La Chronique Agora

Viva Cuba Libre!

démocratie

Fidel Castro a été considéré comme révolutionnaire et « agent du changement ».

Mais on le cerne mieux en le voyant comme une réminiscence du passé, et un contre-révolutionnaire plus qu’un révolutionnaire.

La véritable révolution, concernant les activités humaines, a eu lieu bien avant sa naissance… et elle se poursuit : il s’agit de la révolution conduite par un capitalisme de libre marché civilisé.

La véritable révolution fut le passage de la violence à la persuasion. En affaires, le vol a cédé sa place aux échanges volontaires. En politique, les élections et la démocratie consensuelle ont progressivement remplacé les conquêtes armées.

Il y a encore relativement peu de temps, les rois étaient poignardés dans le dos par leurs proches. Les empereurs étaient massacrés par leurs gardes. Les conquérants l’emportaient sur des souverains régnants et s’emparaient de tout : femmes, argent, terres et peuples.

Au moins, l’homme du peuple savait où était sa place…

Il savait qu’il était un sujet, et non un citoyen. Il ne payait pas plus de taxes qu’il ne le devait. Il dissimulait sa richesse. Il esquivait ses souverains et leur cortège d’impôts, de corvées et d’escadrons de la mort.

Quant à mourir pour son pays, pas question ! Il savait qu’il avait plus de chances de mourir aux mains de son gouvernement qu’en le défendant.

La démocratie, sous ses différentes formes, a évolué aux 18ème, 19ème et 20ème siècles.

L’imposture de la démocratie a remplacé la force

La démocratie a réussi car elle a su embobiner l’homme du peuple au point de le convaincre que le gouvernement lui appartenait… qu’il en avait la charge… et qu’il était maître, non serviteur. Autrement dit, la force a laissé place à l’imposture.

Ce fantasme a conféré à l’homme du peuple un état d’esprit généreux.

Il a fait la queue pour voter. Il a volontairement payé des impôts. Il a fait la queue pour aller à l’armée. Et en temps de guerre, il était prêt – selon la presse patriotique – à se jeter sur une grenade pour sauver son camarade soldat et la cause qu’il servait.

Cela a donné aux gouvernements démocratiques un énorme avantage, en termes d’évolution : le fait de laisser l’homme du peuple participer à son propre gouvernement le rendait plus enthousiaste et cela réduisait le coût de l’obéissance. Les élites qui ne pouvaient se reposer que sur la coopération de sujets méfiants, agissant à contrecoeur, n’ont pu rivaliser avec cela.

Les lecteurs remarqueront que l’esclavage est passé de mode à la même époque, à peu près, que celle où les gouvernements démocratiques ont évolué. Et pour la même raison.

L’espèce humaine aurait-elle acquis un sens accru de la justice et de la sympathie à l’égard de son prochain ?

C’est peu probable. Ce qui a évolué à un niveau supérieur, c’est l’économie. Il était désormais meilleur marché et plus efficace de payer les ouvriers que de les employer comme esclaves. Le chantier du New Basin Canal, en Louisiane, dans les années 1930 l’illustre parfaitement.

Les esclaves contractèrent la fièvre jaune dans les marécages et moururent. Les esclaves avaient une valeur financière. Or un esclave mort ne valait rien. Lles ingénieurs trouvèrent donc une nouvelle source de main-d’oeuvre : de pauvres Irlandais prêts à travailler pour la modique somme d’un dollar par jour. Ils moururent encore plus rapidement que les esclaves. Mais personne ne s’en soucia.

Cuba s’était frayé un chemin vers une démocratie fragile, lorsque Fidel Castro entra en scène. Mais en 1952, l’ex-président Fulgencio Batista fit un coup d’Etat. Ensuite, il fit équipe avec la mafia américaine afin de transformer Cuba en « Las Vegas latino ».

La colère du peuple est montée lorsque le Cubain moyen a nourri le sentiment de ne pas être traité de façon juste.

Fidel Castro débarqua en 1956, avec 80 « révolutionnaires ». Il n’y avait pas grand-chose de révolutionnaire, en eux. Ils avaient simplement l’intention de rétablir les bonnes vieilles valeurs — le meurtre, le vol, l’esclavage – à Cuba.

L’arnaque du communisme

Mais Castro élabora bientôt une nouvelle arnaque : le communisme. C’était une nouvelle souche de la politique, une forme mutante de gouvernement, intégrant les pires caractéristiques — anciennes et nouvelles — de la politique, et mêlant la force séculaire à cette nouvelle imposture populaire.

Le communisme prétendait que le camarade citoyen était non seulement en charge de son gouvernement, mais également de son économie. Non seulement le prolétariat était la nouvelle classe régnante mais il était également propriétaire de toutes choses !

Pendant quelques dizaines d’années, cette nouvelle croyance sembla fonctionner. Le travailleur moyen était apparemment enthousiaste (ceux qui ne l’étaient pas étaient fusillés, exilés ou emprisonnés)… tant que l’approvisionnement en « choses » durait.

Mais il y avait un défaut mortel. Le capitalisme incite à produire ; la force et la violence s’appuient sur le vol. Alors que les années passaient, les communistes ont manqué de choses à confisquer tandis que les économies fondées sur le volontariat, elles, en fabriquaient tellement– des tanks, armes et bombes – que, désormais, rien ne pouvait les arrêter.

A présent, après avoir arpenté une impasse pendant 67 ans, Fidel est mort.

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