La Chronique Agora

L’événement qui scellera le destin des Etats-Unis

En l’absence d’un changement de cap radical, la dette américaine atteindra 130% de son PIB au cours du prochain mandat présidentiel.

Bloomberg rapporte :

« Le G-7 est confronté à un bilan de 10 000 milliards de dollars alors que le monde s’empresse de se réarmer

Les Etats-Unis et leurs alliés commencent tout juste à accepter l’augmentation considérable des dépenses de défense nécessaires pour faire contrepoids aux armées de la Russie et de la Chine. »

Se réarmer ? Quand est-ce que le pays s’est-il désarmé ? L’industrie américaine de la puissance de feu a reçu de plus en plus d’argent, en termes réels, depuis qu’Eisenhower a réduit le budget militaire après la seconde guerre mondiale. Et maintenant, comme on pouvait s’y attendre, le monde entier se précipite pour « s’armer ».

Quoi qu’il en soit, voici les deux crises les plus prévisibles qui soient : la guerre et la faillite. A l’automne dernier, le Congressional Budget Office a été invité à estimer la croissance de la dette américaine. La question n’était pas anodine.

Des études réalisées par Hirschmann Capital ont montré que lorsque la dette publique atteignait 130% du PIB, elle entraînait toujours – à une exception près – un krach majeur, une dépression, une révolution, un défaut de paiement, une faillite, une hyperinflation ou une autre calamité.

Notre collègue Dan Denning nous en dit plus :

« Hirschmann Capital a montré que depuis 1800, dans 51 des 52 pays où le ratio dette/PIB était supérieur à 130%, le résultat a été soit un défaut de paiement pur et simple, soit une dévaluation de la monnaie, soit un défaut de paiement de facto sous la forme d’une inflation chronique pour faire face aux niveaux d’endettement élevés. La seule exception dans cette étude était le Japon. Son ratio dette/PIB a été très élevé pendant des décennies alors que le pays expérimentait une politique monétaire. »

La raison pour laquelle le Japon n’a pas souffert, comme tant d’autres pays qui ont atteint la barre des 130%, est une question très débattue.

Bien entendu, la date à laquelle les Etats-Unis atteindront 130% de dette/PIB fait également l’objet de débats et de spéculations. Le Congressional Budget Office l’a estimé aux alentours de 2033… ce qui nous laisse quelques années de répit avant que le désastre ne devienne inévitable.

Source : Congressional Budget Office (Bureau du budget du Congrès)

Le Penn Wharton Budget Model suggère que nous atteindrons le niveau de 130% un peu plus tôt, dès 2030, si les taux d’intérêt sont supérieurs de 250 points de base à ceux de leur modèle de référence. Le modèle de base nous indique que si rien ne change (que les taux d’intérêt restent les mêmes, les que les dépenses ne sont pas réduites, et que les impôts ne sont pas augmentés), le ratio dette totale/PIB atteindra 188% d’ici 2050 (310% du PIB d’ici 2050, dans le scénario le plus pessimiste).

Notre propre modèle d’analyse suppose qu’une récession intermédiaire, un armement supplémentaire ou une autre urgence inventée de toutes pièces permettront aux autorités fédérales d’emprunter encore plus que ce que prévoient ces projections. Nous pensons, avec un degré de confiance élevé, que nous atteindrons le point de non-retour de 130% avant 2028… c’est-à-dire avant la fin du prochain mandat présidentiel.

C’est pourquoi cette élection n’est pas un simple concours de beauté présidentiel, dans lequel les électeurs choisissent entre deux vieux fous en fonction de leurs positions sur l’avortement, l’immigration, les puces de silicium ou les sans-abri.

Dans cette élection, il y a quelque chose de plus en jeu. Et aucun des deux principaux candidats n’a la moindre idée de ce que c’est, ou de ce qu’il faut faire pour y remédier. Il s’agit très probablement de l’élection qui scellera le destin du pays.

A moins d’un changement de cap radical, la dette américaine atteindra 130% du PIB au cours du prochain mandat présidentiel. A ce moment-là, il n’y aura plus aucune chance de résoudre « intentionnellement » le problème de la dette. Comme un navire qui n’a plus de courant, le capitaine peut donner tous les ordres qu’il veut, cela ne changera rien : il n’a plus aucun contrôle sur la direction que prend le bateau.

Le capitaine Donald Trump a dirigé ce bateau de 2016 à 2020… et le capitaine Joe Biden était à la barre de 2021 à 2024. En termes de tempérament et de style, les électeurs ne pouvaient pas demander deux candidats plus différents. Joe Biden est un professionnel de la politique, qui va de l’avant. On peut compter sur lui pour s’en tenir aux points indiqués par son téléprompteur, en évitant soigneusement toute idée originale ou pensée honnête. Il fera couler l’argent à flots, comme il l’a toujours fait.

Un homme à faible taux d’intérêt

Donald Trump est différent. Il n’a pas peur de dire ce qu’il pense, ce qui peut être rafraîchissant. Le problème, c’est qu’il ne pense pas beaucoup.

Pour lui, la vie est essentiellement une bataille dans laquelle on gagne en faisant perdre l’autre camp. Et il a tellement confiance en ses propres instincts qu’il n’a jamais pris le temps de développer des idées cohérentes sur la façon dont le monde fonctionne.

Parfois, son instinct est bon. Dans une interview récente, il a appelé Israël à « cesser de tuer des gens ». Et ses limites peuvent être une bénédiction, comme l’a dit l’ancien conseiller à la sécurité nationale John Bolton, Donald Trump « n’a pas le cerveau » nécessaire pour être un dictateur.

Mais il dispose d’un Q.I. suffisant pour ruiner le pays par l’endettement. Son expérience de spéculateur immobilier à effet de levier, refinançant ses biens immobiliers et tablant sur une hausse des prix, a fait de lui un fan des taux d’intérêts au plus bas. Lorsqu’il est arrivé à la Maison-Blanche en 2017, le taux des fonds fédéraux était inférieur à 1%. Pourtant, il voulait des taux d’intérêt encore plus bas, pensant qu’ils stimuleraient l’économie. La baisse des taux a permis à Wall Street et aux promoteurs immobiliers de réaliser davantage de profits, mais a laissé le pays encore plus endetté.

Toujours partisan d’un grand gouvernement, Trump n’a jamais été un conservateur. Il sait ce qu’il veut et ne voit rien de mal à utiliser le pouvoir du gouvernement pour l’obtenir.

C’est peut-être la réponse à la question : si Donald Trump était vraiment un « perturbateur », et s’il existait vraiment un « Deep State », comment pourrait-il entrer à la Maison-Blanche, non pas une seule fois… mais deux fois ? S’il existe vraiment, et si Donald Trump représente vraiment un risque, le Deep State pourrait-il faire mieux pour l’en empêcher ?

Peut-être qu’il n’y a pas d’Etat profond”. Ou peut-être que Trump n’est pas une menace pour lui. Il s’est montré prêt à exécuter ses ordres, en verrouillant l’ensemble des Etats-Unis en 2020. Et pendant qu’il était président, il a ajouté un montant record de 6 700 milliards de dollars à la dette américaine, soit presque autant que l’ensemble de la dette accumulée jusqu’en 2004. D’une certaine manière, Trump est un candidat alternatif parfait pour le Deep State… rassemblant les dissidents derrière lui et les menant vers une voie sans issue.

Trump ou Biden changeront-ils de cap ? Aucune chance. La dette américaine dépassera probablement la barre des 130% du PIB avant la fin de leur mandat. En d’autres termes, quel que soit le candidat pour lequel les américains voteront, ils perdront.

Demain, nous nous pencherons sur le cas de RFK Jr.

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