit pas un pays en particulier : il s’agit d’Israël, car elle a multiplié les appels à un « cessez-le-feu immédiat » à Gaza, et sommé Israël d’augmenter « de manière significative le flux d’aide humanitaire à destination des Gazaouis », après avoir exprimé son « inquiétude » concernant ce qui se déroulait dans l’enclave d’un point de vue humanitaire.
Elle s’est ainsi aliéné le soutien du très puissant « AIPAC » qui se vante d’avoir « fait et défait au fil des décennies les élections de centaines de politiciens américains siégeant au Congrès, en fonction de leur soutien plus ou moins affirmé à Israël.
Les arguments « femme » et « racisée » ne pèsent pas lourd face aux enjeux géopolitiques au Proche-Orient, avec Israël engagé dans une guerre – ouverte avec le Yémen – mais également de façon de plus en plus intensive avec le Hezbollah (les bombardements du Sud-Liban méritent d’être assimilés à un état de guerre), puis avec la Syrie (Damas est régulièrement bombardé).
Face à autant de conflits ouverts sur tous les fronts – du jamais vu depuis la « guerre des Six Jours » -, l’AIPAC exige des élus américains un soutien total et inconditionnel à Israël : même si Kamala Harris rencontrait rapidement Netanyahu – c’est désormais son rôle – pour le rassurer, il n’est pas certain qu’il lui ferait 100 % confiance.
Une autre question vient de surgir : qui sera le colistier ou la colistière de Kamala Harris ?
Est-ce qu’elle va trancher la question avant la convention démocrate qui démarre le 18 août, ce qui signifierait qu’elle a le feu vert pour affronter Trump le 5 novembre… ou va-t-elle temporiser en expliquant qu’elle attend d’avoir le soutien de son camp, et de tout son camp, c’est-à-dire en particulier des « diplomates » (ceux qui gèrent actuellement la politique étrangère des Etats-Unis) ?
En ce qui concerne Donald Trump, son colistier, J.D. Vance, a le soutien de l’AIPAC, car il affiche son alignement sur les positions de celui qui a eu l’audace de signer le 14 mai 2018 l’ordre du transfert – hautement symbolique – de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, contre l’avis même d’élus républicains… et d’une majorité de Démocrates.
Alors bien sûr, la désignation de JD Vance interroge, et le profil du potentiel vice-président est loin d’être neutre.
C’est un ancien « marine » qui s’est très tôt reconverti dans le métier du capital-risque.
Et c’est là qu’il a fait la rencontre de son mentor – devenu son sponsor –, Peter Thiel, le milliardaire pro-républicain (on les compte sur les doigts des deux mains aux Etats-Unis, et d’une seule en Californie).
Peter Thiel a largement contribué à faire élire JD Vance comme sénateur de l’Ohio.
Mais il est beaucoup plus connu comme cofondateur de PayPal, mais aussi de Palantir, une firme cofinancée par la CIA (et la NSA ?) spécialisée dans « l’analyse prédictive » des données.
Membre du conseil d’administration de Meta de 2005 à 2022, il a en outre été recruté comme informateur « confidentiel » du FBI en 2021.
Il a joué un rôle majeur dans l’essor de l’intelligence artificielle grâce à OpenAI… l’IA étant bien sûr au cœur de Palantir depuis son origine.
Mais Peter Thiel possède encore d’autres dimensions qui débordent de très loin les frontières des Etats-Unis : il est membre de la direction du groupe Bilderberg… et là, il n’est pas exagéré de qualifier ses pairs des plus hautes instances de « maîtres du monde », ou de conseillers des « maîtres du monde ».
On imagine aisément quelle influence un Peter Thiel peut avoir sur un politicien ambitieux… et quels atouts il a à lui offrir.
Thiel est certainement l’un des citoyens les « mieux informés », non pas des Etats-Unis, mais de la planète : de quoi offrir un avantage décisif à Trump et J.D. Vance face à Kamala Harris.
Et quelques minutes après le communiqué de Joe Biden, voilà ce qui sortait – également – sur Twitter : quand on a ce genre « d’ami », qui se précipite à votre secours (Soros Junior – qui finance comme son père la subversion « woke » et le multiculturalisme à marche forcée – est un repoussoir pour des dizaines de millions d’Américains qui souhaitent un meilleur contrôle des flux migratoires à leurs frontières), on n’a pas besoin d’un ennemi comme Trump.