La Chronique Agora

Faut-il se préparer au combat ?

Le gouvernement fédéral aura tellement d’intérêts à payer qu’il ne pourra pas le faire. Les investisseurs voient venir le coup…

Hier, notre collègue Dan Denning nous a fait part d’une information importante.

« Le département du Trésor indique que le gouvernement américain a enregistré un déficit de 1 000 milliards de dollars au cours du premier semestre de l’année fiscale. Selon le rapport mensuel du Trésor, le total des dépenses de défense pour le premier semestre de l’année s’est élevé à 433 milliards de dollars. Les charges d’intérêt nettes ont été la quatrième dépense la plus importante, avec 429 milliards de dollars (la sécurité sociale étant la première avec 715 milliards de dollars, et Medicare/Medicaid la deuxième avec 449 milliards de dollars). »

Vous pouvez garder vos armes. Et vous pouvez avoir vos médicaments sur ordonnance. Mais aux Etats-Unis, en 2024, je ne suis pas sûr que vous puissiez encore avoir les deux. Tout cela s’accompagne d’une hausse des prix, d’une hausse des tarifs et d’une absence apparente d’issue de secours.

Le problème est si simple que même un membre du Congrès pourrait le comprendre. Les autorités fédérales dépensent trop d’argent. La différence entre ce qu’ils perçoivent en recettes fiscales et ce qu’ils dépensent en bombes et en médicaments brevetés doit être couverte soit par l’emprunt, soit par « l’impression » d’argent.

« La Fed est prise entre le marteau et l’enclume », a déclaré Stephanie Pomboy de MacroMavens. Si les autorités fédérales empruntent l’argent, elles doivent payer des intérêts. Plus ils empruntent, plus ils paient d’intérêts. A moins qu’ils ne cessent de dépenser, ils doivent emprunter de plus en plus.

Tôt ou tard, les autorités fédérales devront tellement d’intérêts qu’elles ne pourront plus les payer. Les investisseurs voient venir le coup : ils exigent des taux d’intérêt plus élevés pour couvrir le risque, ce qui augmente encore les charges d’intérêt de l’Etat fédéral.

Un coût prohibitif

Historiquement, le point de non-retour se situe lorsque la dette publique atteint 130% du PIB. Ce chiffre n’est pas arbitraire. C’est le moment où les autorités fédérales perdent le contrôle. Et cela pourrait se produire dès la fin de l’année prochaine. C’est la conclusion à laquelle est parvenue une IA à qui l’on a donné les chiffres du FMI pour la période 2001-2024, et à qui l’on a demandé de les projeter dans l’avenir.

Voici ce qui se passe. A un taux d’intérêt de 5%, sur une dette égale à 130% du PIB, le gouvernement fédéral aurait payé l’an dernier 1 600 milliards de dollars d’intérêts, soit un tiers des recettes fiscales.

Or les recettes fiscales ne couvrent déjà que 75% des dépenses fédérales. Cela représente une perte d’exploitation équivalant à un tiers du revenu ; le gouvernement fédéral perd 33 cents pour chaque dollar de revenu. Et chaque année, la perte s’accroît à mesure que les coûts d’intérêt augmentent.

Rapidement, le coût de la dette devient prohibitif. Lorsque cela se produit, les politiciens ont généralement recours à l’impression d’argent supplémentaire. C’est alors que la misère arrive. Les prix augmentent. Les gens s’appauvrissent.

En règle générale, l’inflation sape les institutions clés, notamment le gouvernement lui-même, ce qui entraîne un chaos politique et social, ainsi qu’une pauvreté généralisée.

Même les grands médias sérieux ont commencé à prendre conscience du problème. Voici ce qu’écrit Martin Wolf dans le Financial Times :

« Tout cela menace de créer un cercle vicieux dans lequel les perceptions élevées du risque font monter les taux d’intérêt au-dessus des taux de croissance probables, ce qui rend les positions budgétaires moins viables et maintient les primes de risque à un niveau élevé. 

Il est certain qu’à un moment donné, la loi de Stein s’appliquera : la résistance des investisseurs face à de nouvelles augmentations de la dette sera de plus en plus importante, et il s’ensuivra une monétisation, de l’inflation, une répression financière et un désordre monétaire mondial.  

Le blog du FMI affirme que ‘les pays devraient avant tout commencer à reconstituer progressivement et de manière crédible leurs réserves budgétaires et à assurer la viabilité à long terme de leur dette souveraine’. » 

C’est exact. Reconstituer ces « amortisseurs ». « Assurer la viabilité à long terme de leur dette souveraine. » Bla-bla-bla. Il faut s’y mettre.

Mais ce qu’ils doivent vraiment faire… la seule chose qu’ils peuvent faire… c’est la chose qu’ils ne veulent pas faire : réduire drastiquement les dépenses. S’il est vrai que les Etats-Unis dépensent 1,33 dollar pour chaque dollar de recettes, ils doivent réduire leurs dépenses de 33 cents pour atteindre le seuil de rentabilité. Cela équivaut à une réduction d’environ 1 500 milliards de dollars du budget fédéral.

Etant donné que la plupart des dépenses fédérales sont inutiles, cela devrait être facile à faire. Mais politiquement, c’est presque impossible. Chaque dollar dépensé va dans la poche de quelqu’un. Et si cette personne est puissante, le faire sortir de sa poche sera un véritable combat.

Mais si l’argent continue à couler à la même vitesse, un désastre est presque garanti.

Se préparer au combat

Dans cette situation, un homme d’affaires solide se préparerait au combat. Dos au mur, il ferait ce qu’il faut pour réduire les dépenses… ou fermerait boutique.

Mais comment une démocratie moderne – avec tous ses groupes de pression, ses électeurs, ses lobbyistes et ses faiseurs d’opinion – peut-elle opérer ce genre de changement radical ?

La démocratie est censée être la meilleure forme de gouvernement, parce qu’elle s’adapte aux circonstances changeantes, et qu’elle permet de changer de dirigeants si nécessaire. Est-ce vrai ? Une démocratie a-t-elle déjà été confrontée à ce type de crise ? A-t-elle déjà pris la bonne décision ?

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