Après les amendes pour excès de vitesse, bientôt des amendes pour dépassement de plage horaire de recharge et entorse à la « sobriété énergétique » ?
Ursula von der Leyen vient d’affirmer ce 7 septembre que l’UE proposera un « objectif obligatoire de réduction de la consommation d’électricité aux heures de pointe ».
Vous l’entendez monter en puissance, cette petite musique qui fait de l’eurocratie de Bruxelles une entité en roue libre qui se mêle de tout, qui décide de tout, mais sans décision ni validation parlementaire car « l’urgence commande ».
Mais, il y a une autre partie de sa déclaration qui m’indispose profondément : il s’agit de l’élément de langage « afin d’aplatir la courbe ».
C’est exactement celui employé par la même Ursula (« aplatir la courbe des hospitalisations ») il y a deux ans lorsqu’elle dévoila tout un arsenal de mesures liberticides – et largement inefficaces –, avant de passer commande de centaines de millions de doses de vaccin ARN au prix fort auprès de Pfizer, dans des conditions parfaitement opaques.
Et tout ceci, en zappant toutes les étapes démocratiques (travail parlementaire, enquêtes indépendantes sur l’efficacité des vaccins, etc.).
Sauver la planète, mais sans trop consommer d’électricité
Et cet « aplatissement » est dilué dans un discours pseudo-sacrificiel et culpabilisant qui martèle que la pénurie ne serait pas le fait de choix énergétiques contestables, de décisions politiques unilatérales et une fois encore non validée par la représentation citoyenne… mais la conséquence du « manque de responsabilité et de solidarité » des citoyens qui mériteraient bien alors de subir des coupures de courant, ou des baisses de puissance.
Parmi ces réfractaires potentiels qui consomment trop, on compte de nombreux citoyens qui ont cru bien faire et participer au sauvetage de la planète en faisant l’acquisition d’un véhicule électrique.
Ils sont désormais sommés de le recharger aux heures creuses, faute de quoi, le plein de leur batterie de 500 kg leur coûtera plus cher qu’un plein d’essence (déjà expérimenté au Royaume-Uni).
Après les amendes pour excès de vitesse, verra-t-on bientôt fleurir les amendes pour dépassement de plage horaire de recharge et entorse à la « sobriété énergétique » ?
Et les personnes qui prennent leur douche ou font tourner leur lave-linge hors des « heures creuses » (parce que leurs horaires professionnels ne leur permettent pas de faire autrement) seront-elles bientôt poursuivies et verbalisées en tant que « délinquants énergétiques » ?
J’ouvre ici une parenthèse : certains parmi-vous ont-ils remarqué que les « heures creuses » ne démarrent plus à 22H30 mais à … minuit ? Comment est justifiée cette perte de 90 minutes de fourniture de courant à un tarif minoré ? Avons-nous été seulement avertis ?
Personnellement, j’ai fouillé mes mails à la recherche d’un message de mon fournisseur (qui gère le parc nucléaire français), mais je n’ai rien trouvé. Le communiqué a dû être perdu dans mes spams et comme je vide cette corbeille régulièrement… je ne saurai jamais.
En fait, je suis convaincu à 99,9% qu’ils ont « oublié » me prévenir, mais ils n’oublieront pas de m’appliquer le plein tarif jusqu’à minuit sur ma note d’électricité.
Le meilleur chauffage est-il le moins cher ?
Mais cette petite mesquinerie ne me coûtera que quelques euros supplémentaires. Alors que les Français qui ont cédé à l’injonction de remplacer leur chaudière au gaz ou au fioul et qui ont opté par la solution « performante et économique » des chaudières à pellets seront très heureux de constater un quadruplement du prix de ce combustible, qui se retrouve de surcroit rationné (pas plus de 150 kg/personne) dans les principaux points de distribution (hypermarchés, grandes surfaces, enseignes de spécialité de type Leroy Merlin).
Le prix du sac de 15 kg (c’est l’unité standard) vient de passer en un an de 2,40 / 2,80 € (en fonction de la quantité commandée) à 9,4 / 9,80 € dans plusieurs grandes surfaces où je me suis rendu depuis un mois.
Se chauffer avec une chaudière à granules de bois est devenu aujourd’hui plus onéreux que se chauffer avec une vieille chaudière à mazout : au tarif actuel, pour chauffer une maison de 100 m², il est plus économique de mettre 1 000 litres de fioul dans sa cuve pour l’hiver que de brûler 2 tonnes de pellets (pour obtenir le même rendement calorique).
A 600 € la tonne, les pellets reviennent plus cher que le fioul et, selon des calculs concordants, ils ne redeviennent rentables qu’en dessous de 8 € le sac de 15 kg, soit 533E/T.
Mais il y a encore plus rageant que de changer sa chaudière pour voir le combustible multiplié par quatre : en Californie, les propriétaires de Tesla et autres SUV électriques se précipitent pour acheter des groupes électrogènes et d’énormes jerrycan de diesel pour être surs de pouvoir recharger leur véhicule pour aller travailler.
En effet, les premières coupures de courant sont annoncées comme imminentes en Californie. La plupart des centrales hydro-électriques de l’Etat sont en effet quasi à l’arrêt pour cause de manque d’eau, suite à une sécheresse historique qui sévit depuis plusieurs années.
Echange gaz contre électricité
Le nucléaire ne représente plus que 10% du mix énergétique californien depuis la fermeture de la centrale de San Onofre en 2014 (ne restent opérationnels que les deux réacteurs à eau pressurisée de Diablo Canyon).
Maintenant, nous attendons de voir l’Allemagne livrer à la France du courant produit au charbon en l’échange de gaz pour l’industrie sidérurgique germanique : nos Teslas ne rouleront pas au diesel comme en Californie, mais au charbon.
Mais laissons de côté les figures de style humoristiques : bien plus sérieusement, l’Allemagne se prépare à des temps très difficiles, et à des difficultés prolongées.
Pour au moins 3 à 4 ans, le temps que le GNL soit produit en abondance depuis le Qatar, le Canada, et pourquoi pas l’Iran, puis et acheminé à moindre coût dans des super-méthaniers flambant neufs (il en faudra une bonne centaine pour compenser l’arrêt de Nordstream 1).
Car la compétitivité de l’industrie germanique a été de plus en plus largement basée sur une énergie abondante et bon marché : le gaz russe, à égalité avec le renouvelable, afin de compenser l’arrêt du nucléaire, ce qui s’avère aujourd’hui une erreur funeste et peut-être fatale pour le modèle allemand.
Plusieurs hauts fourneaux sont déjà à l’arrêt outre-Rhin (l’aluminium et l’acier plat commencent à manquer) et il ne se passe pas un jour sans qu’un gros industriel n’annonce l’arrêt d’un site de production.
Que ce soit très clair : les réserves de gaz reconstituées dans l’urgence cet été ne permettront même pas de tenir jusqu’au milieu de l’hiver.
Sans flux supplémentaires, c’est-à-dire sans la remise en service même partielle de Nordstream 1, l’Allemagne devra réduire son activité industrielle de 15% : ce ne sera pas une récession mais une dépression qui frappera notre principal partenaire économique avant la fin de l’année.
La France n’en sortira pas indemne.