Les hauts fonctionnaires sont bien décidés à ne rien lâcher sur leur train de vie, dussent-ils vous saigner à blanc à coups d’impôts. Cette détermination émerge de façon évidente du dernier rapport de la Cour des Comptes sur la trajectoire future des finances publiques. Tenez-vous le pour dit.
Les hauts fonctionnaires ne lâcheront rien, en particulier pour tout ce qui touche à leur argent et leur train de vie, soyez-en bien conscient ! Pour mesurer l’ampleur des dégâts, il faut lire entre les lignes du rapport de la Cour des Comptes que la presse grand public a abondamment cité, après l’avoir lu au premier degré.
Une trajectoire des finances publiques calamiteuse
Il est vrai que ce premier rapport de la Cour des Comptes sous l’ère Moscovici n’est pas piqué des vers. Il annonce une tragédie nationale avec le détachement froid du chirurgien qui exhibe une tumeur cancéreuse à ses étudiants en médecine.
Selon toute vraisemblance, donc, la dette publique de la France aura grimpé de 20 points de PIB d’ici à la fin de l’année. La Cour évoque un déficit de la Sécurité sociale de 100 milliards ! Du jamais vu…
La Cour s’est même offert le luxe d’aller plus loin en imaginant des scénarios de finances publiques pour les années à venir. Si une reprise rapide intervient, la Cour considère qu’il faudra 10 ans pour revenir à la situation de 2020… c’est-à-dire à une dette qui flirte avec les 100% de PIB, performance déjà très mauvaise et très loin des critères de Maastricht.
En revanche, si la reprise tarde, la Cour projette des chiffres dignes de l’enfer, avec une dette publique dans 10 ans qui atteindrait 130, voire 140 points de PIB.
On le voit, nous vivons un vrai moment historique où nous devons décider si nous fournissons l’effort de redressement, ou si nous continuons à geindre sur la précarité de la vie sans réagir.
Les hauts fonctionnaires ont tranché pour vous
Comme les journalistes qui ont relayé cet inquiétant rapport l’ont lu en diagonale et sans recul, ils n’ont pas noté deux points essentiels dans son contenu. Peut-être les deux seuls points vrais à relever.
Le premier point est que la Cour ne propose pas de doctrine claire pour sortir du marasme. Traditionnellement, sous Didier Migaud, la Cour expliquait méticuleusement qu’il fallait baisser les dépenses publiques pour redonner du souffle au pays.
Ce mantra n’est plus de mise sous Moscovici. La nouvelle doctrine dit au contraire que le pouvoir peut choisir entre baisser les dépenses, augmenter les recettes ou faire de l’inflation.
Il ne s’agit pas encore d’un revirement de jurisprudence ou de doctrine, mais d’un premier jalon posé dans une relégitimation officielle de l’impôt, dont on n’a pas oublié que Moscovici fut un adepte sans concession, et dont on sait qu’il compte de nombreux soutiens dans la haute fonction publique.
Le deuxième point est que Bercy a consciencieusement répondu au rapport, et la lecture de cette réponse, placée en fin de document, vaut son pesant de cacahuètes à qui sait la lire en la décodant.
D’abord, Bercy remercie la Cour de ne plus soupçonner des « sous-budgétisations », c’est-à-dire un maquillage des comptes. Bercy assure même la Cour d’un travail constant de « sincérisation » du budget. Autrement dit, Bercy jure ses grands dieux que tout est fait pour que les comptes de l’Etat soient le reflet de la réalité.
Les chefs d’entreprise qui passent chaque année devant leur commissaire aux comptes rêvent !
Surtout, les ministres bercyens qui signent cette réponse expliquent sagement qu’ils ont bien lu et bien compris le rapport de la Cour. Ils assurent qu’ils en tireront toutes les conséquences : soient ils baisseront les dépenses, soient ils augmenteront les impôts.
Et hop ! le tour est joué.
Les hauts fonctionnaires vous saigneront aux quatre veines !
Tout ceci me rappelle les propos qu’un haut fonctionnaire de Bercy me tenait l’an dernier durant la crise des gilets jaunes.
Selon lui, il y avait deux France : celle des gilets jaunes, qui ne voulait plus faire d’efforts. Et celle des hauts fonctionnaires, qui ne fera pas d’efforts (au nom du : nous sommes moins payés que dans le « privé »). Et s’il faut augmenter les impôts pour préserver le niveau de vie des fonctionnaires, qu’importe, on augmentera les impôts.
Bercy adore les ratiocinations verbeuses et pédantesques pour justifier sa politique. Mais il faut comprendre que, dans l’esprit de ses responsables, le raisonnement de base qui sous-tend toutes les lois de finances est simple : le contribuable paiera.
Ne comptez donc pas sur un effort responsable des hauts fonctionnaires français pour prendre leur part de solidarité. Ils comptent sur vous pour les remplacer sur le front !
Et ils se sont donné les moyens de leurs ambitions, puisque Bercy dispose même d’un logiciel qui analyse vos publications sur Facebook pour vérifier que vous ne passez pas vos vacances à Ibiza quand vous déclarez très peu de revenus…