Les autorités mondiales ont mis en place un système où la planche à billets a remplacé l’épargne et le risque. Les classes moyennes sont les premières victimes.
13 400 Mds$ de dettes souveraines mondiales se négocient à des rendements négatifs. Plus de la moitié de la dette publique européenne est classée dans cette catégorie infiniment paradoxale. Au total, 40% de la dette mondiale produit actuellement des rendements négatifs.
Les obligations sont des emprunts.
Un gouvernement a besoin d’argent pour X, pour Y et pour Z mais ses recettes fiscales actuelles ne suffisent pas.
Il se présente donc sur le marché financier avec sa sébile et il mendie, il demande de l’argent et en échange, il offre une promesse de rembourser un jour. Ces promesses, on appelle cela les obligations.
Pour aller chercher des investisseurs, il faut que le gouvernement offre de beaux rendements. Et les obligations à long terme nécessitent plus de rendement que les obligations à court terme.
Les investisseurs consentent à ne pas dépenser leur argent pendant des années et des années, il faut donc les dédommager. Parfois pendant des décennies.
L’avenir est dangereux
L’avenir est incertain, tout est fragile… et périlleux.
Et si le gouvernement émetteur faisait défaut sur ses dettes ?
Et s’il y avait des guerres ?
Et s’il y avait, comme on dit, des chocs ?
Et s’il y avait des révolutions ?
Que se passerait-t-il si une calamité s’abattait dans la période et diminuait la valeur de ces obligations ou la capacité du gouvernement à les rembourser/honorer, comme en Grèce par exemple ?
Le rôle de l’inflation
Il faut également tenir compte de l’effet de l’inflation au fil des ans. Les banques centrales ne cessent de répéter que les prix ne montent pas assez et qu’il faut accélérer l’inflation ; elles parlent de rechercher des inflations supérieures à 2% l’an.
L’inflation grignote la valeur de la monnaie – et le pouvoir d’achat des obligations s’effrite comme avec les termites dans les vieilles maisons… comme elles ont grignoté la matière grise et la conscience morale dans le crâne des politiciens de tous bords.
Les investisseurs doivent donc exiger une compensation pour leur abstinence – mais aussi pour la dépréciation future de la monnaie et pour tenir compte des risques, des probabilités de désastres.
Le monde a fonctionné sur ces bases pendant des millénaires, avec l’épargne d’un côté et une rémunération de cette épargne de l’autre.
L’épargne est nuisible !
Et voilà que l’on nous dit que dans les temps modernes on n’a plus besoin de l’épargne, qu’elle est un mal, qu’elle est inutile et qu’il faut lutter pour la réduire voire la faire disparaître !
L’épargne est le mal économique par excellence car elle ampute la consommation, nous dit-on.
Quand on économise, on ne consomme pas assez, soi-disant. Mais tout en affirmant que l’épargne ne sert à rien et qu’il ne faut pas être prévoyant, qu’il ne faut pas préparer l’avenir, on dit qu’il faut investir. On chante la gloire de l’investissement, moteur de la croissance, de l’emploi et de la distribution de revenus.
Comment investir si on ne met pas de côté les ressources pour le faire ? Comment planter le blé, qui va faire la prochaine récolte si on n’a pas épargné des grains de blé lors de la récolte passée ?
Réponse : pour investir, il faut épargner. Rien ne se perd, rien ne se crée… et si on n’a pas besoin de l’épargne, si on peut s’en passer, c’est parce que l’on a trouvé un stratagème. Ce stratagème, c’est la planche à billets, c’est le crédit tombé du ciel sans contrepartie, c’est l’activité bancaire fractionnaire dérégulée.
Les banques ont cessé de prêter de l’argent qu’elles avaient reçu en dépôt ; elles prêtent de l’argent qu’elles créent elles-mêmes, de l’argent tombé du ciel.
Les banques ne sont plus les intermédiaires qui mettent en relation les épargnants /prêteurs et les investisseurs/débiteurs. Elles ont confisqué cette fonction essentielle, base de nos sociétés, la fonction épargne/investissement.
On a créé sans le dire, sans voter, un nouveau système dans lequel on a retiré le pouvoir aux épargnants – c’est-à-dire aux classes moyennes – pour le donner aux banquiers – c’est-à-dire aux ultra-riches, aux kleptocrates, aux ploutocrates alliés aux gouvernements, à leurs ponctionnaires et à leurs clowns des médias.