La Chronique Agora

Extinction des feux !

transition énergétique, Europe, Ursula von der Leyen

Les sauveurs de la planète vont-ils plonger le monde dans l’obscurité une fois de plus ?

L’Europe est dans une situation délicate. Elle s’y est mise toute seule.

Elle a mis à l’arrêt son économie pendant la crise du Covid. Elle a maintenu ses taux d’intérêt à un niveau bien trop bas, pendant bien trop longtemps. Elle cherche à se débarrasser des combustibles fossiles, dont dépendent son économie et le niveau de vie des européens. Et maintenant, dans le cadre d’une guerre par procuration avec la Russie, elle se prépare à affronter l’hiver – l’allié traditionnel de la Russie.

Les prix à la consommation dépendent presque tous de l’énergie. Et la source d’énergie la plus importante de l’Europe est la Russie. Maintenant que les Russes ont coupé, indéfiniment, le gaz provenant du gazoduc Nord Stream 1, les prix sont à la hausse. Les prix à la consommation en Angleterre, par exemple, devraient augmenter de plus de 20%. Voici que nous apprend Bloomberg :

« La flambée des factures d’énergie menace de mettre six fabricants britanniques sur dix en faillite, selon une enquête qui met à nu l’ampleur de la crise à laquelle est confronté le prochain Premier ministre.

‘La crise actuelle place les entreprises devant un choix difficile’, indique le rapport. ‘Réduire la production ou fermer boutique si l’aide ne leur parvient pas rapidement.’ »

En parallèle, le Sun rapporte :

« Sept pubs sur dix pourraient fermer définitivement cet hiver en raison de la hausse des coûts de l’énergie, selon une enquête.

Des milliers de propriétaires déjà secoués par des fermetures répétées sont au bord du gouffre suite au doublement des prix du gaz et de l’électricité. »

Une autre courbe à « aplatir »

L’Allemagne ferme aussi ses usines. Ses citoyens sont invités à éteindre les lumières, à baisser le thermostat et à se baigner dans l’eau froide. Les Français, quant à eux, prévoient de rationner l’électricité… mais ils se félicitent également de cette occasion de passer aux « énergies vertes », comme s’il était possible de remplacer rapidement le gaz russe par des éoliennes et des panneaux solaires.

Même la Suède, qui a résisté à une grande partie de la folie Covid, a succombé à la propagande anti-russe. Al-Jazeera :

« La Première ministre Magdalena Andersson a averti que la Suède était confrontée à la perspective d’un ‘hiver de guerre’ en raison de la pénurie d’énergie en Europe…

S’adressant aux journalistes, Mme Andersson a déclaré que les garanties [financières] visaient à donner aux groupes énergétiques ‘le répit dont ils ont besoin’. »

Et maintenant, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, déclare que l’UE proposera un « objectif obligatoire de réduction de la consommation d’électricité aux heures de pointe » afin « d’aplanir la courbe ».

La bonne cause

Nous avons aimé utiliser l’électricité, à la demande, quand nous le voulions, toute notre vie. Nous forcer à arrêter, c’est comme de réduire la quantité de produits vendus dans chaque paquet ou faire de l’impression monétaire – une autre forme subtile d’appauvrissement.

Mais c’est pour une bonne cause, non ? Les autorités fédérales affirment qu’une diminution de la production de dioxyde de carbone entraînera une baisse des températures de surface sur la planète Terre. « Cela en vaut la peine », disent-elles. Mais nous ne savons pas encore quel en sera le prix (porter des pulls en hiver… ou 100 millions de morts ?).

Goldman Sachs a publié un rapport au début du mois, estimant les conséquences de la coupure du gaz russe pour les consommateurs européens :

« Selon nous, le marché continue de sous-estimer la profondeur, l’ampleur et les répercussions structurelles de la crise – nous pensons qu’elles seront encore plus profondes que la crise pétrolière des années 1970.

Aux prix à terme actuels, nous estimons que les factures d’énergie culmineront au début de l’année prochaine à environ 500 €/mois pour une famille européenne type, ce qui implique une augmentation d’environ 200% par rapport à 2021. Pour l’Europe dans son ensemble, cela implique une augmentation de la facture d’environ 2 Mds€, soit environ 15% du PIB. »

Des sauveurs de la planète déterminés

Si l’interruption de l’approvisionnement de l’Europe en combustibles fossiles permettra de purger l’air d’une certaine quantité de dioxyde de carbone, nous ne savons pas si un acte particulier de purification fera une quelconque différence. Si nous échangeons notre vieux camion Ford F150 contre un modèle électrique, cela réduira-t-il la chaleur d’un été dans le Maryland d’un centième de degré ? Ou pas du tout ?

Ou resterons-nous assis dans une longue file d’attente pour recharger nos voitures… comme les Polonais qui dorment maintenant dans leurs voitures, dans les mines de charbon, en attendant un sac de ce combustible sale et démodé ? Et nos centrales électriques finiront-elles par fonctionner au charbon, elles aussi, parce que les éoliennes ne pourront plus suivre ?

Nous ne savons pas non plus ce qui se passera si tout se passe « comme prévu ». Disons que nous suivons tous Janet Yellen, et que nous débarrassons le monde de notre dépendance aux combustibles fossiles. Et disons que nous en payons le prix – quel qu’il soit… le doublement du prix réel de la nourriture et de l’énergie… ou peut-être 100 millions de décès prématurés dus au froid ou à la malnutrition (dans des régions du monde où les gens vivent déjà sur le fil du rasoir)…

….et alors, quelle honte ce serait si, en arrivant au bord de l’eau… comme les dizaines de milliers d’innocents de la croisade des enfants en 1212… les mers ne se séparent pas ! Quelle honte si… malgré tous nos sacrifices et nos souffrances… le climat continue de changer. Quelle honte, si la Terre ne se soucie pas vraiment de ce que nous pensons, ou de ce que nous faisons.

Mais ce « nous » cache un grand nombre de choses. Comme tant de grandes campagnes de l’histoire, les coûts risquent de retomber principalement sur les pauvres, les faibles… et les enfants. Le prix de l’énergie pourrait doubler, mais les « décideurs » n’auront pas à expliquer à leurs enfants pourquoi ils ne peuvent pas se payer le chauffage.

Janet Yellen… Ursula von der Leyen… Hillary Clinton – combien d’épargnants de la planète seront obligés de choisir entre nourrir leurs enfants et payer leur loyer ? Ces décideurs feront-ils la queue pour recharger leur voiture électrique… ou faire leur plein d’essence ? Leurs jets privés seront-ils immobilisés ? Leurs cafés latte deviendront-ils inabordables ?

Et puis… quand la campagne visant à diminuer les températures de la planète échouera… le reconnaîtront-ils ? Vont-ils verser des larmes, comme Robert McNamara, admettant finalement que « nous » avions tué un million de personnes au Vietnam pour rien ?

Admettront-ils qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient ?

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