La Chronique Agora

Encore plus de relance !

pluie de billets

La relance échoue à engendrer de la vraie croissance mais plus elle échoue, plus on en veut, plus les riches s’enrichissent.

Oui, la théorie de la relance – qui veut que le crédit bon marché et l’argent facile nous rendent plus riches – est une escroquerie.

Cela ne la rend pas moins populaire. Au contraire… c’est un programme gouvernemental classique : comme la guerre contre les drogues ou la guerre contre la terreur… plus il échoue, plus il réussit.

Plus la relance échoue à engendrer de la nouvelle croissance… plus les gens veulent que les autorités « fassent quelque chose » pour réparer la situation.

Et que peuvent-elles faire ? Relancer !

A présent, le New York Times et l’équipe Trump sont du même avis. Tous deux veulent plus de relance. Le New York Times :

« … La Fed aurait dû maintenir les taux d’intérêt plus bas sur une plus longue période après la récession de 2008 afin d’engendrer une relance économique nettement plus vigoureuse… Elle devrait se montrer un peu moins frileuse quant à l’inflation la prochaine fois que l’économie a besoin de son aide ». 

Combien de mauvaises idées peut-on mettre en une seule phrase ? Nous n’en savons rien, mais le New York Times a fait de son mieux.

Le journal pense savoir comment gérer une économie par le biais de la politique monétaire… il est certain que la Fed n’a pas assez stimulé (3 600 Mds$ n’étaient pas assez !)… il croit connaître le bon taux d’inflation (2% ou plus)… et est d’avis que la Fed aide vraiment l’économie (où sont les preuves ?).

Une escroquerie colossale.

Comme nous l’avons vu hier, la relance n’a pas fonctionné pour Trump. Rien que sa baisse d’impôts de l’an dernier a coûté 180 Mds$.

Résultat ? Il semble qu’il ait obtenu une poussée temporaire des dépenses qui a désormais pris fin. Dépenses de consommation, emploi, PIB – tous baissent. La dette fédérale augmente désormais à près de deux fois le rythme du PIB.

Nous pourrions passer en revue toute la période d’après-crise de ces dix dernières années et voir la même chose – de gigantesques quantités de relance, peu de croissance réelle.

La Fed a injecté 3 600 Mds$ de nouvel argent factice. Le gouvernement fédéral a accumulé quelque 11 000 Mds$ de déficits.

Résultat : la reprise la plus faible jamais enregistrée. Le PIB américain est passé de 15 000 Mds$ en 2008 à 20 000 Mds$ en 2018, tandis que la dette fédérale a augmenté de 9 000 Mds$ en 2008 à 21 000 Mds$ dix ans plus tard – soit environ deux fois plus rapidement.

Des conséquences perverses

Nous avons déjà expliqué pourquoi cela ne fonctionne pas.

En deux mots, distribuer de l’argent n’encourage pas les gens à travailler plus dur. Donnez de l’argent au boulanger, il cesse de cuire du pain. Donnez de l’argent à l’instituteur, il prend une retraite anticipée.

Donnez de l’argent à l’entrepreneur – sous la forme de prêts à taux négatifs – et il commence à réfléchir aux moyens d’utiliser cet argent gratuit pour des rachats d’actions, des fusions, des acquisitions, des bonus…

Et on parle de vrai argent ! Le genre d’argent qu’on gagne en fournissant un produit ou un service… le genre d’argent qui représente de la richesse réelle et enrichit le monde.

Les autorités n’ont pas cet argent. Elles ont accumulé des déficits de plusieurs milliers de milliards de dollars, rappelez-vous. Elles relancent donc avec de l’argent factice. Et cela crée toute une nouvelle série de conséquences perverses.

Lorsque les autorités taxent du véritable argent, elles le prennent à quelqu’un qui l’a gagné.

Le contribuable a peut-être gagné 30 000$, par exemple, et avait l’intention de l’utiliser pour s’acheter une voiture. Les autorités prennent cet argent… et le donnent à quelqu’un d’autre, qui achète la camionnette. Au moins est-ce un vol transparent et honnête !

Dans le cas présent, les autorités ne prennent pas de vrai argent aux contribuables. Elles distribuent de l’argent factice. Personne ne l’a jamais gagné. Il ne représente aucune ressource – pas de produits ni de services.

Le type qui reçoit l’argent factice se présente chez le concessionnaire avec 30 000$. Idem pour le quidam ayant vraiment gagné son argent.

Comme nous l’avons vu, l’argent de la relance ne fait pas naître une nouvelle voiture comme par magie. Les deux acheteurs se font donc concurrence pour la seule et unique voiture produite.

Résultat ? Les prix grimpent, dérobant la richesse réelle tant aux contribuables qu’aux consommateurs.

Le New York Times s’inquiète qu’une cible d’inflation à 2% soit trop basse – comme s’il pouvait le savoir ! Mais ce n’est qu’une partie supplémentaire de l’escroquerie.

Le Bureau des statistiques de l’emploi falsifie les chiffres. Il décrète que le prix d’une voiture n’a pas grimpé depuis des décennies.

Certes, la voiture coûte plus cher, admet-il, mais elle a des airbags, des sièges électriques, la climatisation et ainsi de suite. Avec ces ajustements « hédonistes », on dirait que l’ancienne voiture et la nouvelle sont au même prix.

C’est faux. L’actif principal du travailleur, c’est son temps. Il ne peut pas le falsifier. Il ne peut pas lui apporter d’ajustements hédonistes. Le temps se contente de s’écouler… jour après jour… et quand il n’y en a plus, il n’y en a plus.

Dépouiller les travailleurs pour récompenser les riches

Aujourd’hui, le travailleur moyen met deux fois plus de temps à gagner l’argent nécessaire pour s’acheter une voiture qu’il y a 40 ans.

Pareil pour une maison. La maison moyenne est peut-être plus grande et plus confortable, mais elle est aussi plus chère, coûtant au travailleur moyen deux fois plus de temps qu’avant.

Nous pouvons aussi voir ce qu’il en coûte à un travailleur d’entrer dans les rangs des capitalistes : combien d’heures devrait-il travailler pour acheter, disons, les 30 actions du Dow ?

Là encore, la relance a dépouillé le travailleur et récompensé les riches.

Les autorités ont sorti plus d’argent factice ; mais la valeur réelle des entreprises ne grimpe pas simplement parce que les autorités impriment des milliards de dollars de fausse monnaie. La seule chose qui a grimpé, c’est leur prix.

En 1978, le salaire horaire moyen était de 7$ environ. Il est désormais de 22$… soit un peu plus du triple. Mais le Dow en 1978 se situait aux alentours des 800. Il dépasse aujourd’hui les 26 000.

Ainsi, il y a 40 ans, en moins de trois semaines de travail, un ouvrier ordinaire pouvait devenir propriétaire des plus grandes entreprises américaines. Aujourd’hui, il lui faut travailler près de 30 semaines – 10 fois plus – pour le même plaisir douteux.

Pourtant, selon le président de la Fed, Jerome Powell, l’inflation basse est « l’un des principaux défis de notre époque ». Et le New York Times est quant à lui d’avis que moins de 2% est « le signe de performances économiques insuffisantes ».

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile