Sommes-nous si loin d’une Europe atteinte de pénuries d’énergie ou de produits alimentaires ? Il suffirait que la BCE perde sa crédibilité et que notre monnaie se mette à chuter…
Les experts commencent juste à évoquer de possibles pénuries d’énergie en Europe. Le ministre allemand des Finances prévient qu’il faut se préparer à faire des arbitrages, car il n’y aura pas assez de courant cet hiver pour faire à la fois tourner les usines, se chauffer et recharger son véhicule électrique.
Le prix des denrées alimentaires de base flambe également, à tel point que le gouvernement vient d’annoncer la prolongation du « chèque nourriture » de 100 € pour les 9 millions de ménages les plus défavorisés jusqu’à fin 2022.
Quoi ?… Mais non, ce n’est pas la remise en route de la plancher à billet, voyons : c’est répondre à une exigence humanitaire.
Le coût du quoi qu’il en coûte
Enfin, si – entre nous, pas de cachotteries –, c’est effectivement de la planche à billet qui ne dit pas son nom. Mais, en toute franchise, on peut se le permettre, puisqu’on dispose d’une « monnaie de réserve », ce qui signifie que c’est le monde entier qui achète obligatoirement notre dette, parce qu’ils n’ont pas le choix, le système actuel est comme ça !
Mais voyons ce qui se passe dans les pays qui ne peuvent pas se permettre toutes les folies, comme les confinements, la fermeture autoritaire et sans justification scientifique de pans entiers de l’économie, renfloués par le « quoi qu’il en coûte », c’est à dire l’argent magique de nos banques centrales.
Faute de disposer d’une monnaie de réserve, et pratiquant des taux d’intérêt bien plus élevés en interne, la plupart des pays dits émergents se sont endettés en dollar, parce que le coût de l’argent était gratuit (ce fut aussi le cas durant 25 ans avec les taux zéro pratiqués au Japon : les marchés empruntaient en yens pour acheter des actifs mieux rémunérés en dollars, c’était le célèbre « carry trade »).
Mais si le taux lié au dollar était avantageux jusqu’à fin 2021, il ne l’est plus. Et, surtout, le billet vert flambe face aux devises des pays déjà en grande difficulté depuis la crise du Covid. C’est la double-peine, ou le fameux « effet ciseaux » (taux de refinancement en forte en hausse, dans une devise qui flambe).
Que se passe-t-il alors pour ces pays ?
Il se passe ce qui s’est passé au Liban, déjà en faillite bien avant la crise du Covid : inflation à quatre chiffres, pénuries de toute nature, etc.
Mais les causes de cette situation puisent leurs racines dans des guerres anciennes, des erreurs de gestion catastrophiques à répétition imposées par des puissances étrangères, une corruption endémique (ces 2 dernières étant consubstantielles).
Le Liban est donc un cas à part et beaucoup de pays se retrouvent en difficulté « à cause du Covid » lit-on un partout. La bonne formulation, c’est plutôt, « à cause de choix plus politiques que sanitaires dans la gestion du Covid ».
Une crise qui ne sort pas de nulle part
L’exemple du Sri Lanka est particulièrement édifiant : ses réserves de changes étant initialement faibles, l’île s’est retrouvée privée des indispensables flux de devises qu’elle générait quand elle a décidé de fermer à double-tour son économie au printemps 2020, adoptant une forme de stratégie « zéro Covid » à la chinoise.
Comme la situation a perduré plusieurs mois, privé de rentrées de dollars, le Sri Lanka n’a rapidement plus eu les moyens d’acheter ni du pétrole ni les denrées alimentaires les plus essentielles.
Sans pétrole, l’industrie et l’agriculture se retrouvent à l’arrêt, et là, c’est « game over ».
La situation est aujourd’hui explosive, car la récession débouche sur la faillite. Le pays est incapable de rembourser sa dette et donc d’émettre de nouveaux emprunts sur les marchés de capitaux : son salut ne peut provenir que d’un plan de sauvetage impliquant la « solidarité internationale » (comprendre : le FMI).
Mais la population locale refuse d’absorber l’amère potion d’austérité du FMI et veut traduire ses dirigeants en justice : ils ont en effet décidé – sans que personne ne les y oblige – de fermer le pays à triple tour au tourisme, du 15 mars 2020 jusqu’au 1er octobre 2021, pour raisons sanitaires.
Cela s’est traduit par des interdiction de visite pour les européens, des quarantaines interminables pour les locaux rentrant de l’étranger, des interdictions de déplacement inter-régionaux, couvre-feu ruinant le commerce et la restauration durant des mois (ce que nous avons connu en France, mais en pire).
Et le port du masque est demeuré partout obligatoire en extérieur et dans les lieux publics jusqu’en janvier, ainsi que la présentation d’un « pass vaccinal » pour les touristes (après l’abandon d’un système de quarantaines totalement dissuasif).
Un petit détail : la température moyenne dans le pays est de 33°, le visiter avec un bâillon sur le visage en permanence alors que l’air est chaud et humide, c’est un cauchemar… et ce cauchemar a duré presque deux ans.
Le temps de faire les comptes
Le Sri Lanka s’est vanté d’avoir été félicité et célébré par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) pour sa rigueur et sa lutte implacable contre le Covid. Mais ce « succès d’estime » a eu un coût exorbitant et s’avère – à l’heure de solder les comptes de la pandémie – être une pure folie !
Les dirigeants Sri-Lankais ont cru bien faire en imitant la Chine, l’Australie, la Nouvelle Zélande et certains pays d’Europe ayant basculé dans le délire totalitaro-covidiste, en oubliant qu’ils n’avaient pas une planche à billet pour financer un « quoi qu’il en coûte » à la française ou à l’américaine (indemnisations massives, prêts garantis par l’Etat, chèques fédéraux, soutien direct de la banque centrale aux grandes entreprises…).
Résultat : ils n’ont donc pas « vaincu le Covid » (qui continue de circuler cet été, malgré la vaccination à trois 3 doses), mais ils ont tellement désorganisé le pays, asphyxié le secteur touristique et fait s’effondrer les rentrées de devises qu’ils ont irrémédiablement désintégré leur économie, ce qui fait basculer l’ile dans un chaos insondable.
Le Sri Lanka n’est que le premier domino d’une longue série de pays qui se sont suicidés économiquement – avec plus ou moins d’allégresse – en voulant jouer les bons élèves aux yeux de l’OMS et « rassurer » une partie de leur opinion publique !
Qu’aurait pensé et souhaité cette « opinion » (qui par définition est subjective, manipulable et peu éclairée sur les questions sanitaires) si les dirigeants avaient prévenu des risques de faillite, de pénurie de carburant et par voie de conséquence de nourriture et – surtout – de médicaments (plus moyen de les importer) qui causent infiniment plus de morts au sein des populations jeunes (par absence de soins et traitements indispensables) que la pandémie de Covid, dont les 0/60 ans n’ont pas grand-chose à redouter, qui réduit – un peu – l’espérance de vie des plus âgés.
Imaginez l’Europe sans la planche à billet… sans énergie… imaginez si la BCE perdait sa crédibilité et si notre monnaie se mettait à chuter.
Imaginez juste…