A New York, Macron a reçu le Global Citizen Award avant d’annoncer à l’ONU la reconnaissance d’un Etat palestinien – un geste applaudi par 153 pays mais qui met Trump en colère à la veille de ses négociations sur Gaza.
Macron est allé recevoir le 25 septembre son prix Global Citizen Award par l’Atlantic Council (think tank américains), qui lui a été remis par Larry Fink, le patron de BlackRock, dont notre président incarne le rôle de fondé de pouvoir.
Il a bien travaillé, d’ailleurs. De sa supervision des affaires économiques à l’Elysée, puis à Bercy, puis en tant que chef d’Etat, il a laissé plus de 1 600 entreprises françaises être rachetées entièrement ou à au moins 50 % par des fonds américains, notamment des start-up prometteuses ou des entreprises de niche très impliquées dans notre défense nationale (pourriez-vous citer une seule entreprise américaine liée au Pentagone rachetée par une firme russe ou chinoise ?).
Cette anecdote nous mène à l’information principale : ce Global Citizen Award lui a été décerné à New York, et ce n’était pas le principal motif de son déplacement. Il s’est rendu à l’ONU, au sud de Manhattan, pour prononcer le discours qui officialisait – au nom de la France, mais sans aucun débat à l’Assemblée – la reconnaissance d’un Etat palestinien.
Emmanuel Macron est convaincu que cette reconnaissance mettra fin à la guerre à Gaza et aux troubles dans les territoires de Cisjordanie, ainsi qu’à l’influence politique du Hamas, dont il appelle d’ailleurs à la dissolution (qu’en pensent nos « alliés » qataris ?).
Trump est furieux de cette prise de position française (ou espagnole, ou scandinave), et il en va de même pour 153 pays qui ont annoncé à l’ONU la reconnaissance de la Palestine et d’une « solution à deux Etats », qui n’est rien de moins que celle dont les Etats-Unis sont à l’origine mais qu’ils s’abstiennent de faire appliquer depuis que Benjamin Netanyahu est aux affaires (et cela date du début des années 1990).
Trump et Blair affirment que la reconnaissance de la Palestine n’est pas la priorité et qu’il faut d’abord mettre un terme aux combats (mais pas avant que le « nettoyage » ne soit terminé à Gaza et que le Hamas ait libéré les otages).
Une fois le Hamas réduit à l’impuissance, les Etats-Unis appuieraient l’instauration d’une administration (internationale mais dominée par les pays arabes) de Gaza pour sa reconstruction ; alors seulement s’ouvrirait la voie d’une solution politique.
Le mercredi 24 septembre, Donald Trump avait détaillé son plan en 21 points pour mettre fin à la guerre dans l’enclave palestinienne lors d’une réunion multilatérale avec les dirigeants de huit pays (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Egypte, Jordanie, Turquie, Indonésie et Pakistan) : « C’est ma réunion la plus importante, la prochaine étape serait une rencontre avec Netanyahu. » (Ce dernier est invité à la Maison-Blanche ce lundi 29 et mardi 30 septembre.)
Dans un communiqué publié sur son réseau Truth Social ce dimanche, Trump promet « quelque chose de spécial » au Moyen-Orient : « Nous allons y arriver. »
Le plan qu’il compte faire adopter par Netanyahu a, en réalité, été imaginé par Tony Blair, auteur du concept « GITA » (Gouvernance internationale et sécurité renforcée).
Cette autorité transitoire serait créée par une résolution de l’ONU (que Donald Trump méprise profondément, sauf si cela sert ses desseins) : elle disposerait d’un conseil de 7 à 10 membres (dont un représentant palestinien, un haut responsable de l’ONU et une forte représentation musulmane pour garantir la légitimité régionale).
La GITA aurait autorité suprême sur Gaza, avec des compétences en gouvernance civile, reconstruction, aide humanitaire et sécurité.
Mais lors de la réunion du 24 septembre, une absence a été remarquée : celle du prince héritier Mohammed ben Salmane ; ainsi qu’à l’ONU, lors du discours de Macron (même si la délégation saoudienne a applaudi son discours). Riyad garde ses distances avec la France et suit, sans trop s’impliquer, la ligne américaine, qui demeure trop pro-Netanyahu.
Car les relations entre Ben Salmane et Netanyahu sont au point mort, la confiance totalement détruite, tout comme avec la Turquie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec Israël et interdit son espace aérien aux avions d’El Al.
Et la question qui reste en suspens est : de quel poids peut peser Macron au cas où la solution Blair/Trump s’impose avec l’appui de l’ONU et des pays arabes, et quelle suite l’hôte de la Maison-Blanche va-t-il donner au camouflet du président français ?
