C’est le résultat des mésaventures militaires à l’étranger et des machinations monétaires domestiques.
« En un mois, nous n’avons avancé que d’un kilomètre et demi », un médecin Ukrainien a expliqué au Kyiv Post. « On avance centimètre par centimètre, mais je ne pense pas que ça vaille tous les hommes et le matériel que nous y avons consacré. »
Peu importe comment le Washington Post peut être décrit par ailleurs, son commentateur principal sur la politique étrangère des Etats-Unis, David Ignatius, est un idiot. Le pire genre d’idiot… celui qui est très intelligent.
Récemment, nous avons regardé la plus récente version d’A l’ouest, rien de nouveau. C’est l’histoire de la Première Guerre mondiale du point de vue d’un soldat allemand. C’est un film dur à regarder. Tout le monde meure dans la boue.
L’obstination du commandement militaire y est mise en avant. En 1918, alors même qu’une génération entière de la jeunesse d’Allemagne avait déjà été virtuellement éliminée… que « le Peuple » était proche de la famine et que la guerre était clairement perdue… les galonnés insistaient qu’il y aurait une lumière à la fin de ce tunnel. Les Allemands n’auraient qu’à maintenir leur discipline, leur courage… et persévérer, insistaient-ils.
Vraies valeurs ?
Au Viêtnam… en Afghanistan aussi, le thème était le même – comme annoncé par le gouvernement et répété par les médias d’Etat (le New York Times et le Washington Post). La lumière à la fin du tunnel était toujours allumée. (Au Viêtnam, elle ne s’est éteinte que lorsque le journaliste Walter Cronkite est revenu d’une visite sur le terrain en assurant que la guerre était perdue.)
Et aujourd’hui, nous entendons la même rengaine. Voici ce que le porte-parole du Pentagone David Ignatius, prétendant être un journaliste, écrit :
« L’antagoniste le plus téméraire de l’Occident a été ébranlé. L’Otan est devenue bien plus forte avec l’ajout de la Suède et de la Finlande. L’Allemagne s’est sevrée de sa dépendance à l’énergie russe et, de plusieurs façons, a retrouvé son sens des valeurs. »
A quelles valeurs pensez-vous qu’il fasse référence ? Les valeurs prussiennes de 14-18… ou les valeurs nazies de 39-45 ?
Même si les forces armées ukrainiennes n’ont reconquis qu’un kilomètre environ de leur territoire, pour Ignatius, c’est un « été triomphal » pour l’Otan :
« Pour les Etats-Unis et ses alliés de l’Otan, ces 18 mois de guerre ont eu des retombées stratégiques inattendues, à un coût relativement faible (à part pour les Ukrainiens). »
Eh oui. Les dernières estimations nous précisent qu’environ 100 000 soldats sont morts jusqu’à présent, et qu’environ 280 000 ont été blessés. Et les civils ? Nous ne savons pas. Pour le coût purement financier, il s’élève à des milliers de milliards de dollars… personne n’est tout à fait sûr, mais les Etats-Unis, en tant que plus important sponsor du conflit, payera une majorité de son coût. Et comme Madeleine Albright pourrait le présenter si elle était encore en vie, « cela en valait le coût… car nous avons obtenu des ‘retombées stratégiques inattendues’ ».
L’idée derrière nos élucubrations du jour : encore quelques retombées stratégiques comme celles-ci… et nous serons fauchés, cassés et en faillite.
Ce panier de déplorables
Pour mettre cela en perspective, notre opinion est que les élites américaines sont devenues corrompues et qu’elles ont trahi « le Peuple » qu’elles étaient censées servir. Nous n’avons plus un gouvernement « du » peuple, il n’est plus « par » lui », et il n’est plus « pour » lui.
A la place, les élites sont devenues plus riches et puissantes, tandis que le citoyen lambda a mijoté dans un bouillon néfaste – des revenus réels en baisse… une économie qui ralentit… plus de lois et régulations… moins d’influence sur les politiques publiques (malgré la détention d’une majorité des votes)… des prix à la consommation plus élevés et une généreuse portion de mépris en provenance des élites.
Lui, l’électeur lambda, ne pense pas que le gouvernement devrait encourager la multiplication des guerres à l’étranger, ou de plus importants déficits budgétaires (même s’il est content d’obtenir de l’argent quand une partie lui est destinée), ou le racisme, ou une « transition énergétique » qui pourrait ne pas fonctionner. Pour toutes ces vues traditionnelles, il est perçu comme « déplorable ».
Ce n’est pas un accident que les élites soient devenues si riches et puissantes. C’est la politique en vigueur, appliquée par un gouvernement qu’elles contrôlent. Et ce n’est pas une surprise qu’elles croient que la Russie doit être maîtrisée ; il leur faut un ennemi pour justifier les 1 500 Mds$ du budget de l’Empire.
Les taux d’intérêts « trop bas pendant trop longtemps » de la Fed n’ont pas non plus été mis en place pour servir « le Peuple ». Tout le monde savait que des taux au plus bas créeraient assurément de graves problèmes financiers plus tard. Pourquoi la Fed l’a fait ? Parce que cela était bénéfique pour les prix des actifs. Les actifs financiers sont la principale source de richesse pour les élites, mais pas pour les masses.
Il ne devrait pas être plus énigmatique que le gouvernement, plutôt que d’équilibrer son budget, augmente continuellement ses déficits. Ceux-ci lui donnent plus de monnaie à distribuer à ses projets favoris – à destinations de soutiens de connivence et pour soudoyer quelques groupes d’électeurs essentiels à sa victoire électorale.
Tous ces programmes et politiques fournissent de la richesse et un meilleur statut au élites, mais rien de plus que la misère pour les classes moyennes.
Mais attendez.
Dans leur intérêt
Les élites n’ont-elles pas toujours un intérêt à s’enrichir ? Les hommes d’affaires ne sont-ils pas toujours cupides ? Les fonctionnaires ne sont-ils pas toujours enclins à la paresse, l’incompétence et la corruption ? Les gouvernements ne veulent-ils pas toujours activer leur planche à billets ?
Pourquoi, en particulier depuis 1999, l’écart entre les 10% les plus riches et le reste de la population a-t-il tellement grandi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi les médias promeuvent les politiques gouvernementales plutôt que de les questionner ?
David Ignatius a flotté d’une école d’élites à une autre… puis du Wall Street Journal, au Washington Post, en passant par l’International Herald Tribune. Ses pieds n’ont jamais touché le dur sol du vrai travail, payé ses salariés ou satisfait un client. Et maintenant, il n’attaque pas le récit des autorités concernant l’Ukraine ; à la place, il est devenu leur porte-parole. Il ne dit plus la vérité au pouvoir… il donne parole au pouvoir, prétendant que c’est la vérité. Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi n’est-il pas un nouveau Jack Anderson… Edward R. Murrow… ou Walter Cronkite ?
C’est une bonne question… Alors restez à l’écoute ; demain, nous tenterons de parvenir à une réponse.