La Chronique Agora

La guerre, seule solution à la crise ?

On a refusé et repoussé les crises « normales », ordonnées ; la destruction, inévitable, se produira donc d’une autre manière… moins civilisée.

Voici un exposé clair, non truqué, de la situation économique, financière et monétaire dans laquelle les banquiers centraux et leurs complices des gouvernements nous ont mis.

Pour tout résumer, cette situation est une impasse. Pour en sortir, il faut prendre de nouveaux risques, des risques colossaux.

Il faut mettre en danger le système financier en allant plus loin dans les aberrations sur les taux et le bilan des banques ; il faut aller plus loin dans les déficits et l’insolvabilité ; et il faut aller plus loin dans les inégalités entre ceux qui ont des patrimoines et ceux qui n’en n’ont pas.

Il faut prendre le risque de détruire nos systèmes et arrangements politiques en gonflant le populisme… et enfin il faut aller plus loin dans l’imprudence géopolitique.

Je le répète solennellement : dans cette voie, dans ces voies, il n’y a qu’une issue – la guerre, la vraie, pas la froide ou la tiède. Et les irresponsables la préparent ; ils nous mettent dans l’engrenage. Regardez ce qui se passe avec l’OTAN qui progresse à l’est !

La guerre accomplira la fonction brutale de destruction de richesses fictives et de fausses valeurs à laquelle nous n’avons pas eu le courage de nous résoudre volontairement, de façon civilisée.

Terrorisés, tétanisés

Je vous le répète à longueur de colonnes, les banquiers centraux sont terrorisés, tétanisés à l’idée que la récession est inéluctable, qu’elle montrera sa tête horrible un jour ou l’autre et qu’à ce moment viendra ce que l’on appelle l’heure des comptes.

Reprenons notre ouvrage, il n’est jamais inutile de recommencer en remontant le temps.

Les banques centrales ont échoué : depuis 2009 la croissance normale n’est jamais réapparue.

– il n’y a pas eu de reprise en V après la crise de 2009 ;

– les green shoots, les « jeunes pousses », n’ont jamais pris racine, elles ont pourri sur place ;

– au lieu de se diriger vers la sortie, vers l’exit des politiques exceptionnelles, il a fallu refaire des QE et s’enfoncer encore plus dans la baisse des taux, dans le gonflement du bilan de la Fed, bref il a fallu s’enraciner dans l’anormal ;

– le non-conventionnel a provoqué une longue, très longue et très puissante hausse des marchés financiers, de l’immobilier, de l’ingénierie financière, un puissant gonflement des prises de risque.

– la surévaluation des marchés financiers est la double conséquence de l’échec : 1) l’économie n’est jamais repartie assez fort pour rattraper les anticipations boursières. 2) les politiques non-conventionnelles ont duré trop longtemps. Un marché vicieux, déconnecté de l’économie, s’est installé et il n’a plus été régi que par le Pavlov monétaire.

Intoxication monétaire

Le phénomène d’apprentissage pervers des marchés « accros » aux largesses monétaires a fait déraper les Bourses vers le haut. Elles ont suivi la pente de l’intoxication monétaire en montant sans cesse pendant 11 ans.

Quand une énième reflation concertée provoquée par la peur de l’éclatement de la bulle chinoise en 2016 a été déclenchée, les autorités ont commis une colossale erreur. Elles se sont fait piéger : elles ont cru que cette fois c’était la bonne, elles ont cru que la croissance simultanée, synchronisée à laquelle elles assistaient était la bonne, la vraie, qu’elle était enfin revenue et que l’inflation allait s’enclencher.

Hélas, ce fut une terrible erreur de plus car ces espoirs – pour qui savait où regarder – étaient des mirages. Ils ont tenu moins de 18 mois, jusqu’au début 2018 ; la rechute s’est dessinée en septembre 2018.

Les autorités noyées dans leurs erreurs ont donc cru à contretemps que le moment était venu de tenter de normaliser les politiques monétaires, de les mettre « en auto-pilote » selon l’incroyable expression imprudente de Jerome Powell.

Les unes, comme la Fed, ont essayé de normaliser ; les autres en ont parlé. Cela a suffi, les marchés se sont effondrés.

Les actions ont chuté de 20% en quelques jours et les primes de risque se sont dilatées. Les marchés du risque se sont mis en berne, les tuyaux se sont à nouveau colmatés. Bref, la crise a refait surface sous les glissements des plaques tectoniques.

Il a fallu du temps à Powell pour admettre sa terrible erreur. Il a d’abord annoncé une pause dans la normalisation… puis il l’a définitivement écartée… puis il s’est décidé à reflater.

Sous la conduite de la Fed, une énième-plus-une-fois, on a relancé, baissé les taux – injectant des liquidités « repo-non QE », provoquant un nouveau round de hausse boursière et de nouveaux records déraisonnables. Tout cela alors que les profits baissent et que les indicateurs économiques plongent.

Rechute colossale dans la divergence entre l’imaginaire boursier et le réel de l’économie productive.

Nous en sommes là… et les autorités sont dans l’impasse.

A suivre…

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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