La crise était « impossible à prévoir », ont dit les autorités – histoire de soigneusement dissimuler leur impréparation. Et maintenant, elles se préparent à remettre le statu quo en place.
Les retards dans les tests et les verrouillages/confinements ont été coûteux en Europe ; l’Italie, l’Espagne, la France et le Royaume-Uni en payent un prix élevé.
Certains pays d’Asie de l’est ont beaucoup mieux réagi. La Corée du Sud, Singapour et Hong Kong semblent avoir contrôlé la propagation de la maladie grâce à une combinaison de tests, de recherches et de politiques de quarantaine strictes.
Des contrastes intéressants sont également apparus au sein des pays.
Dans le nord de l’Italie, la Vénétie a fait beaucoup mieux que la Lombardie voisine, en grande partie grâce à des tests plus complets et à l’imposition plus tôt de restrictions de voyage.
Pour l’essentiel, la crise s’est déroulée d’une manière quasi-conforme aux modèles. Comme nous l’affirmions hier, elle aurait pu être anticipée.
Autres pays, autres dirigeants
L’approche incompétente, maladroite de Macron n’a eu d’égale que celle de Trump. Certainement pour les mêmes raisons : le narcissisme, la surévaluation personnelle et l’autoritarisme sans partage. Ce n’est pas un hasard si on retrouve dans le même groupe des incompétents Jair Bolsonaro, au Brésil.
Tous ont minimisé les risques.
A l’inverse, il n’est pas surprenant que les gouvernements aient réagi plus rapidement et plus efficacement là où ils jouissent encore d’une confiance importante du public, comme en Corée du Sud, à Singapour et à Taïwan.
La réponse de la Chine a été typiquement chinoise : suppression des informations sur la prévalence du virus, degré élevé de contrôle social et mobilisation massive de ressources une fois que la menace est devenue claire.
Mon sentiment est que chaque pays a réagi à la fois en fonction de ses particularités propres et en fonction de la personnalité de son dirigeant.
Je soutiens même qu’à l’exception de Boris Johnson, qui a fait amende honorable raisonnable, chacun s’est comporté comme la caricature de lui-même.
Trump continue de mentir et de se vanter, Macron continue de raconter n’importe quoi avec aplomb sans avoir la moindre gêne face à ses contradictions et reniements et Merkel a mis le paquet égoïste au service de son pays – tout en envoyant balader les mendiants perpétuels des pays du sud.
N’attendez pas de changements
Il n’y aura que très peu de changements fondamentaux car les conditions du changement ne sont nulle part réunies. Il ne faut pas confondre les paroles verbales avec les forces susceptibles de modifier les équilibres.
Les changements, ce ne sont pas dans les paroles qu’ils prennent corps, non : c’est dans les conditions matérielles qui les rendent possibles.
Nous allons assister à de gigantesques hommages du vice à la vertu, sans traduction en actions concrètes. Tout va se jouer au niveau de la cosmétique et de la communication.
Le plus net, c’est en France où Macron a choisi de poursuivre envers et contre tout sa politique d’austérité et son rééquilibrage des ressources en faveur des entreprises et au détriment des ménages/populations.
Il n’y a pas émergence de leaders crédibles, de force politique charismatique. Il n’y a pas de changement dans les rapports de force sociaux ou politiques.
Surtout, les banques centrales, seules véritables maîtresses du jeu, entérinent le statu quo avec leur politique d’arrosage dont on voit bien que son seul but est de préserver l’ordre existant, fut-il de plus en plus intenable.
Pour résumer, les forces de rappel à l’identique vont jouer – comme ce fut le cas après la crise de 2009 et après la récession d’alors.
Rien appris, rien compris, rien remis en cause
On traitera tout cela comme un choc exogène : la faute à pas de chance !
Les deux crises actuelles vont engendrer leur propre « biais de confirmation ». Nous allons en faire encore plus dans l’inflationnisme, la délitation monétaire, la répression financière et les inégalités.
Nous verrons probablement dans la débâcle du Covid-19 une confirmation de la nécessité de contrôler les peuples, de réduire leurs libertés… et surtout de les taxer.
L’excuse sera le renforcement des budgets de quelques services publics.
La vision du monde imposée par les élites ne sera pas remise en cause, au contraire. Elles auront le culot de dire que si nous avons eu des problèmes, c’est parce que nous ne les avons pas suffisamment écoutées.
Voyez ce que fait Macron avec l’aide de sa police et de ses médias : tout est de votre faute.
Ceux qui veulent plus de services publics auront de nombreuses raisons de penser que la crise justifie leur croyance et ils réclameront des subsides. Ils auront quelques miettes.
Ceux qui veulent plus de gouvernance mondiale feront valoir qu’un régime international de santé publique plus fort aurait pu réduire les coûts de la pandémie.
On va aplatir la courbe du virus… qui de toute façon se serait aplatie toute seule !
En revanche, il y a une courbe qui ne s’aplatira plus – et c’est elle qui commande tout : la courbe de la dette.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]