Les stratégies adoptées par nos politiciens nationaux ont de quoi laisser songeur. Mais qu’en est-il au-delà de nos frontières ?
« Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console », disait Talleyrand. Malgré ce que l’on pourrait imaginer, certains Etats arrivent à faire encore pire que nous.
Par exemple, en Russie, les bureaux de change n’auront bientôt plus le droit d’afficher dans la rue le cours du rouble vis-à-vis de l’euro et du dollar.
Forcément, lorsque l’Etat va de dévaluation en dévaluation, la population a tendance à vouloir protéger son patrimoine avec des devises étrangères…
Cours du rouble en euros depuis 2009
« Formellement, l’initiative vient de la banque centrale de Russie, qui souhaite ‘protéger les Russes d’escroqueries fréquentes’ de la part des bureaux de change », explique Le Figaro. En réalité, voilà un Etat de plus qui préfère planquer la poussière sous le tapis plutôt que remettre en question sa politique.
Vive la France, ses politiciens de carrière et ses barbouzes, lesquels ont au moins le mérite de parfois prêter à sourire…
Le « pistolero aquatique »
On ne présente plus Alexandre Benalla, le professionnel de la sécurité qui aime faire des selfies en vous pointant une arme à feu sur la tempe. Mi-décembre, il a prétendu aux juges qui l’interrogeaient qu’il s’agissait d’un pistolet à eau.
Libre à vous de le croire. On en vient tout de même à se demander si notre « pistolero aquatique » (copyright Philippe Béchade), qui gambadait encore récemment avec un passeport diplomatique, ne ferait pas en réalité partie de la rédaction du Gorafi. Le site satirique avait en effet évoqué dès le 19 septembre la stratégie de défense qui a précisément été mise en œuvre par Alexandre Benalla…
Difficile de faire mieux niveau foutage de gueule, me direz-vous ? Pourtant, c’est possible : il suffit d’observer Richard Ferrand.
Le super saiyan du foutage de gueule
Faute d’avoir pu préserver un poste de ministre suite à la révélation d’une ribambelle de scandales politico-financiers, Richard Ferrand est devenu président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, avant de présider cette même assemblée.
Le 17 décembre, pendant l’Acte V des gilets jaunes, cet irréprochable gentilhomme s’est pris le bec sur Twitter avec Guillaume Barazzone (maire de Genève en 2016 et 2017), au sujet du référendum d’initiative populaire.
L’homme politique suisse a en effet eu le toupet de proférer l’accusation suivante à l’encontre de celui qui occupe le perchoir français :
Le sieur Ferrand a répondu en appliquant la stratégie qui fonctionne si bien dans le monde politique : nier en bloc, faire tapis sur un énorme bluff.
Manque de chance pour celui qui a pris sa carte au PS à 18 ans, on est au XXIème siècle et, outre le fait que les débats parlementaires se retrouvent retranscrits sur le site de l’Assemblée, les déclarations des députés sont enregistrées et susceptibles de se retrouver in fine à la télé.
Voici donc ce que déclarait l’ancien ministre le 16 juillet 2018 :
« Tout à l’heure, quelqu’un vantait la grande démocratie cantonale helvétique, mais voyez les thèmes des votations : ils sont très souvent le fait de quelques cliques affairistes et de quelques lobbyistes qui, à la fin, sont d’ailleurs démasqués. »
Aux dernières nouvelles, Richard Ferrand ne s’est pas excusé auprès de son confrère helvète. Sans doute ce « puissant » restera-t-il « impuni » pour cette insulte faite à la Suisse.
Que nos politiciens professionnels hexagonaux ne seraient-ils pas prêts à faire pour défendre leur gamelle, comme le suggère Daniel Tourre ?
Quand on voit la dernière que nous a pondue Florian Philippot, on se dit qu’il n’y a plus de limite …
Le chef des Patriotes s’est bien sûr défendu de toute tentative de récupération politique…
Tableau d’honneur pour Richard Ferrand et Florian Philippot, donc. Mais ce ne sont à mon sens pas eux qui ont adopté la pire stratégie politique pour cette nouvelle année. Oui, on peut descendre encore plus bas…
Celui qui voudrait être chef des idiots
Non, je ne vais pas parler de Marlène Schiappa qui a renoncé à présenter sa candidature pour succéder à Philippe Grangeon à la tête de LREM.
Ici, je vais une fois de plus devoir revenir sur le cas de Guillaume Peltier.
En principe, le rôle de l’homme politique consiste à expliquer au citoyen pourquoi ce sont ses convictions à lui qui vont le plus dans le sens des intérêts de la France et des Français. Il s’agit de convaincre un nombre suffisamment important d’électeurs afin d’être élu, puis d’utiliser le pouvoir pour prendre les mesures identifiées comme les plus appropriées. Durant ce processus, la confrontation d’idées politiques a ceci de noble qu’elle permet au citoyen de s’élever dans la compréhension qu’il a du monde.
Parfois, le politique préfère au contraire se rabaisser au niveau de sa clientèle la plus directe. Ainsi le vice-président du groupe LR à l’Assemblée nationale a-t-il déclaré le 3 décembre au micro de LCI qu’il fallait réinstaurer l’ISF, « même si ça reste un impôt idiot ».
« Les symboles en politique, ça compte », a-t-il ajouté.
Son opinion est d’ailleurs partagée par l’indéboulonnable roi de l’édito plat et insipide.
C’est malheureusement une tendance lourde de notre époque : plutôt que d’affuter ses arguments en vue de convaincre, on s’écrase et on charge un bouc-émissaire. Cela ne vaut pas que pour la fiscalité.
La sortie de Guillaume Peltier montre une fois de plus que ceux qui ne savent faire que de la politique sont souvent prêts à assumer n’importe quelle position pour être élus – même la plus stupide -, pourvu qu’elle soit en vogue.
Comment ne pas voir chez Peltier comme chez Duhamel « l’incarnation de cette élite qui nous conduit dans le mur par facilité depuis 40 ans », comme le relevait un twittos ?
Pour continuer ainsi sur la voie de la flatterie vis-à-vis de la démagogie et de la culture du ressentiment, les deux compères se partagent donc la palme de la pire stratégie politique pour 2019. On s’abstiendra cependant de les féliciter.
(*) Centurion Nenpeuplus, dans Astérix et les Goths.