** Le marché haussier des matières premières pourrait bientôt s’offrir un peu de répit, mais c’est quand même loin d’être terminé. L’inflation fait la loi aux Etats-Unis. La pénurie fait la loi partout sur la planète. Ensemble, ces deux nouvelles lois vont alimenter un boom continu des matières premières.
– Ici, dans le Connecticut enneigé, le Vieux Bonhomme Hiver nous rappelle qu’il n’a pas encore fini sa mission et qu’il est trop tôt pour ranger les mitaines… ou les carnets de chèques. Dans tout le nord-est, les camions de fioul vont de maison en maison pour remplir les cuves. Ici, nos factures de fioul ont augmenté de 30% ou plus pour beaucoup de familles, c’est donc une bonne chose que la Fed ait reconnu l’inflation comme étant un problème…
– Oh là là… se pourrait-il que les pouvoirs de Washington soient plus obtus encore ? L’inflation est là — elle est même là depuis un bon moment. C’est en raison de mauvais choix budgétaires, mais aussi à cause de la croissance mondiale ; le pétrole à 100 $, l’or à 1 000 $, les haricots à 13 cents et le maïs à 5 $ en sont le résultat. Bienvenue dans la nouvelle réalité.
– Le vieux proverbe qui dit que "le remède contre la hausse des prix, c’est la hausse des prix" est complètement faux en ce moment. Hier soir, je regardais de vieilles images de l’émission de Larry Kudlow (Kudlow & Co.) à laquelle j’ai participé en mai 2006. L’or se vendait alors à 658 $, je crois, et le pétrole dans les 60 $. Ah, le bon vieux temps…
– A cette époque-là, j’ai tenu bon, et je lui ai dit : "achetez maintenant".
– "Acheter quoi ?" m’a demandé Larry Kudlow (selon qui les conditions du moment étaient "un séisme").
– "Tout", lui ai-je répondu. Il avait l’air perplexe, alors je lui ai dit : "ce n’est pas un séisme, c’est une chance unique".
– Et j’avais tellement raison — c’était la chance d’une vie.
– Il arrive que les tendances soient si évidentes qu’elles hurlent presque : "hé mec ! Achète-moi tout de suite !" Mais c’est parfois beaucoup moins clair.
** J’ai été assez direct en disant que l’éthanol de maïs n’est pas une solution à long terme, et qu’il a sans aucun doute des effets secondaires. Pourtant, l’éthanol continue de faire la loi aux Etats-Unis, et bien que sa production soit déjà énorme, elle ne fait que croître.
– Les nombres chancèlent à tous les niveaux. La production d’éthanol aux Etats-Unis a augmenté de manière exponentielle ces dernières années ; selon l’USDA, elle est passée de moins de "trois milliards de gallons en 2003 à plus de six milliards de gallons en 2007. On prévoit une expansion continue dans cette industrie — particulièrement dans les prochaines années –, qui dépassera peut être les 12 milliards de gallons en 2010".
– Ces projections tiennent compte des crédits d’impôts offerts aux mélangeurs d’éthanol et du maintien du tarif de 54 cent par gallon d’éthanol importé. Un accroissement de la production d’éthanol signifie, bien évidemment, une plus grande consommation de maïs. L’éthanol, qui consomme déjà plus de 20% des cultures de maïs aux Etats-Unis, consommera près d’un tiers de la production du pays d’ici 2010 !
– Si vous éliminez un tiers de l’offre de quoi que ce soit, les prix vont forcément grimper. En d’autres termes, le prix du maïs ne baissera pas tant que le gouvernement américain continuera de subventionner l’éthanol. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Dans l’anatomie agricole, l’os du maïs est connecté à l’os du blé et à l’os de la sécheresse, sans oublier l’os de la demande mondiale croissante.
– Pour dire cela en d’autres termes, l’augmentation du prix du maïs oblige les agriculteurs à cesser la culture d’autres produits tels que le blé ou le soja, et cela fait chuter l’offre de ces produits. Ajoutez à ça une petite sécheresse et une demande importante, et hop, voilà un marché explosif pour les produits agricoles.
– C’est vrai : une grande quantité d’argent spéculatif a été récemment injectée dans ces marchés. Une correction brutale peut donc se produire à tout moment. Mais à long terme, le marché haussier des matières premières agricoles devrait continuer sur cette voie encore un moment.