La Chronique Agora

Un jeu de perdants

Businessman sit on the stairs and feel stressed

Evitez la grande perte et restez dans le jeu.

Quel que soit le résultat des prochaines élections aux Etats-Unis, les Américains doivent aujourd’hui beaucoup de gratitude envers Donald J. Trump. Les hommes politiques sont presque toujours des hommes connivents, des menteurs. La plupart d’entre eux se cachent derrière des prétentions nobles et de belles paroles. Ils portent leur costume comme une couche de peinture sur du bois pourri.

Mais pas Donald Trump. Vous obtenez exactement ce que vous voyez. Chaque fois qu’il monte sur scène, il se met à nu. Presque tout ce qu’il dit est honnêtement et clairement douteux.

Le bénéfice pour le public est incommensurable. Tel un cours intensif sur le cynisme, il montre aux gens ce qu’est la politique. Pas de réflexion profonde. Pas de plans ou d’analyses sérieuses. Des promesses vides, et des balivernes, point.

« Drainons le marais », a-t-il déclaré. C’était le bon slogan. Mais il fallait une bonne dose de cynisme pour l’apprécier à sa juste valeur. Car M. Trump n’avait aucune intention de le faire… et aucune idée de comment le faire non plus.

The Washington Post rapporte :

« Huit ans après que M. Trump ait débuté dans la politique, en promettant de réduire l’influence des lobbyistes de Washington – de ‘drainer le marais’, comme il l’a annoncé – les défenseurs des intérêts des entreprises, y compris des sociétés basées en Chine et dans d’autres pays étrangers dans le viseur de Donald Trump, font désormais partie intégrante de sa campagne. Les lobbyistes sont représentés parmi le personnel de haut niveau, les conseillers et les fidèles du parti, qui ont organisé la convention de l’été à Milwaukee. Les personnes qui ont accès à Trump ou qui ont une idée de ses décisions parfois erratiques transforment ces connaissances en occasions de gagner de l’argent. » 

Ensuite, il y a eu sa loi phare : la réduction des impôts. Selon ses partisans, elle aurait dû être « rentable ». Le PIB aurait dû augmenter, et les recettes fiscales également. Rien de tel ne s’est produit. Les déficits se sont creusés. Et dans les quatre années qui ont suivi, la dette américaine a augmenté de 6 500 milliards de dollars.

Mais il n’y a aucune raison de pointer du doigt Donald J. Trump. Les deux candidats sont des charlatans, mais Trump ne cherche pas à le cacher. Et le phénomène touche à un sujet bien plus profond que les candidats eux-mêmes : les hommes politiques sont des promoteurs de politiques publiques. Et les politiques publiques produisent (presque) toujours des résultats contraires aux promesses faites à leur sujet.

Il suffit de regarder le gâchis que les autorités fédérales ont financé avec l’argent des Américains.

Depuis les années 1990, la politique de la Fed consistait à relancer l’économie en appliquant des taux d’intérêt extrêmement bas. Mais après la période 2009-2021, au cours de laquelle les mesures de relance ont été les plus fortes jamais administrées, l’économie est devenue de plus en plus malade. Les taux de croissance sont tombés en dessous de ceux de la Grande Dépression, tandis que la dette augmentait de 1 000 milliards de dollars par an au cours des 30 dernières années… pour atteindre aujourd’hui 2 000 milliards de dollars par an.

La Fed tire-t-elle les leçons de ses erreurs ? Non. Elle abaisse à nouveau ses taux. Et tandis qu’elle accorde des prêts à bas prix à ses banques membres privilégiées, l’économie réelle doit faire face à des taux d’intérêt réels plus élevés. Les prêteurs craignent une hausse de l’inflation ; ils veulent des taux d’intérêt plus élevés pour se protéger.

Le mois dernier, le taux d’inflation de base a augmenté. Et le rendement des bons du Trésor à 2 ans… et des obligations à 10 ans (la brique la plus importante de tout le mur financier)… a dépassé les 4%.

Notre nouveau credo, le cynisme, nous permet de l’expliquer. La politique et l’investissement sont des « jeux de perdants ». On gagne, en ne perdant pas… c’est-à-dire en évitant d’en être victime. Comment y parvenir ?

En politique, le moyen d’éviter d’être victime du système est de voter pour des hommes politiques qui réduiront le fardeau des politiques publiques, et non qui l’augmenteront. Hélas, aucun des candidats de 2024 ne propose de le faire.

En matière d’investissement, le plus important est d’éviter une grande perte et de rester dans le jeu. Par exemple, les personnes qui achètent des bons du Trésor à long terme, comptant sur le fait que les autorités fédérales rembourseront leurs dettes en temps voulu, avec de l’argent réel, risquent d’en être les victimes.

Vous n’y croyez pas ? Achetez des bons du Trésor à 30 ans. Conservez-les jusqu’à leur échéance. Nous vous tiendrons au courant des résultats.

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