Les milliards de dollars pleuvent de tout côté – et le marché des repos est plus particulièrement affecté. Gare au massacre…
Au troisième trimestre 2019 le crédit a brillé de tous ses feux.
Ce fut sublime, éblouissant !
Le crédit total aux Etats-Unis – emprunts non-financiers, financiers et étrangers – a bondi de 1 075 milliards de dollars. Une production de crédit colossale. On est bien au-delà des besoins nécessaires pour que la machine économique tourne ; il y a là de quoi emballer la machine financière.
C’est le gain trimestriel le plus élevé depuis les 1 159 milliards de dollars du quatrième trimestre 2007. On a terminé en septembre à 74 862 milliards de dollars, soit 348% du PIB US.
Le crédit total a augmenté de 3 230 milliards de dollars au cours des quatre derniers trimestres (4,5%) et de 6 446 milliards de dollars (9,4%) en deux ans.
La dette non-financière (NFD) a bondi de 835 milliards de dollars au cours du trimestre, soit le double de la croissance du deuxième trimestre et la plus forte expansion depuis le premier trimestre 2004, (1 234 milliards de dollars).
A 53 896 milliards de dollars, la dette non-financière a terminé septembre à un niveau record de 250% du PIB, en hausse par rapport aux sommets du cycle précédent qui étaient de 226% à la fin de 2007 et de 183% à la fin de 1999.
En pourcentage, la NFD a augmenté à un taux de 6,32% contre 3,15% au deuxième trimestre.
Je ne vais pas vous détailler toute la production de dettes, sachez que celle du gouvernement américain a progressé au rythme de 10,4%, une bagatelle… pour un massacre, bien sûr.
Parlons repo…
Bien entendu, la dette des marchés financiers est en plein essor. Les actifs des courtiers ont bondi de 102 milliards de dollars – ou 12% en rythme annualisé – au cours du troisième trimestre, pour atteindre 3 588 milliards de dollars (le plus haut depuis le premier trimestre 2013).
Les accords de rachat de titres ont augmenté de 103,3 milliards de dollars, ou 30% en rythme annualisé. Sur quatre trimestres, les actifs de repo ont bondi de 302 milliards de dollars, représentant 77% de la croissance des actifs des courtiers au cours de la période.
En matière de repo (fonds fédéraux et accords de rachat de titres), les passifs ont bondi de 222 milliards de dollars supplémentaires au cours du trimestre pour atteindre 4 502 milliards de dollars, le plus haut remontant au troisième trimestre 2008.
Au cours de l’année écoulée, les repos ont bondi d’un record de 932 milliards de dollars, soit 26,1%.
Pour rappel, les passifs repos ont augmenté en moyenne de 51,9 milliards de dollars par an au cours des cinq dernières années (2014-2018).
Le bond de 932 milliards de dollars au cours des quatre derniers trimestres est plus du double de la plus forte hausse annuelle enregistrée au cours de la dernière décennie (gain de 422 milliards de dollars en 2010 qui a suivi la contraction de 1 672 milliards de dollars en deux ans pendant la période de crise).
De façon inquiétante, le gain de l’année dernière dépasse également le gain record de 824 milliards de dollars pour les quatre trimestres qui ont précédé juin 2007. Les actifs de mise en pension ont augmenté de 1 087 milliards de dollars au cours des quatre derniers trimestres pour atteindre un record de 4 813 milliards de dollars.
Qui détient ces milliers de milliards de repos ?
Les courtiers en ont pour 1 467 milliards de dollars, suivis des fonds du marché monétaire pour 1 173 milliards de dollars. Vient ensuite le reste du monde à 781 milliards de dollars ; les banques étrangères aux Etats-Unis en ont pour 403 milliards de dollars ; et la Fed a récemment acquis 203 milliards de dollars.
Vous vous étonnez de la crise en cours sur le marché des repos ?
Moi pas !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]