La Chronique Agora

Enfermez-le ?

Donald Trump, Etats-Unis

Les Etats-Unis se rapprochent encore un peu du statut de république bananière…

Enfermez-le !

Voici ce que publiait le New York Times en décembre 2022 :

« La femme politique la plus puissante d’Argentine reconnue coupable de fraude.

La vice-présidente du pays, Cristina Fernández de Kirchner, a été condamnée à six ans de prison et à l’interdiction d’exercer une fonction publique, pour avoir attribué des contrats de travaux publics à un ami de la famille.

L’affaire sera très probablement entendue par la Cour suprême d’Argentine. En attendant, Mme Kirchner peut continuer à exercer ses fonctions.

Sans siège au Congrès, Mme Kirchner perdrait l’immunité qui la protège d’une arrestation, ce dont elle est parfaitement au fait. ‘Mettez-moi en prison’, a-t-elle déclaré. »

Trois mois plus tard, un autre article faisait la une du même journal :

« Donald Trump est inculpé à New York.

M. Trump sera le premier ex-président à faire face à des accusations criminelles. Les charges précises ne sont pas encore connues, mais l’affaire porte sur le versement d’une somme d’argent occulte à une star du porno durant sa campagne de 2016. »

L’une des caractéristiques des républiques bananières est que le système judiciaire est utilisé comme un gourdin pour frapper les opposants politiques. C’est l’une des raisons pour lesquelles les politiciens – tels que Danny Ortega au Nicaragua ou Cristina Kirchner en Argentine – s’accrochent au pouvoir si longtemps, allant même jusqu’à faire arrêter des opposants sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, afin d’éviter de perdre une élection. Lorsqu’un homme politique perd le pouvoir, ses opposants prennent le contrôle du système judiciaire et s’en prennent à lui.

La fuite en avant

Depuis de nombreuses années, les Etats-Unis s’acheminent vers le statut de république bananière… et à chaque pas qu’ils font, ils marchent sur une nouvelle peau de banane.

Mais les Etats-Unis n’ont pas de bananes. Presque tout ce qui est dit sur Donald J. Trump est clownesque et faux, y compris les accusations portées contre lui. Même selon les critères d’une république bananière, l’accusation portée contre lui s’apparente à une escroquerie.

Les démocrates détestent Trump ; ils prétendent qu’il représente une menace pour leur pouvoir. Mais il n’est pas menaçant et ne l’a jamais été. Au lieu de cela, le Donald se prend au jeu – en agissant comme un idiot, en se faisant des ennemis parmi tous les grands et les bons – mais il n’est pas un vrai perturbateur.

Oui, il fulmine et s’en prend au FBI, au Pentagone, aux membres du Congrès – républicains et démocrates – à l’Otan, au commerce avec la Chine, au New York Times… et ainsi de suite. Mais tout cela n’est que du bruit.

Les deux clés du pouvoir des élites d’un empire lent et dégénéré sont la guerre et l’inflation ; Donald Trump a toujours soutenu les deux… avec de fortes augmentations du budget du Pentagone… et les plus fortes augmentations des dépenses publiques de l’histoire.

Néanmoins, alors que les démocrates font semblant de le détester, les républicains l’apprécient sous de faux prétextes. Ils le considèrent comme un « conservateur », alors qu’il n’a rien de conservateur.

Il favorise l’argent facile. Il s’oppose au libre-échange. Il fait pression sur la Fed pour qu’elle abaisse les taux d’intérêt et sur le Congrès pour qu’il dépense plus d’argent. Sur les questions « culturelles » également, il n’est pas conservateur… comme le montrent les accusations qui le touchent aujourd’hui. Un vrai conservateur n’aurait qu’une ou deux maîtresses tout au plus.

Même la réputation de Trump en tant qu’homme d’affaires avisé est en grande partie fausse. Ses spéculations immobilières ont fait faillite à six reprises entre 1991 et 1992. Puis, lorsque les prix de l’immobilier commercial new-yorkais ont augmenté (grâce aux taux ultra-bas de la Fed), sa fortune s’est également accrue. Mais, aujourd’hui, alors que les taux d’intérêt et le nombre de logements vacants augmentent, le coût du refinancement de sa dette augmente également.

Une crise de l’immobilier commercial est susceptible d’être la prochaine chose à frapper les banques. Il est également probable qu’elle touche Donald Trump.

Le crime et l’impunité

En fin de compte, Trump parle fort sans pour autant avoir d’idées fixes ou authentiques sur la manière dont un gouvernement devrait fonctionner. Cela fait de lui une cible facile pour les vraies puissances du Deep State. N’ayant pas de boussole, il va dans la direction qui lui oppose le moins de résistance.

Mais que se passe-t-il ? Ses ennemis essaient-ils de l’achever avec 34 chefs d’accusation – des délits – pour de « fausses écritures comptables » ? Ou bien ses alliés essaient-ils de discréditer ses adversaires ?

Difficile de le savoir. L’affaire est une pure distraction. Trump a eu des liaisons. Il a tenté de les dissimuler en versant des pots-de-vin. Mais quel est le crime, au juste ? Mme Kirchner a détourné des millions de dollars d’argent public… qui ont fini sur ses propres comptes. Voici un extrait de l’article de presse qui détaille l’histoire :

« L’un de ses co-accusés, Jose Lopez – ex-secrétaire aux Travaux publics sous les deux gouvernements Kirchner […] a été surpris en 2016 en train d’essayer de cacher cinq sacs contenant 9 M$ et un fusil semi-automatique dans un couvent… »

Ca, c’est un vrai crime. Elle a volé l’argent des contribuables. Qu’a fait M. Trump ? En théorie, son « crime » est d’avoir remporté l’élection de 2016 en se présentant frauduleusement comme un homme honnête. En d’autres termes, il a « caché » son passé par de petites transgressions administratives afin de tromper les électeurs et de les inciter à voter pour lui.

C’est tout ? C’est tout ce qu’il y a contre lui ? Apparemment, oui. Mais un seul électeur a-t-il été trompé ? Y avait-il un seul individu aux Etats-Unis qui ne savait pas, en novembre 2016, que les politiciens mentent aussi souvent que la plupart des gens respirent… qu’ils essaient tous d’étouffer des révélations embarrassantes… et que Donald J. Trump était une ordure ?

D’ailleurs, son adversaire d’alors, Hillary Clinton, a payé une amende de plus de 100 000 $ pour avoir effacé 30 000 courriels et avoir ensuite menti au FBI à ce sujet… tandis que son mari avait également menti au sujet d’une liaison, alors qu’il était à la Maison Blanche, rien de moins. Aucun d’entre eux n’a été inculpé d’un crime.

Ainsi, le dossier contre Trump s’inscrit dans la lignée des autres grands contes de fées de notre époque… les armes de destruction massive… le Russiagate… « 2 semaines pour arrêter le virus »… le « yacht de location qui a détruit Nord Stream II »….

… et les bananiers qui poussent le long de Pennsylvania Avenue.

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