Le Japon, la France et les Etats-Unis sont dans des situations budgétaires désastreuses. Confrontés au mur de la dette, les gouvernements recourront aux vieilles recettes : laisser filer leurs devises.
Le Japon est plus endetté que la France (264% de son économie, soit plus du double de la France) et reste en proie à une déflation chronique depuis les années 1980, date de la déflagration de sa bulle immobilière.
Jusqu’à présent, la balance commerciale sauve le pays (les Japonais vendent plus de choses à l’étranger qu’ils n’en achètent), mais cette tendance a commencé à se retourner il y a une dizaine d’années, d’abord épisodiquement, puis plus régulièrement. Les fonds de pensions japonais vendent régulièrement des actifs pour payer leurs retraités.
Comme vous le savez, l’or s’est apprécié en moyenne de plus de 20% dans les grandes devises depuis le début de l’année. En euro, l’or grimpe de 26,6%. Le graphique ci-dessous issu du rapport Gold Compass d’octobre montre le retour de l’or selon les devises. Face au yen, l’or s’est apprécié de 30%. C’est un écart un peu plus important.
Pour dire les choses autrement, depuis le début de l’année, le yen perd plus vite de son pouvoir d’achat que les autres devises (dollar, euro, livre…). Ce mouvement s’est fait surtout en mars, soit un mois plus tôt que pour le dollar ou l’euro (cf. graphique ci-dessous).
Voici ce qu’écrivait l’analyste Tom Dyson, en juillet, sur la chute du yen :
« Le pays a promis, créé de la monnaie, sauvé des entreprises de la faillite et dépensé plus que ce qu’il ne pourra jamais rembourser. Mais contrairement à ce qui se passe lorsqu’un fonds spéculatif, une banque ou une grande entreprise se retrouve en difficulté, personne ne peut intervenir pour sauver l’Etat.
Nous allons donc maintenant assister à une gigantesque faillite publique.
[…] Le Japon a été la première nation à mettre en œuvre le quantitative easing (le rachat des obligations souveraines par la Banque centrale), à contrôler la ‘courbe des taux’ et à mettre les taux d’intérêt à court terme à zéro. Le Japon est précurseur sur la voie que les Etats-Unis (et l’Europe) emprunteront.
Durant des années, nous avons prédit que les planificateurs centraux japonais utiliseraient le marché des devises comme soupape de sécurité pour absorber les pertes après l’éclatement de leur bulle d’actifs. Ce qui a commencé au Japon et nous mènera à une dévaluation synchronisée et mondiale des grandes devises.
Beaucoup d’autres devises devront emprunter la même voie que le yen lorsque la crise des dettes publiques se généralisera. »
Les gouvernements sacrifient toujours la monnaie lorsqu’ils sont dans l’impasse du surendettement. Dans ce processus, il est logique de penser que la dette se « renationalisera ». Les fonds de pension se débarrasseront de leurs dettes étrangères qui ne leur seront plus d’utilité, puisqu’elles ne leur rapporteront plus suffisamment.
Pour nous, modestes citoyens, la difficulté est qu’il n’y aura pas vraiment de monnaie refuge… mis à part l’or.
La popularité de la dépense et de la planche à billets
Les dépenses du gouvernement créent des revenus pour des particuliers ou des entreprises. Par exemple, l’organisation des Jeux olympiques à Paris, cet été, a conservé beaucoup de popularité dans les médias, en dépit de leur impact réel.
Le gouvernement couvre environ 7 ou 8 milliards d’euros du budget, en raison d’un manque de revenus – via les billet et sponsors – et un dérapage des coûts.
Le Figaro expliquait quelques mois avant les JO :
« Les autorités se veulent pourtant rassurantes : ‘Les Jeux financent les Jeux’, répétait le président de la République en avril dernier. ‘Je suis certaine qu’ils vont rapporter beaucoup plus à la nation qu’ils ne lui auront coûté’, martelait le même mois la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques Amélie Oudéa-Castéra dans un entretien au Monde. »
La dépense crée une impression de prospérité.
La création d’argent via l’octroi de crédits – une forme de recours à la planche à billets – a les avantages de la dépense, sans le besoin de déficits.
La création d’argent entraîne même des hausses de revenus pour le Fisc.
La circulation d’argent dans l’économie, et le gonflement de la valeur des actifs – la pierre, les actions en Bourse ou les obligations – créent une hausse de recettes du gouvernement, via les taxes sur les bénéfices, les plus-values, les salaires et la consommation.
Dégonflement des crédits : cause du déficit
En France, le déficit est en train de grimper au plafond – à plus de 6% pour l’année, selon des déclarations de Bercy, et à 7% en 2025 en l’absence de changement.
Le graphique ci-dessous de Statista montre les recettes du Fisc, de 2010 à 2023.
Les revenus ont baissé lors des confinements, puis ont repris par la suite.
Avec l’effondrement de l’activité dans l’immobilier en raison de la baisse des octrois de crédit, et la baisse de la consommation des ménages, les difficultés ont commencé à apparaitre en 2023.
En 2024, le resserrement de l’octroi de crédits et le ralentissement de la consommation ont réduit les revenus pour le Fisc.
La hausse des taux augmente en effet les déficits partout dans la zone.
BFM :
« Le phénomène se retrouve d’ailleurs dans toute l’Europe avec un déficit moyen dans la zone euro qui s’est creusé à 3,6% du PIB en moyenne. Treize pays avaient un déficit inférieur à 3% du PIB en 2023. Même la très rigoureuse Allemagne a vu son déficit public grimper à 2,5% du PIB, soit 4 points de plus qu’en 2019 (le pays avait un solde positif cette année-là). »
BFM met en cause l’inertie des dirigeants en France : « [Il] n’y a pas eu de maîtrise des dépenses alors que l’inflation reculait. »
Une baisse des déficits requiert une hausse de taxes ou des coupes de budget.
Les dirigeants préfèrent la solution de la dévaluation : le recours à la planche à billets, via le regonflement de la bulle de crédits.
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