Jamais encore on ne nous avait demandé de croire à autant d’idées idiotes – fraudes et mensonges se succèdent : peut-on s’enrichir dans un tel contexte ?
Quel bonheur d’être Américain ! Quel magnifique spectacle !
Aussi stupide, méchant, ignorant ou maléfique que vous soyez… il y a toujours quelqu’un – un membre du Congrès, un Prix Nobel d’économie, ou le président lui-même – qui est encore plus crétin que vous.
Et aussi idiotes que soient vos idées… il y a toujours une grande partie du public qui vous croira.
Des idées idiotes
L’histoire de l’humanité est un récit principalement constitué de mythes, de mensonges et d’illusions. Ils ont rendu possibles certaines de nos plus belles réussites… et de nos plus gros désastres.
Les pyramides égyptiennes n’existeraient pas, par exemple, si de grands groupes de gens n’avaient pas cru en quelque chose qui n’était pas vrai. Ils pensaient que le pharaon était divin… et qu’ils devaient lui construire des monuments.
En l’occurrence, ils ont consacré la quasi-totalité de l’excédent économique du riche delta du Nil à ériger d’énormes piles de cailloux en son honneur.
La civilisation aurait-elle atteint des sommets aussi vertigineux qu’à la veille de la Révolution française… si les masses n’avaient pas accepté les privilèges des aristocrates comme étant simplement un fait de l’existence ?
D’un autre côté, la Deuxième guerre mondiale ne se serait pas produite sans la folie d’Adolf Hitler au sujet des Übermensch. Elle donne du grain à moudre aux chaînes historiques sur le câble… mais elle a aussi provoqué une guerre mondiale qui a fait 60 millions de morts. L’Allemagne elle-même a été réduite en cendres.
On nous demande toujours de croire ce qui n’est pas vrai – mais rarement nous a-t-on demandé de croire autant d’idées idiotes en même temps.
Mais à la Chronique, notre sujet, c’est l’argent… alors concentrons-nous sur cela.
Les autorités à la rescousse
En réaction à l’hystérie qui entoure le coronavirus, les autorités américaines ont arrêté net l’économie. Elles affirment à présent qu’elles peuvent « actionner l’interrupteur » et la rallumer… et que les choses reviendront à la « normale » en quelques semaines.
Les actions étaient déjà à des sommets record en janvier 2020, lorsque le Covid-19 est entré en scène. Lors de la panique qui s’est ensuivie alors que le virus se répandait dans le monde, elles se sont effondrées – et pour une bonne raison : les entreprises ne valent plus autant lorsque les revenus cessent de rentrer dans les caisses.
Mais les autorités sont venues en renfort… avec un plan de renflouage de 2 200 Mds$… près de 3 000 Mds$ de nouvelle impression monétaire… une augmentation de la dette nationale de 4 000 Mds$… et, bientôt, 1 000 Mds$ supplémentaires de dépenses pour la « relance ».
Les marchés boursiers ont grimpé en flèche, reprenant 45% par rapport à leur plancher de mars. Les investisseurs ont annoncé qu’ils « passaient outre » l’actualité épouvantable – chômage à 20%… déficit fédéral de 20% du PIB… 20 000 faillites d’entreprises… loyers impayés… défauts de paiement – pour se concentrer sur l’avenir radieux qui nous attend ensuite.
Une reprise en « V » est au programme, disent-ils. Ce sera « une vraie fusée », annonce le président des Etats-Unis.
En d’autres termes, ils ont acheté durant le creux en se basant sur l’idée – frauduleuse, bien entendu – que les gouverneurs de la Réserve fédérale peuvent adroitement guider l’économie vers une reprise pleine et rapide… et que l’argent de la planche à billets rendra les actifs encore plus précieux.
Le truc, évidemment, est de garder la tête froide. Certains mythes sont utiles. D’autres sont sinistres, voire mortels.
D’autres encore, aussi absurdes soient-ils, peuvent être transformés en profits. Des gens ont dû prospérer grâce à la construction des pyramides, par exemple, même si elle signifiait une vie de travaux forcés pour l’homme du commun.
Pareillement, beaucoup de gens ont gagné de l’argent durant la Deuxième guerre mondiale, alors même que des millions de soldats ordinaires étaient réduits en bouille lorsqu’ils montaient au front.
Une bonne stratégie
Aujourd’hui, un spéculateur rusé pourrait penser qu’il a eu de la chance. Il pourrait anticiper le flot d’argent arrivant sur les marchés boursiers de la part des banques centrales. Il pourrait se dire qu’il n’a qu’à se positionner quand la marée monte.
Prudence, cependant. En ce début de semaine, le niveau de l’eau a chuté d’un seul coup. Hier, la baisse s’est inversée. Demain… qui sait ?
Certaines choses sont plus prévisibles que d’autres, toutefois. A mesure que la situation empire dans l’économie réelle (les mises en faillites deviennent plus fréquentes que les nouveaux cas de Covid-19), la Réserve fédérale redoublera sans doute d’efforts et d’hallucinations.
Un parieur peut s’attendre avec une relative confiance à ce que la Fed ouvre une fois encore les vannes – avec encore plus de milliards de fausse monnaie. Reuters :
« Mercredi [dernier], la Réserve fédérale a signalé qu’elle prévoit des années de soutien extraordinaire à une économie confrontée à un chemin lent et tortueux pour se remettre de la pandémie de coronavirus, les autorités prévoyant que l’économie se réduise de 6,5% en 2020 et que le chômage atteigne les 9,3% d’ici la fin de l’année. »
Les actions chutent ; la Fed imprime de l’argent. C’est plutôt simple.
« Acheter pendant les creux » pourrait se révéler être une bonne stratégie.
Une gigantesque fraude
Mais… notre hypothèse est que le mythe de l’impression monétaire est en train de ruiner l’économie des Etats-Unis, de saper leur stabilité sociale et de corrompre leur gouvernement. Aujourd’hui, les gens de l’industrie financière peuvent remercier la Réserve fédérale pour une bonne partie de leur richesse. Comme des aristocrates français avant la Révolution, le système à deux systèmes leur convient très bien.
Et si des spéculateurs à l’esprit vif pourraient faire des gains en jouant le système et en anticipant la Fed, nous les incitons à la prudence.
Au final, si nous avons raison… tout cela se paiera très cher. Il n’y aura pas de monuments – comme la pyramide de Khéops ou le Sphinx – admirés par les touristes dans 1 000 ans.
Il n’y aura que la triste histoire sordide d’une fraude gigantesque…
… le chaos, la destruction et la pauvreté…
… Et les tristes récits des spéculateurs qui ont oublié de quitter la ville avant que les tombereaux ne s’ébranlent.