La Chronique Agora

La fin d’une ère

krach marchés boursiers

La semaine dernière, le président de la Fed a marqué dans une de ses déclarations un complet retournement de sa position sur l’inflation, surprenant certains observateurs. En réalité, c’est le résultat d’une douzaine d’années de changements profonds.

Les autorités ont appris la leçon de 2008.

A l’époque, elles avaient cyniquement utilisé l’argent des peuples et surtout celui des classes moyennes pour sauver les ultra riches, les financiers, les banquiers et les grandes familles dynastiques de la noblesse du pognon.

Derrière, elles ont commis la bêtise de vouloir imposer l’austérité et de redresser les déficits. Elles ont même tenté de limiter les dépenses budgétaires et les ratios de dettes.

Le système a failli craquer et en particulier le système européen.

Il a fallu utiliser le coûte que coûte et lâcher du lest.

L’espoir et la volonté de redresser les situations et de revenir en arrière a été abandonné.

Il est apparu que la hausse des taux et la réduction des monétisations des dettes souveraines étaient impossible.

La création monétaire de la Fed a tout pollué

On s’est également aperçu que le monde était global et que la création monétaire de la Fed avait tout pollué. C’est-à-dire que les Etats-Unis étaient maintenant obligés de tenir compte de la situation de la périphérie et des pays émergents.

La fragilité financière et les risques pour la stabilité mondiale ont imposé aux autorités US un troisième mandat : celui de maintenir l’ordre mondial financier et monétaire.

Une vague de populisme a suivi les sauvetages et les scélératesses de la grande crise et de la grande récession. Vague qui a failli faire sauter le système, socialement et politiquement.

Le vent du boulet est passé près : on l’a vu avec la venue au pouvoir de Trump.

Les autorités en ont tiré la leçon.

Le système actuel est condamné de façon endogène par la suraccumulation de capital, par l’excès de dettes, par l’insuffisance de profits et de valeur ajoutée. Il s’y ajoute à la fois les perspectives d’une croissance lente et celle de la transition climatique, qui va coûter une somme colossale, des dizaines de milliers de milliards (ou plusieurs années de PIB français, si vous voulez une échelle de comparaison) rien que dans un premier temps, pour la mise en place.

Pour y arriver, il faut détruire beaucoup de rapports sociaux, beaucoup de promesses comme les retraites et la protection sociale. Il faut repartir à zéro, remettre les compteurs sinon à zéro du moins à des niveaux gérables.

Remettre les compteurs à zéro

J’en profite pour vous rappeler en passant que la vraie fonction historique objective de la Bourse est de détruire les fausses valeurs des bulles. Précisément pour remettre les compteurs à zéro dans sa découverte des vrais prix.

C’est pour cela que nous sommes en phase de grande prédation : l’argent intelligent (les principaux fonds et banques de la planète) rafle tous les biens réels et rares en ce moment, pendant que le public achète le papier ! Tout ce qui est émis doit être détenu, c’est un colossal mistigri et qui va in fine détenir le mistigri ? c’est vous! Directement ou indirectement.

Comprenez que tout ce que vous voyez, entendez et subissez est une construction parallèle destinée non pas à traiter la crise présente – si c’est une vraie crise – mais à utiliser les événements actuels pour préparer le futur.

Les constructions parallèles sont des structures qui ont de nombreuses adaptations et utilisations. Elles se sont imposées, en matière financière, pour manipuler les marchés. Elles consistent à donner dans les médias de fausses causalités aux événements boursiers, afin de détourner des vraies causalités et ainsi d’endormir la vigilance et les prises de conscience des opérateurs. On fracasse leur capacité à raisonner. On crée des réflexes à la Pavlov qui court-circuitent l’intelligence.

Si ça baisse, c’est à cause de…

Exemple : si vous dites que la cause de la baisse, c’est le variant Omicron, cela vous permet de remonter le marché quand la population s’aperçoit que ce risque ne se réalise pas. La vraie cause de la baisse des marchés ce n’est pas Omicron, c’est l’impasse – maintenant évidente pour l’argent intelligent – dans laquelle se trouvent les banques centrales mondiales.

Pour faire fluctuer le marché, il vous suffit de manipuler les informations et les perceptions sur ce variant.

Si vous dites que la cause de la hausse des marchés, c’est la situation Goldilocks, il vous suffit de manipuler les informations et les perceptions associées pour pouvoir avoir le contrôle du marché. On a vécu jusqu’à présent sur ces perceptions.

Powell a essayé de prolonger l’illusion depuis mars 2020, il a essayé de faire passer l’idée que l’inflation était temporaire. On allait revenir au « ni trop chaud ni trop froid » qui autorise toutes les dérives monétaires. Hélas, il a été démenti, il a dû aller à Canossa.

Le « narratif Goldilocks » est une construction parallèle qui vient de s’effondrer. Une nouvelle ère s’ouvre sous nos yeux.

Grâce aux constructions parallèles, on construit une fausse logique, afin d’en tirer un bénéfice que l’on n’énonce pas. En ce moment ce narratif s’effondre, le voile tombe.

Je n’insiste pas car je ne cherche pas à vous persuader. Si vous jugez cet outil intellectuel utile, approfondissez-le, servez-vous-en, adaptez-le.

Pourquoi est-on sorti de l’ère Goldilocks ?

C’est ce que nous verrons demain.

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