Un trillion de paiements d’intérêts par an… pour payer les dépenses du passé.
Chaque personne sur la planète a une mère et un père. Et chaque chose a été précédée d’une autre, qui lui a permis d’exister ou d’avoir lieu. C’est ainsi que lorsqu’une génération d’Américains a obtenu des choses sans rien payer, la génération suivante n’a rien obtenu et doit désormais payer quelque chose. Elle doit payer 1 000 milliards de dollars par an, rien que pour les intérêts de choses que leurs parents et grands-parents ont consommées.
Les jeunes en ont assez de se faire avoir. Ils commencent à se révolter. C’est peut-être là le véritable sens de la victoire de Milei en Argentine. Milei est « sorti de nulle part » pour obtenir le poste le plus élevé du pays, face à l’un des hommes politiques les plus avisés, les plus habiles et les plus expérimentés de l’histoire de l’Argentine, Sergio Massa. Stephen Kinzer nous décrit la situation dans le Boston Globe :
« La victoire de Javier Milei, jusqu’à récemment un économiste peu connu qui n’avait fait qu’un seul mandat au Congrès, est un des symptômes de la colère mondiale face à une élite politique sclérosée. Pendant des décennies, l’Argentine a été dirigée par une clique corrompue et mal intentionnée, qui n’a pas réussi à assurer la sécurité ou la prospérité des citoyens du pays. Les élections récentes ont permis une rébellion contre cette élite, que Milei appelle ‘la caste’.
La victoire de Milei n’est pas une aberration. Les candidats de l’opposition ont remporté 17 des 18 élections organisées en Amérique latine au cours des quatre dernières années. Ce même élan est palpable aux Etats-Unis. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles Donald Trump a battu Hillary Clinton en 2016, et pourquoi il pourrait gagner à nouveau l’année prochaine. Lorsqu’une classe politique enracinée s’épuise et perd la confiance des électeurs, un plus grand nombre de personnes adoptent cette volonté de ‘mettre les bons à rien à la porte’. »
La caste politique
L’Argentine n’a pas de véritable problème d’immigration. Ses problèmes sont d’ordre financier. La « caste politique » a dépensé trop d’argent et gangrené l’économie.
Les Etats-Unis suivent le mouvement.
Le dollar d’aujourd’hui ne vaut plus que 55 cents, contre un dollar en 1999.
Certains citoyens ont réussi à suivre le rythme. Beaucoup ont pris du retard. Mais pour tous ceux qui ne comptent que sur leur salaire, ce fut une lutte.
Aux Etats-Unis, l’inflation, bien que difficile à expliquer ou à contrôler, est le prix à payer pour avoir laissé une élite corrompue nous dire quoi faire.
Ils nous ont dit que nous devions envahir l’Irak, nous battre en Afghanistan, soutenir des conflits aux confins de l’empire et relancer l’économie en imprimant de l’argent pour faire croître la « demande ». Bien sûr, cette nouvelle demande était aussi fausse que la fausse monnaie, et les faux taux d’intérêt. Mais elle a fait son effet ; une plus grande quantité d’argent a permis d’acheter plus de choses… qui maintenant rouillent, prennent la poussière, sont usagées et abandonnées. L’argent frais a également fait augmenter les prix des actifs en possession des décideurs… et des produits que les non-décideurs veulent maintenant acheter.
Les choses que nous devions acheter avec l’argent que nous n’avions pas peuvent être classées en trois catégories : absurdes, inutiles et dangereuses. Sanctions… restrictions commerciales… subventions à certaines industries… billions pour l’accroissement de la « défense »… programmes pour encourager la diversité…. financement d’opérations de changement de sexe (même dans l’armée)… Nous devions lutter contre la drogue, la pauvreté, le réchauffement climatique, le délabrement urbain, la désinformation, l’infection, la suprématie de la race blanche et l’antisémitisme. Nous devions faire ceci…. nous devions faire cela… trouver des « armes de destruction massive » ou mettre à l’arrêt l’économie pendant des semaines pour stopper la propagation d’un virus… Et tout cela avait un prix.
De l’argent en abondance
Entre 1999 et 2023, la Fed a « imprimé » près de 8 500 milliards de dollars d’argent frais pour payer tout cela. Cette somme, ajoutée aux emprunts auprès de sources privées, a porté la dette américaine à 33 700 milliards de dollars aujourd’hui.
Les taux de croissance ont chuté. La plupart des gens ne se sont pas enrichis… ils se sont appauvris. Ils se sont enfoncés de plus en plus dans un océan de dettes – publiques et privées – avec des taux d’intérêt atteignant 21% sur les cartes de crédit, et 4,4% sur les crédits les plus sûrs au monde, les obligations du Trésor américain.
Faut-il s’étonner que les masses, surtout les jeunes, se révoltent ? Traînant le fardeau du passé, comment pourront-ils s’offrir un avenir convenable ? Ils font partie des millions d’êtres humains malléables, des multitudes de citoyens qui paient des impôts, s’estiment chanceux d’avoir un salaire et ne se posent pas trop de questions. Et maintenant, ils risquent de passer toute leur vie à essayer de payer pour des choses qui n’existent que dans des slogans discrédités, des choses que leurs parents pensaient nécessaires, mais qu’ils n’ont pas voulu payer. N’ont-ils pas le droit de brûler un bus, ou deux ?
Le coût des intérêts de la dette américaine s’élève déjà à environ 10 000 dollars par famille et par an. Bientôt, la dette dépassera les 40 000 milliards de dollars, puis les 50 000 milliards de dollars (aucun plan n’est envisagé pour la réduire). Les emprunts supplémentaires devront être couverts par des taux d’intérêt plus élevés et davantage d’impression monétaire. Avec un taux d’intérêt de 8% et un encours de 50 000 milliards de dollars, la charge d’intérêt s’élèvera à environ 3 000 milliards de dollars par an (si tout n’est pas refinancé en une seule fois). Cela représente 30 000 dollars par famille.
Révolte des masses
Il ne sera plus question de payer, ni même de tenir le coup. Alors, nous devrons faire avec les gauchos, des services publics qui s’effondrent, de l’argent de poche, une pauvreté galopante et des électeurs prêts pour le changement.
Nous sommes au pic de cette révolte des masses en Argentine. Javier Milei est différent de Donald Trump, car il connaît le fonctionnement de l’économie et il a de véritables plans pour la sauver de 70 ans de mauvaise gestion par ses camarades.
En temps normal, Milei n’aurait eu aucune chance d’être élu, tout comme Trump, d’ailleurs. Il enseignait le sexe tantrique. Nous ne savons pas vraiment en quoi cela consiste, mais ça a l’air plutôt amusant. Il croit également que son chien mort a prédit le fait qu’il deviendrait président.
Il ne s’agit pas d’un politicien classique, mais d’un politicien « marginal ». Et maintenant, le voilà à la tête de l’Argentine.
Les Etats-Unis ont-ils leur propre Milei, qui compte s’emparer des élections de 2024 ? C’est une possibilité.