La Chronique Agora

« Huit graphiques prouvant que la France est l’homme malade de l’Europe »

France

Comment ? La France, un canard boiteux ? Notre orgueil national est touché de plein fouet. Restons dans un déni patriotique ne serait-ce qu’un instant et rassurons-nous en nous disant qu’il y a la Grèce.

Mais nous nous devons d’affronter la triste vérité…

Un article récent de Patrick Scott, dans le journal britannique The Telegraph, est bien accablant. Preuves à l’appui, il dépeint un tableau bien sombre de la France en huit graphiques évocateurs.

Reprenons un à un ces faits vérifiables, ces « huit salopards » que nous ne pouvons ignorer.

Un regard extérieur est toujours révélateur.

Hausse de la dette publique, croissance en berne et Etat glouton, un trio infernal

La dette de la France poursuit son inexorable ascension à un rythme accéléré depuis la crise financière de 2008. En 2017, elle fleure les 100% du PIB.

A titre de comparaison l’Italie et la Grèce sont respectivement à 132% et 177%. L’Allemagne est mieux lotie avec une dette avoisinant les 71% de son PIB et le Royaume-Uni avec un taux de 89%.

Mais The Telegraph critique l’accélération de l’endettement :

« Une Europe en lutte avec de hauts niveaux de dette est un fait connu, mais il est aisé de penser que des pays avec une stature internationale comme la France auraient moins de problèmes avec leur dette, que disons, la Grèce.

Cependant, la dette publique en France a augmenté considérablement durant ces huit dernières années, au point qu’elle approche désormais les 100% du PIB.

Ce qui la range parmi le top 6 des pays les plus endettés de l’UE. »

A cette dette publique gonflant d’année en année, s’ajoute un Etat glouton qui se goinfre de plus de la moitié de notre PIB. Les dépenses publiques représentent en effet 57% du PIB, seule la Finlande peut se targuer d’atteindre un tel niveau.

The Telegraph doute donc de notre capacité à maîtrise l’emballement :

« Il est difficile d’imaginer comment la France sera en mesure de réduire cette dette compte tenu de son niveau actuel de dépenses. »

« La France est aussi en bas du classement en ce qui concerne la croissance (…) ».

Sur le graphique suivant, vous pourrez constater que la croissance française traine le pas, à des niveaux inférieurs à la moyenne européenne qui se maintient à 2,2% en 2015.

L’OCDE table sur une croissance à 1,4% pour 2017 et révise ses prévisions pour 2018 : 1,4% également contre 1,6% initialement prévu.

Conflits sociaux et chômage, un environnement peu propice à la prospérité

Nos grèves, objet de risée chez les pays anglo-saxons, pèsent sur le travail effectif.

Le graphique ci-dessous montre qu’entre 2009 et 2015, n’en déplaise à nos syndicats, en moyenne sur 1 000 salariés, la France perd 149 jours de travail.

Une petite note positive : les travailleurs français restent toutefois plus productifs avec un PIB par heure travaillée de 60,84 dollars en 2015, mieux que la moyenne des pays de l’Union européenne (47,4 $), que le Royaume-Uni (47,74 $) et l’Allemagne (58,98 $). Depuis 2008, les américains nous dépassent avec un score de 62,89 $ en 2015.

A cela s’ajoute un code du travail sclérosé et très protecteur du salarié qui freine les entreprises à embaucher. Cette exception française n’a pas échappé au Telegraph :

« Les CDI font figure de denrées rares en France, avec des entreprises peu enclines à y avoir recours en raison de l’étendu des droits qu’ils accordent aux salariés. Cela conduit à une utilisation élevée de contrats temporaires, dont beaucoup de salariés travaillent sur une base mensuelle.« 

La spirale du chômage gravite autour des 10%, soit son niveau en janvier 2017. Le chômage des jeunes (15-24 ans) culmine à plus de 24% en 2016.

Pour se donner du baume au coeur, on comparera ces niveaux aux taux de chômage italiens et espagnols à 11,9% et 18,6% – puis on tentera d’oublier que d’autres pays comme l’Allemagne et le Royaume-Uni font bien mieux que nous avec un quasi plein emploi (3,80% et 4,80%).

La cause de notre chômage élevé doit sans doute provenir des robots, ces vilains voleurs de travail !

« Des signes alarmants sur les marchés financiers »

Nous en parlions précédemment, le spread de taux entre le 10 ans Allemand et l’OAT français est révélateur de l’inquiétude des investisseurs étrangers devant la situation de notre pays et les échéances présidentielles prochaines.

« L’incertitude entourant l’avenir politique de la France, conjuguée à ses difficultés économiques, ont conduit les investisseurs à considérer le pays comme étant un pari risqué ces derniers mois.

On peut l’observer en constatant l’écart entre le rendement des obligations françaises et allemandes.

L’Allemagne est considérée comme la référence en termes de rendements obligataires, le repère de stabilité par lequel les autres pays peuvent être mesurés. »

Du côté du marché action, les performances du CAC 40 sont pour The Telegraph peu convaincantes : l’indice stagne depuis plusieurs mois. Il franchit le cap des 5 000 points en ce début de mois de mars.

Pour mémoire, un tel niveau fut atteint pour la dernière fois en novembre 2015.

Conclusion du cruel quotidien britannique : « la France est au bord du gouffre, tant historiquement que politiquement ; en ce qui concerne l’économie, le changement n’a que trop tardé. »

Force est d’admettre que la France rejoint inexorablement le rang des cancres.

L’Italie et la France sont désormais les maillons faibles d’une Union Européenne déjà bien ébranlée.
[NDLR : L’Allemagne semble se préparer à la fin de l’euro tel que nous le connaissons. Certains signes, que nous exposons ici, ne trompent pas. Et vous, êtes-vous prêt ?]

Le poids de leur économie et leur importance historique dans la construction européenne risquent de peser lourd sur l’avenir.

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