Et si les détenteurs de dettes se rendaient compte que la Fed n’allait pas vraiment lutter contre l’inflation… et qu’elle allait simplement « imprimer » des milliers de milliards de dollars de papier vert ?
Telle une personne déprimée face à une fenêtre ouverte, nous avons posé hier une question importante, que nous avons laissée sans réponse…
Pourquoi ne pouvons-nous pas nous contenter de régler le problème de la dette ? Pourquoi faut-il que cela se termine par une crise et un désastre ?
La question a été posée à Jared Bernstein, le principal conseiller économique de Joe Biden. Dans une interview pénible à regarder, il a déclaré :
« Le gouvernement américain ne peut pas faire faillite parce que nous pouvons imprimer notre propre monnaie… Le gouvernement imprime bel et bien son propre argent. Le gouvernement imprime de l’argent et prête cet argent… Le gouvernement imprime de l’argent… Il prête ensuite cet argent en vendant des obligations. Est-ce ce qu’ils font ? Ils vendent des obligations, puis les gens achètent les obligations et prêtent l’argent. Oui… »
Oui, c’est ce qu’ils font. Mais pourquoi ? Stephanie Kelton, partisane de la Théorie monétaire moderne (TMM), s’interroge :
« Pourquoi le gouvernement fédéral doit-il emprunter son propre argent ? »
L’animateur de talk-show qui l’interviewait s’est empressé de répondre par une idée absurde :
« Pourquoi ne pas imprimer des pièces de mille milliards de dollars ? Nous en donnons une à la Chine. Une à la Sécurité sociale, etc. Nous remboursons nos dettes d’un seul coup. »
Cela semble être une évidence. Le problème de la dette est résolu. On appose un tampon sur la facture PAYÉE… et on passe à autre chose.
Il ne s’agit pas d’une question théorique. Voici ce que nous dit la présidente du Comité pour un budget fédéral responsable, Maya MacGuineas :
« Nous sommes à moins de dix ans d’une crise de solvabilité massive qui réduirait les prestations de plus de 67 millions de personnes âgées et limiterait gravement leur accès aux soins de santé peu après. Mais au lieu de se dépêcher de résoudre ce problème, nos politiciens le fuient. Le fonds de pension de la sécurité sociale sera insolvable lorsque les 58 ans d’aujourd’hui atteindront l’âge normal de la retraite et que les plus jeunes retraités d’aujourd’hui auront 71 ans. »
Note à Kelton, Bernstein et tous les autres : les retraités ne mangent pas de papier.
A l’heure actuelle, la Fed est sur le fil du rasoir. Elle veut de l’inflation pour stimuler les esprits et réduire le niveau réel de la dette américaine. Mais il serait suicidaire de sauter dans le vide et de baisser les taux immédiatement, sous les yeux du monde entier.
Les Etats-Unis ont une dette de 34 700 milliards de dollars. Que se passerait-il si les détenteurs de dettes (et les retraités) se rendaient compte que la Fed n’allait pas vraiment lutter contre l’inflation… et qu’elle allait simplement « imprimer » des milliers de milliards de dollars de papier vert ?
Tous ceux qui ont placé leur fortune dans la Fed et le dollar américain… qu’en penseraient-ils ? La Fed est censée protéger la valeur des reconnaissances de dettes américaines.
Même notre femme de ménage en Argentine, qui vit dans une hutte en terre dans les Andes, à six heures de marche de chez nous, conserve ses économies dans du papier vert. C’était un moyen facile de les protéger du peso argentin. Et si elle savait que les fonctionnaires américains n’étaient pas plus fiables que leurs propres jefes du Banco Central de la República Argentina ?
Le cartel bancaire
Jusqu’à présent, les détenteurs d’obligations pensent qu’ils peuvent faire confiance à la Fed pour protéger leur argent. Pas de chance. La Fed est un cartel de grandes banques. Son principal objectif est de s’assurer que les banques disposent de suffisamment d’argent. Si elles en manquent, la Fed escroquera vos enfants – avec l’inflation – pour leur en donner davantage.
Toutes les grandes banques veulent de l’inflation.
Le gouvernement a besoin de l’inflation pour réduire la valeur réelle de sa dette actuelle… et lui permettre de continuer à confisquer les richesses de la nation.
Les taux d’intérêt ultra-bas et les déficits provoquent l’inflation, mais ils augmentent le prix de leurs actions et obligations.
Les grandes entreprises prospèrent également grâce à l’inflation. Les nouveaux concurrents ne peuvent pas obtenir de financement. Les petites entreprises font faillite. Les grandes entreprises sont renflouées.
Même les grands médias préfèrent l’inflation à « l’austérité ». L’inflation est un moyen de financer les guerres et les gâchis qu’ils aiment tant.
Tous veulent survivre et croître… en concentrant la richesse et le pouvoir dans les grandes institutions, aux mains des élites enracinées.
Mais la véritable clé de l’adoption de l’inflation par les autorités fédérales est la suivante : ils n’ont pas d’autre choix. Politiquement, il n’y a pas d’alternative. Ces groupes puissants n’accepteront jamais les coupes sombres nécessaires pour réduire la dette américaine.
Une crise de la dette n’est pas une sinécure. Comme dans le cas d’un accident de train, ou de la vieillesse, on ne peut pas s’en sortir. L’aventure doit prendre fin avant qu’une nouvelle ne puisse commencer. La Sécurité sociale et l’assurance-maladie sont en faillite. La dette américaine augmente plus vite que l’inflation ne peut la réduire. En cas de nouvelle période de forte inflation, la Fed serait incapable d’augmenter suffisamment les taux pour la maîtriser.
La seule option qui s’offre aux autorités fédérales est l’inflation… encore l’inflation… une inflation soutenue à des niveaux suffisamment élevés pour réduire la valeur réelle de la dette américaine.