Les taux d’intérêt restent toujours contenus malgré ce qui arrive à la Turquie. Mais il va être de plus en plus difficile aux banquiers centraux de prétendre que tout est normal.
Par quoi commencer après deux semaines de silence ?
Les fake news, le non-accord sur le Brexit, la Turquie, la chute des monnaies émergentes, l’inflation qui monte aux Etats-Unis, les nouveaux impôts qui ont vu le jour en France cet été, l’euthanasie financière de la veuve française qui ne percevra pas sa pension de réversion, la dette italienne dont le rendement repart à la hausse, le massacre de l’or et de l’argent, les fake rates… ?
L’avantage des vacances, même avec la canicule, c’est qu’elles permettent de se rafraîchir les neurones. Reprendre le Mémorial de Sainte-Hélène et méditer sur les idées surprenantes de Napoléon, repartir pour un Voyage au bout de la nuit avec Céline et se méfier des va-t-en-guerre, se réveiller avec 1984 d’Orwell. Ne plus s’abrutir plus avec les fake news.
Les fake news sont vieilles comme le monde : c’est ce qu’on appelait autrefois la propagande, la désinformation, ou l’intox. Il ne serait même pas venu à l’idée de quelqu’un de bon sens de suggérer de légiférer là-dessus. Mais le bon sens semble avoir déserté notre époque.
En fait, presque tout dans l’actualité politique, économique et financière s’explique avec les fake rates. Contrairement aux fake news, les fake rates sont nouveaux. Ils datent de 1971, de la fin des accords de Bretton Woods. Ils découlent du système monétaire et financier actuel.
Notre système monétaire et financier repose sur une double escroquerie :
- L’administration du monopole de la monnaie est faite dans le souci du bien collectif
- Votre argent en banque est toujours disponible et c’est bien le vôtre
Cette double escroquerie permet le surendettement dans lequel nous vivons. Le système actuel crée son propre argent, son propre crédit à l’infini, selon ses besoins. Il suffit pour que les intérêts de la dette continuent à tomber et que les taux restent bas. C’est pour cela que les banques centrales mettent en oeuvre les fake rates, des taux trafiqués. Ce crédit bidon permet de financer toutes les mégalomanies des Etats-providence et des régimes autocratiques.
La Turquie a abusé des fake rates.
Tant qu’une majorité de gens profite du crédit infini et presque gratuit, tout va bien. Tant que personne ne doute que la dette puisse être infinie, tout va encore bien. Mais dans le cas de la Turquie – qui avait emprunté en dollars – le doute a commencé à s’insinuer…
Pour le moment, personne ne met en doute que l’Italie arrivera à payer les intérêts de sa dette publique avec les taux d’intérêt trafiqués dont elle jouit. L’Italie s’est endettée en euro et ne souffre pas de différence de change, contrairement à la Turquie. Le rendement de la dette italienne dépasse 3%, mais cela reste historiquement très faible. Même au temps de la jeunesse de l’euro, l’Italie empruntait pour bien plus cher, à presque 6%.
Mais l’Italie, comme la France, comme l’Espagne, comme le Portugal, a trop abusé des fake rates prodigués par la Banque centrale européenne…
L’endettement de l’Italie rapporté à la taille de son économie dépasse 130%.
Tout ça pour une maigre croissance et des infrastructures vétustes.
J’assume la cruauté de cette dernière phrase. Il faut être benêt pour croire que la cavalerie de l’endettement public sert à financer des investissements publics ou même à les entretenir.
Avec l’argent public, le Mouvement 5 étoiles avait bien d’autres idées.
Le Figaro du vendredi 17 août :
« En 2014, lors d’un meeting à Rome, Beppe Grillo s’est déchaîné contre ‘la petite fable qu’on nous raconte sur un pont qui pourrait s’effondrer à tout moment’, enjoignant à l’armée d’arrêter les défenseurs du projet. »
Les fake rates sont bons pour les politiques de « redistribution » et bons pour acheter des votes, bons pour gonfler les bulles financières et immobilières, bons pour l’affairisme et le capitalisme de copinage, bons pour la corruption. Ils sont bons pour le pouvoir et ceux qui en sont proches.
Ils sont bien plus dangereux que les fake news…
Evidemment, le crédit infini ne peut exister car son envers, c’est la dette, et notre durée de vie est limitée. Nos descendants ne voudront pas payer pour ce que nous avons consommé. Ils n’accepteront pas notre héritage négatif, ils ne voudront pas couvrir notre passif.
Nous serons obligés de renouer avec une pratique oubliée depuis des milliers d’années : le jubilé des dettes. Certains le feront plus tôt que d’autres mais, tôt ou tard, tout le monde y viendra.
Pour le moment, il n’y a pas encre de signe d’affolement. Le dollar tient la route, l’inflation est jugée « raisonnable » et l’été est jusqu’à présent catastrophique pour l’or.
Les nuages s’amoncèlent sur l’Europe et les pays émergents mais le dollar paraît attractif avec des statistiques économiques américaines flatteuses.
Il est également possible que des pays émergents endettés en dollars aient cherché à rembourser en vendant de l’or. Tout ceci fait chuter les cours.
Au moment du jubilé, toutefois, de la remise à zéro des compteurs de dette, on découvrira que l’or, comme le bitcoin, ne sont la dette de personne et ne dépendent d’aucune contrepartie. Ce sont des actifs binaires : on en a ou pas et il vaudra mieux en avoir pour ne pas sombrer avec un débiteur foireux que ce soit votre banque, votre compagnie d’assurance ou votre caisse de retraite…