Confiné en Argentine, Bill Bonner se voit couper les vivres : va-t-il lui falloir manger des animaux de compagnie ?
Pauvres Castor et Pollux. Les deux éléphants du Jardin d’acclimatation de Paris ont été tués en 1871. Les secours ne sont pas arrivés à temps. Les Parisiens désespérés – après quatre mois de confinement – les ont mangés.
Les grands restaurants ont élaboré des entrées à base de tête d’âne et du civet de kangourou. Les gens du peuple, quant à eux, devaient se contenter de côtelettes de chien et de saucisses de rat.
Les Parisiens étaient encerclés par l’armée allemande – ou, pour être plus précis, par les armées de Prusse, de Saxe, du Wurtemberg, de Bade et de Bavière ; l’Allemagne n’existait pas – qui assiégeait Paris.
Quant à nous, voilà six mois que nous sommes confiné en Argentine, encerclé par le virus Sars-CoV-2.
Nous sommes arrivé en mars, prévoyant de repartir en avril – suite à quoi les frontières ont été fermées. Nous avons repoussé notre départ à juin… puis juillet. Nous visons désormais novembre.
Heureusement, nous avons des centaines de vaches, moutons et chèvres ; pas besoin de tuer d’animaux de compagnie – pour l’instant.
Sous clé
Depuis quelques jours, cependant, l’étau se resserre. Nous ne recevons plus de ravitaillement de la ville de Salta.
La stratégie locale était la même que celle des Etats-Unis – contrôler le virus en fermant boutique, en mettant des masques, en restant chez soi, en mettant l’économie sur pause et en espérant qu’un « vaccin » soit rapidement découvert afin que nous puissions tous revenir à la normale.
Cela s’est révélé être une stratégie populaire… mais pas très efficace.
Un virus peut attendre. Fermer les portes laisse une population vulnérable, intouchée par le virus, enfermée à l’intérieur… prête à être violentée.
On ne peut pas rester éternellement sous clé. A mesure que les portes se rouvrent, le Covid entre… comme les féroces Huns marchant dans Paris.
Après avoir déconfiné… progressivement… avec hésitation… puis d’un seul coup, une série de cas a été découverte dans la capitale régionale, Salta.
Les gens se sont remis en mode panique. Les routes sont à nouveau barrées. Dans la ville, on pouvait sortir… un jour sur deux seulement. Dans notre coin perdu de la vallée de Calchaquí, aucun visiteur venant de la ville n’est autorisé.
Mortel visiteur
Hélas, les fermes d’ici dépendent de la ville pour leur carburants, pièces détachées, semences, produits chimiques… vétérinaires – tout. Sur les six derniers mois, nous avons pu maintenir une équipe au travail sur nos nouvelles granges… nettoyant les champs… et installant l’irrigation. Mais, depuis quelques jours, le travail s’est interrompu.
« Nous avons besoin de ciment… et de fil de fer », a expliqué l’intendant. « Et on ne reçoit pas de livraisons de Salta. »
Vendredi, un géomètre a réussi à infiltrer les barricades et s’est présenté à la maison. Il avait été envoyé pour préparer une carte du système d’irrigation.
Les autochtones – qui savent, grâce à six mois de couverture médiatique ininterrompue, que ce virus est un tueur sans pitié – ont paniqué.
« Il doit partir », a dit l’une des femmes.
« Eh bien, il travaille dans les champs… tout seul. Il ne causera pas de problèmes », avons-nous répondu. « Enfin, ne l’invitez pas à déjeuner. »
« Mais il va bien falloir lui donner quelque chose à manger ! »
« Peut-être pourrait-il s’asseoir seul à sa table… dehors. »
En fin de compte, nous sommes tombés d’accord sur un compromis. Il s’est installé à une table séparée, mais à portée de voix.
« Oh, je sais bien que tout le monde a peur d’attraper le virus, ils ne veulent pas que je m’approche d’eux », a expliqué le pestiféré. « Mais j’ai déjà eu le coronavirus. Ce n’était rien, juste un rhume. »