La Chronique Agora

De fieffés menteurs

Le monde va mal – mais il n’allait déjà pas très bien avant l’arrivée du coronavirus… et son état ne s’améliorera pas même après la fin de la pandémie…

Pour l’instant, le monde a perdu 100 millions d’emplois.

Ces pertes d’emplois ne sont guère significatives car, prises dans la panique du confinement, les autorités – c’est-à-dire le couple gouvernement/banque centrale – ont pris des mesures financières, monétaires et fiscales pour essayer de suppléer la perte des revenus et ainsi masquer en grande partie la profondeur des destructions.

Ceci ne peut avoir qu’un temps car, déjà, les systèmes fiscaux et monétaires sont sous tension. On pourra encore effectuer un round de répartition de subsides, on ne pourra guère aller plus loin. Déjà, de fortes oppositions se manifestent.

On estime que la récession peut atteindre les dimensions de celle que nous avons connue dans les années 30.

On peut raisonnablement avancer un chiffre de 500 millions de pertes d’emplois, une fois que les subterfuges auront été épuisés et que la crise aura été jusqu’au bout de ses effets. Si cela est vérifié, c’est entre 100 et 150 millions de personnes qui vont être plongées dans la misère dans les pays en voie de développement.

La conjonction de dépenses de santé en forte hausse, de déclin des produits nationaux bruts, de chute des recettes fiscales, de recul des exportations et des échéances de dettes a toutes les chances de faire ressortir un trou de plus de 3 000 Mds$ dans le monde en développement.

Non seulement l’incidence sera colossale sur les pays développés en termes économiques, mais elle sera également colossale en termes sociaux et migratoires.

Ce que l’on vous cache

Ce que l’on vous cache depuis le début, c’est non seulement l’ampleur de la catastrophe qui est en cours, mais surtout et aussi le contexte dans lequel elle intervient.

Contrairement à ce que disent les fieffés menteurs comme Bruno Le Maire et Macron, nos systèmes étaient déjà très mal en point quand la pandémie est arrivée.

De cela, on ne vous parle pas parce que, si on vous en parlait, vous prendriez conscience du fait que l’on vous ment depuis 2008. Vous prendriez conscience du fait que la crise de surendettement n’a jamais été terminée, que les remèdes n’ont fait qu’enraciner le mal et peut-être même, on ne sait jamais, que ces remèdes purement idéologiques n’avaient comme objectif que de stabiliser un système social et économique inique, sinon spoliateur.

Les remèdes administrés depuis 2008 ont en effet, comme l’a dit Ben Bernanke, « sauvé l’ordre social », mais aussi, comme il ne l’a pas dit, ils ont sauvé la fortune des ultra-riches, ils les ont enrichis encore plus et ce sont eux qui ont accru les inégalités.

En 2019 le monde luttait déjà pour enrayer une nouvelle crise financière

La croissance était en fort ralentissement et, depuis septembre 2019, des craquements sinistres se faisaient entendre sur les marchés internationaux – craquements qui ont obligé les autorités monétaires à procéder à un nouveau round d’inflationnisme.

Dès septembre 2019, il a fallu réinjecter des centaines de milliards dans tous les grands systèmes développés afin d’éviter l’effondrement de la pyramide financière et stabiliser ce que l’on appelle le levier, c’est-à-dire le recours à l’endettement.

Dès avant la pandémie, le monde allait mal. Le taux de croissance moyen de la période 2010/2019 n’a été que de 2%. Il se compare à un taux de 2,4% en moyenne pour la période qui a précédé la crise des subprime.

Mythes et élites

On entendait çà et là des propos visant à faire accepter des taux de croissance séculairement bas pour l’avenir. Ainsi, des gens comme l’économiste Lawrence Summers, élite parmi les élites, ont popularisé l’idée d’une croissance durablement ralentie à 1,5% l’an seulement.

Dans la période actuelle, ces mêmes personnes, avec les mêmes modèles, avancent l’idée d’une nouvelle baisse du taux de croissance potentiel à 1% seulement.

Il n’y a aucune chance, dans les conditions présentes, que nous puissions assister à une reprise économique vigoureuse. La reprise en « V » est un mythe, un mythe qui est au mieux utile pour le marketing boursier.

Certes, les chiffres que l’on vous publie font ressortir des bonds spectaculaires. Mais c’est une question de présentation. Ils sont conçus pour la propagande.

La réalité est que le monde aura bien du mal à retrouver le niveau de 2019 avant 2022. Il aura perdu entre temps 10 000 à 12 000 Mds$ de production de richesse et il se sera alourdi de milliers, voire de dizaines de milliers de milliards de nouvelles dettes.

Même dans les prévisions les plus optimistes, on n’anticipe pas de stabilisation des dettes avant… 2025 !

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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